Récemment nommé au poste de secrétaire régional Afrique de l’ouest pour Arterial Network, Lassana Igo Diarra, fait partie de la nouvelle génération d’opérateurs culturels africains animés d’une volonté de fer pour le rayonnement des arts et de la culture sur le continent et dans le monde. Fondateur des Editions Balani’s, il est l’initiateur du festival international de littérature de jeunesse de Bamako ” Kanla kadi “. Depuis 2001 il conçoit des projets innovants pour les Rencontres africaines de la photographie de Bamako (exposition dans les rues, l’hymne de la photographie africaine) et pour étonnants voyageurs. Il a initié l’Université d’été de la culture de Bamako.
La Medina est un espace multidimensionnel, en voie de créer une bibliothèque car nous jugeons utile et essentielle la lecture, une terrasse artiste car nous sommes sur le boulevard du peuple et l’un de nos objectifs en créant ce centre était de faire de ce boulevard, un boulevard de la culture. C’est aussi un espace pour des expositions, des cafés littéraires etc…
Le réseau Arterial, ou Arterial Network, est un réseau d’artistes, d’opérateurs culturels, chercheurs, bref de tout ce qui entoure le monde de la culture. Il comprend un ensemble informel et dynamique d’individus, d’institutions et de partenaires financiers œuvrant dans le secteur culturel africain. Il vise à soutenir la croissance et l’efficacité des arts et de la culture africains ainsi qu’à améliorer la pérennité des industries créatrices en Afrique. Cette structure a pour but de développer des réseaux pour mener à bien une stratégie de lobbying au nom du secteur créatif africain aux niveaux national, continental et international.
Arterial Network a-t-il mené quelques actions au Mali ? Si oui pouvez-vous nous en énumérer quelques unes ?
Les Maliens bénéficient beaucoup de formations organisées par le réseau. Comme exemple, le directeur du centre Soleil d’Afrique et celui d’Acte Sept étaient récemment au Ghana pour le réseau des festivals, en septembre nous étions à Nairobi dans le même sens, sans oublier l’université d’été de la culture de Bamako qui a connu sa première section.
Les salafistes ont décidé depuis la semaine passée de profaner tous les lieux saints à Tombouctou. Quelles sont vos impressions ?
Je pense qu’il faut utiliser les vrais mots. Le gouvernement parle de crime de guerre, mais moi je pense que c’est au delà de ça. Moi je juge ces actes barbares, de crime contre l’humanité. Nous vivons vraiment au Mali un crime contre l’humanité et c’est dommage.
A qui le tort ?
Nous dignes fils de ce pays avons tous notre part de responsabilité. Comment un peuple qui n’avait pas de science ni de technologie durant des siècles a pu préserver tout cet héritage, juste avec son intelligence et sa détermination, et que nous qui prétendons être des hommes modernes, n’arrivons pas à les sécuriser. Néanmoins depuis le mois de mai le centre Medina a essayé de faire des campagnes de sensibilisation pour alerter les autorités, lors desquelles nous avons fait des projections sur les manuscrits de Tombouctou pour vraiment leur demander de trouver les moyens de sauver ce patrimoine.
Vos messages ont-ils eu des effets ?
A l’époque ont était plutôt critiqué car les gens nous demandaient comment est ce qu’on peut parler de culture pendant qu’il y a des vies humaines en jeu. Mais aujourd’hui allons savoir pourquoi la Cour pénale internationale (CPI) se mêle aux problèmes du Mali ? C’est justement parce qu’on a touché à ce qui intéresse le monde. C’est pour dire combien la culture d’un pays est important, et nos politiques devraient en être conscients. Par contre nous hommes de culture ne nous décourageons pas, toutes ces destructions ne feront pas mourir le Mali car il est éternel. C’est pendant la guerre au Liban que ce pays a eu de grosses réalisations.
La crise malienne perdure, en tant qu’homme de culture quelles propositions avez-vous pour une sortie de crise ?
Je pense qu’il est temps qu’on s’écoute. Comme disait Amadou Hampaté Bâ paix à son âme, ” parler c’est un besoin, mais écouter c’est un art “, que personne n’ait la prétention que seul dans son bureau il sortira ce pays de l’impasse. Ce sont tous les Maliens, qui sortiront se pays de ce trou. Et pour cela il est extrêmement important que chaque Malien donne son point de vue.
En ce qui concerne mes propositions pour sortir de la crise, j’ai essayé de faire un micro trottoir pour recueillir les impressions des Bamakois. Quand j’ai tendu mon micro à un charretier, il m’a dit ” travaillons “. Alors lui il pense que la solution pour cette sortie de crise est le travail et je pense qu’il a parfaitement raison, car si on avait par exemple transformé ce désert, nous ne serions pas aujourd’hui victimes de toutes ces guerres.
La semaine du patrimoine débutera la semaine prochaine. Avez-vous des activités au programme ?
Nous sommes en pleins travaux pour notre monument dédicacé au patrimoine ” Mali en danger ” donc la pose de la première pierre aura lieu ce jour Inchallah. La bibliothèque nationale nous a aussi contacté pour une diffusion des films sur les manuscrits. De toutes les façons nous sommes prêts pour accompagner les autorités car nous pensons que c’est le moment des sacrifices, et nous nous sacrifierons pour notre pays.
Un mot pour la fin ?
Je finirais par un mot d’esporTout ce que nous vivons aujourd’hui ce n’est que des turbulences passagères et je suis persuadé que ca va passer, car le Mali est éternel.
Clarisse NJKAM
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