Le président de la Dynamique intellectuelle au service du Mali (DIASMA), Boubou Sissoko :«Nous sommes en train de prendre des initiatives afin d’appuyer l’Etat pour le développement de ce pays»

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Véritable guide, DIASMA a pour vocation de fédérer la population d’origine malienne autour d’un mouvement de rassemblement. L’originalité de DIASMA est que le cadre qui entoure ce mouvement est flexible, libre à chacun de le faire évoluer à sa guise et surtout de se l’approprier. Telles sont les différents éléments de réponses que le président de la Dynamique intellectuelle au service du Mali (DIASMA), Boubou Sissoko, nous a donnés au cours d’un entretien qu’il a bien voulu nous accorder lors de son passage à Bamako.

L’Indépendant: Pouvez-vous nous présenter la DIASMA ?

Boubou Sissoko : Quand on voit la DIASMA, on pense à la diaspora malienne. Ce sont des amis intellectuels et d’action au service du Mali et de l’Afrique. C’est un groupement dans lequel on a rassemblé beaucoup de jeunes franco-maliens qui veulent investir en direction du Mali. C’est une association ouverte à tout le monde.

D’où l’idée est-elle venue ?

On a eu l’idée parce qu’on se rend compte de façon individuelle que chacun investit au pays, on fait des actions humanitaires, associatives ou même des affaires. On s’est dit pourquoi ne pas se mettre tous ensemble pour être encore plus fort. Voilà pourquoi nous avons créé ce groupement.

Il existe depuis quand ?

La DIASMA existe depuis neuf mois. Il s’est érigé en association pour avoir un cadre juridique. C’est un lobby qui comprend actuellement 2 500 membres. Elle regroupe des personnes de différentes catégories socioprofessionnelles (artistes, ouvriers, cadres, sportifs…). On a décidé de s’associer pour mettre en œuvre nos actions et nos projets en faveur de la DIASMA. On a des actions très concrètes à court et à moyen termes.

Quel est l’objectif de la DIASMA?

L’objectif est de redorer l’image du Mali et des Maliens, car on se rend compte souvent que les Maliens sont perçus généralement de façon négative. Surtout en France, les Maliens sont vus comme des sans-papiers, des mal-logés et des polygames. Certes, les Maliens ont d’autres choses, d’autres aspirations et font des choses extraordinaires en France.  Dans le réseau de la DIASMA, avec nos différentes professions et tout notre savoir-faire, on veut les transférer petit à petit dans notre pays d’origine tout en les mettant également au service de notre pays d’accueil. Constituée en association, la Dynamique intellectuelle au service du Mali (DIASMA) a pour objet de soutenir, de faciliter et de qualifier les actions en direction du peuple malien par la mise en réseau des populations maliennes entre elles, l’échange de savoir-faire et la capitalisation d’expériences innovantes.

Quelles sont ses différentes aspirations ?

Comme vous le savez au Mali, il y a beaucoup de chose à faire. Avec les amis de la France, nous sommes sur un projet dans le domaine agricole qui s’appelle la ‘’Nuit verte’’, d’où un stand de l’agriculture qui sera construit au pied de la Tour Eiffel. Nous et les amis du Mali qui appartiennent également à la DIASMA, on s’est associé pour mener cette action afin de promouvoir l’agriculture malienne en France. Tout le monde sait que le Mali est un grand pays agricole ; mais il y a beaucoup de chose à développer dans ce secteur. Raison pour laquelle nous avons créé cet événement qui aura lieu le 13 avril prochain. Il permettra aux Maliens de France également d’avoir des informations sur la filière mangue, le karité, la gomme arabique…

Quels sont les futurs projets que la DIASMA compte mettre en œuvre au Mali?

Comme je vous le dis, nous avons des actions concrètes sur la France comme au Mali. A titre d’illustration, nous avons participé très activement au Festival de Fantani Touré en France concernant la logistique, la conception et le conseil.

Au-delà des secteurs que vous venez d’évoquer, quels sont les autres domaines que vous comptez toucher également ?

La philosophie de DIASMA est que chacun des membres de l’association arrive avec un programme ou un projet de développement bien défini. C’est pour cela qu’on s’est entouré de beaucoup de projets dans divers domaines tels que dans l’événementiel, le business… Actuellement, nous avons un projet business qui se nomme ‘’Diasma Touch’’ dans lequel on est en train de concevoir des tablettes numériques qu’on va fournir aux étudiants maliens. En plus de tout cela, nous comptons aussi améliorer le système éducatif du Mali, car un pays ne peut pas se développer sans une très bonne formation des ressources humaines.

Cette association regroupe-t-elle uniquement les Maliens de France ou toute la diaspora malienne ?

Actuellement, elle concerne principalement les Maliens de France mais on s’aperçoit qu’aujourd’hui, on est en partenariat avec beaucoup de Maliens qui sont au Maroc, au Canada et aux Etats-Unis. Par exemple, aux Etats-Unis, grâce à l’un des conseillers d’Obama du nom de Thiam, un Sénégalais qui a beaucoup entendu parler de DIASMA, avec ce dernier, nous avons pu créer un réseau à New York et à Washington.

DIASMA est-elle en partenariat avec d’autres associations?

Bien sûr, la qualité première de DIASMA est qu’elle regroupe des personnes qui œuvrent dans de nombreux domaines. Il existe au sein de DIASMA des personnes qui militent dans d’autres associations. On a notre mouvement qui n’a pas forcément des actions dirigées vers le Mali seul. Moi, en tant que le président de DIASMA, je suis, à la base, président d’une autre association depuis douze ans, une association sportive de Basket.

Vous qui voulez contribuer au développement, quelles sont vos attentes auprès des autorités?

Dire que nous attendons quelque chose de la part des autorités, ça serait trop facile.  Pour nous, la question qui se pose au sein de DIASMA, c’est de savoir qu’est-ce que nous pouvons faire pour le Mali et non qu’est-ce que le Mali peut faire pour nous. Raison pour laquelle nous sommes en train de prendre des initiatives afin d’appuyer l’Etat pour le développement de ce pays. Nous ne voulons pas être là comme un fardeau ou avoir un poste supplémentaire parce que la diaspora a beaucoup de choses. Aujourd’hui, tout le monde sait que la diaspora fait énormément de chose sur le transfert d’argent, la construction des écoles, des hôpitaux, des forages…La DIASMA c’est la volonté d’avoir une autre optique. C’est-à-dire lorsque les ressources financières sont disponibles, on pense aux investissements. Une manière de contribuer au développement, lutter contre le chômage et le transfert des compétences. Je vous donne un exemple : on a des pays pour lequel la diaspora a contribué au développement tels que le Maroc et le Vietnam. Ces pays se sont appuyés sur leur diaspora. Ils leur ont donné des possibilités pour créer des entreprises et aussi la possibilité d’avoir des compétences et des valeurs ajoutées qui permettent à un pays de prendre son envol. Voilà un peu l’optique des grandes lignes de DIASMA.

On a vu également que la DIASMA a soutenu l’artiste Mokobé après la sortie de son nouvel opus en achetant 223 CD. Mais pourquoi ce soutien?

C’est un soutien financier que nous avons décidé d’apporter à l’artiste. Aujourd’hui, il faut que nous ayons une mentalité qui permet à nous Maliens, qui sommes des consommateurs, d’orienter notre consommation vers les produits locaux. On est dans cette logique et Mokobé, qui fait partie de DIASMA, sort un album. Donc, notre contribution c’est d’acheter l’album. On le fait avec de nombreux artistes. La Fouine, après son concert à Bamako, nous l’avons reçu dans nos locaux pour le remercier pour tout ce qu’il fait pour le Mali. Ce sont toutes ces actions que nous menons, qui permettent d’avoir une meilleure image et qui redore le blason du Mali.

Votre mot de la fin ?

J’appelle tous les Maliens à l’union, car c’est l’union qui fait la force et seul le travail qui pourra nous permettre d’avancer. Quel que soit le domaine, il faut qu’on aille de l’avant et qu’on se serre les coudes ; parce qu’il y a de très belles choses à faire et le Mali est un très beau pays. C’est notre pays et c’est à nous de redorer son image. L’image qu’on souhaite pour le Mali, c’est qu’il devienne un pays émergent.

Bandiougou DIABATE

 

 


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