Le Secrétaire à la Communication de l’ADEMA, Cheick Mohamed Thiam :Aller aux élections avec l’actuel fichier comporte des risques””

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Il est connu pour n’avoir pas sa langue dans la poche. Dans l’interview exclusive qu’il nous a accordée le vendredi dernier, le Secrétaire à la communication du Comité exécutif de l’ADEMA-PASJ, Cheick Mohamed Thiam dit Mamoutou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est pas allé par le dos de la cuiller pour cracher ses vérités à propos de la polémique autour du fichier électoral. Pour lui, même si le PASJ n’a pas encore officiellement exprimé sa position sur la question (ce qui ne va pas tarder et fera l’objet d’une conférence de presse), il y a des risques à vouloir organiser les prochaines élections avec l’actuel fichier plus que décrié.

L’Indépendant : Quelle est la position de l’ADEMA-PASJ par rapport aux contestations qui fusent à propos du fichier électoral actuel ?

Cheick Mohamed Thiam : Ayant été l’acteur officiel de ce fichier qui est aujourd’hui remis en cause, l’ADEMA a décidé de ne pas se précipiter pour prendre une quelconque position. Mais, nous sommes pour l’amélioration de l’instrument de base d’organisation de toutes les élections dans notre pays. C’est pourquoi, contrairement aux autres formations politiques, le parti de l’abeille a commis des experts au sein du parti qui sont non seulement des cadres de l’administration mais qui travaillent en tant qu’indépendants. C’est à la suite de cet audit de ces experts que le parti prendra une position officielle et cette position sera communiquée par voie de presse. Le jeudi dernier, le parti devait avoir des discussions autour du fichier ; mais l’indisponibilité de nos députés qui étaient en plénière a fait que la rencontre a été reportée à aujourd’hui mardi. A l’issue de cette réunion, le parti rendra publique son analyse de la situation.

Au point de vue personnel, je pense qu’aller aux élections de l’an prochain avec l’actuel fichier comporte assez de risques pour notre démocratie pour la simple raison que dans plusieurs milieux politiques, ce fichier est fortement décrié depuis des années. Son nettoyage ne se fait pas correctement.

Que pense l’ADEMA à propos du nouveau fichier à élaborer à partir des données du RAVEC?

L’avantage du RAVEC c’est qu’il est biométrique et le fichier comporte la photo d’identité des électeurs. Donc le RAVEC constitue le meilleur instrument pour une élection juste et crédible. La somme d’argent annoncée par la Délégation générale aux élections(DGE) pour la mise au point de ce fichier du RAVEC, 7 milliards F CFA, n’est pas excessive, si c’est le prix à payer pour avoir des élections justes, transparentes et démocratiques. Car il faut tout faire pour éviter les contestations postélectorales…

Dans ce contexte, les réformes institutionnelles annoncées sont-elles opportunes pour l’ADEMA-PASJ ?

Cette question là aussi doit être abordée par le CE dans les semaines à venir. Mais, il faut se rappeler que lors de la 11ème Conférence nationale du parti, le président Dioncounda Traoré insistait déjà sur la nécessité de prioriser les préparatifs des élections de 2012. Pour le moment, le CE, sur cette question, n’a pas tranché. Mais, une bonne partie de nos responsables pensent que pour organiser des élections crédibles, ces réformes doivent pouvoir attendre. L’une dans l’autre pour une seule année, on risque d’être distrait, ce serait un véritable travail de titan pour l’actuel Gouvernement. Et, il faut dire que toutes ces deux initiatives exigent des fonds importants.

Quid de la candidature interne de l’ADEMA à la présidentielle 2012 ?

L’ouverture de la période du dépôt des candidatures est fixée au 25 mai prochain. Les candidatures connues aujourd’hui sont celles du président du parti (qui n’a pas dit personnellement qu’il est candidat), celle du 1 er vice-président, Iba N’Diaye, celle du 2ème vice-président, Sékou Diakité et celle de Lancéni Balla Kéita. D’autres candidatures peuvent être en préparation.

Dans le choix qui sera fait, après l’échec que nous avons connu en 2002 après la convention, nous avons tous été unanimes pour dire qu’il faut désormais éviter le système des primaires (car non adapté à notre culture). Mais on n’est pas allé jusqu’au bout pour dire comment désigner notre candidat. Aujourd’hui, le parti est confronté à ce problème et les militants ont peur.

C’est pourquoi nous avons insisté sur le rôle de conciliation entre les candidats en amont d’une commission ad hoc composée des sages du parti. Cette commission doit en principe commencer son travail avant même le dépôt des candidatures. Elle doit démarcher les candidats potentiels afin d’aller vers le consensus. Ce travail doit se faire avant le 25 mai. La Commission est constituée par nos doyens comme Oury Demba Diallo de Kayes, Frédéric Traoré de Sikasso, Ouali Diawara, Alpha Oumar Konaré, tous de Bamako.

A l’ADEMA, envisage-t-on la possibilité d’un report de la présidentielle à venir ?

Je ne rentrerai pas dans cette polémique. J’ai confiance au président de la République. Ila dit publiquement lors de la journée des communes que les élections seront organisées et il passera le témoin au nouveau président de la République le 8 juin. Nous ne mettons pas ses paroles en doute.

Votre mot de la fin

Le choix des hommes pose toujours problème surtout dans un parti comme l’ADEMA, traversé par plusieurs courants. Face à ce danger, tous les militants se demandent si on ne va pas vers le scenario 2002. Mais je fais confiance à nos camarades puisque les expériences sont faites pour en tirer des leçons. Tous les candidats potentiels savent que si l’ADEMA ne gagne pas en 2012, c’en sera fini pour notre parti.

Je lance un appel à tous les candidats (tous se sont engagés à sauvegarder l’unité du parti), aux responsables et aux militants sympathisants d’éviter des propos qui fâchent, de faire ce choix sans invectives et d’éviter d’ouvrir des tranchées qui sont de véritables prémices à la cassure du parti.

Interview réalisée par Bruno Djito SEGBEDJI

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