M.B.A./Economiste financier, ancien Sherpa de l’Union africaine et du NEPAD, membre du Groupe d’Etudes sur l’Efficacité de l’Aide de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economiques (OCDE) et membre du Comité Consultatif de l’Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest sur les Partenariats Public-Privé, Modibo Mao Makalou s’exprime sur la grève de 5 jours de l’UNTM. Selon lui, elle va engendrer un manque à gagner pour l’économie malienne de 150 à 200 milliards de FCFA.
Le Témoin : Quels sont les impacts de la grève de l’UNTM sur le fonctionnement de l’Etat et de l’économie ?
Modibo Mao Makalou : Une grève générale de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) de 5 jours paralysera l’économie du pays qui était déjà fragilisée par les crises sécuritaire et sanitaire auxquelles s’ajoutent une crise économique, alimentaire, humanitaire et maintenant politique et sociale. L’État avait déjà un manque à gagner d’environ 500 milliards FCFA en juin 2020. Avec la grève de 5 jours de l’UNTM, le manque à gagner pour l’économie malienne pourrait se situer entre 150 et 200 milliards de FCFA. N’oublions surtout pas que c’est très facile de mettre une économie à l’arrêt et assez difficile de la refaire démarrer.
Le Témoin : Est-ce que l’Etat malien a les moyens de satisfaire les doléances de l’UNTM ?
Modibo Mao Makalou : L’État ne pourra pas satisfaire toutes les doléances de l’UNTM mais le plus important c’est que les protagonistes se retrouvent autour de la table de négociation pour négocier afin de trouver un terrain d’entente pour le bonheur des populations maliennes.
Le Témoin : Pouvez-vous nous parler du projet d’ordonnance portant loi de finances 2021 adopté le mercredi 16 décembre 2020 ?
Modibo Mao Makalou : Selon le projet d’ordonnance de loi de finances 2021 adopté en Conseil des Ministres, le mercredi 16 décembre 2020, les dépenses budgétaires diminueront de 56 milliards FCFA tandis que les ressources budgétaires augmenteront de 9 milliards FCFA en 2021.
Le déficit budgétaire en 2021 sera de 653 milliards FCFA contre 719 milliards FCFA en 2020. Il sera donc difficile, en tenant compte du contexte actuel, de répondre positivement aux augmentations des dépenses de fonctionnement de l’État qui engloutissent environ 80 % des recettes fiscales qui sont en baisse considérable, le taux de pression passant de 15,5 % en 2019 à environ 10% en 2020.
Propos recueillis par Amidou KEITA