Leadership féminin, quels enjeux ? : Me Kadidia Traoré, Avocate à la Cour « … nous sommes victimes d’une jurisprudence constante. »

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Me Traoré qui a engagé un combat sans merci pour la cause des femmes veuves et les orphelins. La bravoure, le courage, la détermination et l’abnégation de cette dame aux grandes qualités humaines doivent être un exemple à suivre pour toutes les femmes inspirées en ce mois de mars consacré à la femme. Après plusieurs années de combat juridique, la réalité révèle qu’il n’y a que des jurisprudences constantes contre les femmes dans le pays et
les solutions pertinentes tardent à être appliquées pour le véritable progrès et l’équité sociale. Voici en quelques lignes le constat de Me kadidia Traoré.

Nouvelle Patrie : Me bonjour, présentez-vous à nos lecteurs ?
Me KadidiaTraoré :
je me nomme Kadidia Traoré, avocate défenseuse des droits depuis des décennies en République du Mali, singulièrement ceux des femmes.

NP : Quand on vous demande de faire l’état des lieux sur la situation sociale des femmes du Mali
KT :
Je vous remercie de me donner l’opportunité de jeter un regard rétrospectif sur la situation des femmes, lors de ce mois de mars 2015 mois dédié à la femme. D’emblée, je m’attaque au fait que bons nombres d’instruments dit de conventions juridiques et judiciaires ont été signés et  ratifiés en faveur des femmes et jusqu’ici on ne sent rien comme effet dans l’arsenal de la justice dans notre pays, quand on sait qu’elles constituent la majeure partie de la population. Ces documents en question, censés rendre les femmes plus émergentes et plus compétentes socialement, peinent à jouer pleinement leurs rôles.
C’est d’ailleurs l’une des raisons des violences faites aux femmes, de la marginalisation des femmes au niveau de l’administration et leur faible représentation dans les instances de décision publique. Bref, elles sont incomprises. Aussi nous avons une législation, une religion et une coutume, la synergie de tous ses dispositifs arrangent à peine la femme dans la vie de foyer quand on sait la que famille repose sur la législation nationale. En résumé, elles sont victimes d’une jurisprudence constante.

NP : Pouvez-vous nous citer quelques-uns de ces documents signés et ratifiés ?
KT :
Il y a ce qu’on appelle le protocole de Maputo, la convention portant sur l’élimination de toutes sortes de violences faites aux femmes et des résolutions en faveur de l’insertion des femmes etc.…

NP : Quels sont les cris de cœurs des femmes à l’encontre du nouveau régime?
KT
: Les cris de cœurs à la lumière du changement de régime n’ont pas connu une grande amélioration. A titre d’exemple, lorsque la Constitution parle d’égalité entre hommes et femmes, cela ne se sent pas en pratique. Le taux de représentativité des femmes dans les instances de prise de décision demeure toujours faible. Jusqu’ici dans nos familles, les filles et garçons ne sont pas éduqués ou scolarisés de la même façon, dommage que nous constatons un léger avantage du garçon sur la fille. Le cri de cœur va en reculant.

NP : Vous en tant qu’avocate quels sont les dossiers juridiques que vous rencontrez dans votre cabinet concernant les femmes ?
KT
: Les dossiers que nous rencontrons très souvent, c’est par rapport au statut législatif même de foyer. Le législateur n’a pas trop tenu compte de l’importance de la femme. Nous constatons également que les femmes sont sous la pesanteur socioculturelle. Le résultat nous renvoie à un taux de divorce très élevé malheureusement.

NP : Parle-nous un peu des conditions de détentions des femmes ?
KT : Les conditions varient de la prison centrale à Bollé, même si jusqu’ici elles sont nombreuses à se faire incarcérées. Nous demandons à l’Etat d’assainir le milieu de détention car les visites aux détenus sont toujours conditionnées aux payements de frais dont on ignore la destination.

Mah Traoré

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