Le Secrétaire Général du comité AEEM de la FAST : « Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour que nos problèmes soient résolus »

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Depuis le 07 Mars dernier, le comité syndical AEEM de la Faculté des sciences et techniques (FAST) de l’université a décrété un mot d’ordre de grève illimité suite à des problèmes inhérents à la mise en œuvre du système LMD dans ladite faculté. Cette grève illimité a conduit les étudiants aux boycotts des évaluations au titre de l’année ‘’ caméléon’’ 2009/2010, ainsi que la rentrée académique des nouveaux bacheliers pour l’année universitaire 2010-2011. Face à cette double grève des enseignants et étudiants, la rédaction du journal a dépêché une équipe auprès du secrétaire général de la FAST, Fousseyni Traoré. Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accordé à son domicile familial à Kati, le dimanche 10 Avril dernier, le N°1 des étudiants de la FAST nous confie qu’ils n’effectueront pas les évaluations tant que leurs problèmes ne seront pas résolus.

Le Flambeau : Bonjour Monsieur le secrétaire général, quels sont les véritables problèmes au sein de la faculté ?

F.T : Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour l’importance que vous accordez à notre problème en m’offrant cette interview. Depuis l’instauration du système LMD à la FAST, nous n’avons rencontré que des problèmes. Tel que vous le savez, notre fac a été choisie comme la faculté d’expérimentation du nouveau système. Cela a été fait grâce à l’assiduité, la sérénité et la stabilité que regorgeait la FAST et qui était d’ailleurs la meilleure faculté de l’université de Bamako. Le système Licence, Master, Doctorat a été conçu comme celui du changement nouveau, mais malheureusement il nous a causé plus de tort que de quiétude. Avec les récents problèmes, qui ne datent pas d’aujourd’hui, nous nous attendions à une formation en Licence Professionnelle, mais on a constaté que nous sommes en train d’être formés en Licence générale qui conduit à la recherche plutôt qu’à la profession. D’ailleurs, depuis la première année nous n’avions bénéficié d’aucune formation professionnelle. Je me demande si toutefois, que devrions-nous faire si l’on devrait s’arrêter en licence sans aucune formation professionnelle ?

C’est pourquoi nous avions demandé à ce que tous les étudiants ayant validé les six semestres soient automatiquement admis en Master. Le véritable problème est que cette dernière filière n’existe toujours pas encore. En effet, en octobre dernier nous avions soumis une doléance au Doyen dans laquelle nous avons réclamé que le décanat nous définisse les critères d’accessibilité au Master avant les différents semestres (S2, S4 et S6), dans la mesure où nous ne savons pas le sort qui sera réservé aux étudiants qui ne rempliront pas les critères, lesquels critères que nous ignorons toujours. C’est la raison pour laquelle nous avons réclamé la connaissance de ces critères afin de mieux préparer en conséquence nos examens. Malheureusement, non seulement on ne nous a pas certifié ces critères, on nous affirme que le Master n’est pas encore créé. Ainsi nous croyons que nous avons fait un sacrifice en acceptant d’aller vers le LMD en dépit des problèmes. Nous croyons aussi que cet effort doit être bilatéral c’est-à-dire que le gouvernement aussi admette en Master les étudiants ayant validé les différents semestres.

Le Flambeau : Selon nos informations, la situation des bourses est au cœur de vos revendications. Qu’est ce qui motive cette volonté ?

F.T : Ce problème de bourses est dû au prolongement de l’année académique 2009-2010. Le chronogramme qui a été établit en début mars, nous révèle que l’année prendra fin le 16 juillet prochain et nous considérons cela comme une année 2009-2011 plutôt qu’une année 2009-2010 qui devait prendre fin en juillet 2010. Donc cela équivaut à une année blanche à notre avis et c’est pourquoi nous sommes en train de revendiquer les bourses de cette année 2010-2011 qui au bout du compte n’aura jamais lieu à la FAST. C’est aussi un droit pour nous de revendiquer ces allocations, compte tenu de la souffrance que les étudiants subissent suite à la mise en œuvre de ce système LMD. Les étudiants ne sont pas responsables de cette situation, ils ne doivent pas en payer les frais. C’est pourquoi nous avons sollicité que nos bourses au titre de l’année académique 2010/2011 nous soient reversées.

Le Flambeau : La légitimité de votre cause explique t’elle selon vous le boycott de la rentrée des nouveaux bacheliers ?

F.T : A propos des nouveaux bacheliers, nous avons vu que nous traversons un moment de crise et leur arrivée augmenterait les difficultés. C’est pour cette raison que nous ne voulons pas qu’ils viennent s’intégrer dans les ambigüités qui existent d’ores et déjà au sein de la faculté. Nous revendiquons que toutes les années soient normales au sein de la faculté et aucun étudiant quelque soit son statut ne doit être exclu de cette cause.

Le Flambeau : Avez-vous entamé des démarches en bonne et due forme pour trouver des solutions avant d’entamer cette grève ?

F.T : Nous ne faisons pas notre grève au hasard. C’est par le Décanat que nous avions entamé nos démarches depuis le mois de Janvier. C’est seulement le 7 février que nous avions envoyé une lettre au Ministre de l’enseignement supérieur en lui évoquant nos problèmes avec des propositions de solutions. Je vous informe d’ailleurs que cette correspondance a fait l’objet d’un conseil élargi de cabinet au ministère et nous nous en réjouissons, mais je ne saurai vous dire en réalité ce qui a été décidé. En mars nous avons envoyé une lettre de boycott en soulignant nos préoccupations sur le système LMD. Tout cela prouve que nous n’avons brûlé aucune étape dans la revendication de nos intérêts.

Le Flambeau : Un membre de votre bureau nous a affirmé qu’aucune de vos revendications n’a fait l’objet de satisfaction depuis le début de votre grève. Pouvez-vous confirmer cette information ?

F.T : Aucune de nos revendications n’a été satisfaite et tant qu’elles ne seront pas prises en compte, nous n’allons pas rentrer.

Le Flambeau : que comptez-vous faire face à cette situation dans les jours à venir ?

F.T : Après l’échec des démarches administratives, nous serons obligés d’organiser une marche pacifique de protestation pour dévoiler à l’opinion nationale et internationale nos différents problèmes. Si cette initiative n’aboutit pas à une solution, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour que nos problèmes soient résolus.

Le Flambeau : A quoi faites-vous allusion concrètement en parlant de mesures nécessaires ?

F.T : Rassurez-vous Monsieur le journaliste, il s’agit là de démarches nobles sans violation de la loi et ni violence.

Le Flambeau : Cette grève ne pénalise pas les étudiants, en plus de celle des professeurs déjà en cours ?

F.T : Non pas du tout ! Les étudiants ont leur syndicat qui n’a rien de commun avec celui des professeurs. Nous avons le soutien de notre base qui est d’accord avec nous, et nous n’avons plus rien à perdre. Le coup est déjà parti, l’année est déjà bouleversée pour nous et il faut que nous ayons gain de cause une bonne fois pour toute afin de ne plus connaitre dans l’avenir de telles situations. Je rappelle aussi que cette grève n’est pas seulement celle du comité AEEM, mais plutôt la grève de tous les étudiants voire toute la FAST.

Le Flambeau : Quel appel voudriez vous lancer aux plus hautes autorités du pays ?

F.T : Aux autorités, Je leur recommande de tout faire afin que le système LMD, qui est un système par-dessus tout, soit une réussite au Mali. Sinon déjà il est voué à l’échec et les autres facultés pourraient ne pas l’adopter. Nous sommes conscients de tous les problèmes qui existent aujourd’hui au sein de l’université malienne et nous ne voudrions pas en rajouter. Nous croyons tout simplement que nous sommes victimes d’une situation dont la responsabilité ne saurait en aucun cas nous incomber. Nous avons cru en nos autorités en acceptant d’aller vers le système LMD, tant bien même que nous étions bel et bien conscients des problèmes qui en découleraient. Les étudiants n’ont pas failli à leur devoir et nous voudrions qu’elles ne faillent pas au leur. Nos revendications sont légitimes et les solutions que nous proposons sont abordables pour l’Etat, Nous espérons alors que Madame le Ministre comprendra notre préoccupation et trouvera une solution à notre problème. Nous avons confiance en elle et nous sommes convaincus que le décanat, le Rectorat et le ministère mettront tout en œuvre pour résoudre nos problèmes : sans quoi nous n’effectuerons pas les évaluations.

Le Flambeau : Merci Monsieur le secrétaire général !

F.T : C’est à moi de remercier Le Flambeau.

Propos recueillis à Kati par

FOUSSEYNI MAIGA/SEYDOU KARAMOKO KONE

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