Le Président du mouvement « Vert-Jaune-Rouge » à cœur ouvert à « Mali Demain »

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« Rien n’a changé puisque nos autorités continuent à agir comme la nuit des temps… »,  a fait savoir Yagaré Baba Diakité.


Dans un entretien qu’il nous a accordé, M. Yagaré Baba Diakité, président du mouvement « Vert-Jaune-Rouge », fait le bilan de la gestion d’Etat de deux années du Président IBK ; fustige les pressions des autorités et de la communauté internationale sur les forces patriotiques qui ont pris le contrôle d’Anéfis et déplore la fuite en avant de nos gouvernants qui au lieu d’expliquer à chaque étape les problèmes de gouvernance aux quelles elles sont confrontées, jouent à la diversion et font savoir des pressions extérieures. Cette façon de gérer le Mali depuis les années 1980, ne saurait continuer. Il faut que cela cesse. Et Yagaré Baba Diakité de rappeler ce proverbe d’Einstein qui dit ceci : « Agir chaque fois de la même manière et s‘attendre à des résultats différents, relève de la stupidité ». Lisez plutôt !

Mali Demain : Quel bilan faites-vous des deux années de gestion du Président IBK à Koulouba ?
M. Yagaré Baba Diakité
: Je ne suis pas satisfait mais, du fait que nous ne connaissons pas les tenants et aboutissants de ce se passe au sommet de l’Etat, parce que nous n’avons pas la main dans la pate. De ce fait, il faut que le peuple soit informé de ce qui se passe au sommet de l’Etat parce que les africains ont tendance à accuser la France, les USA ou les grandes puissances de diriger nos Etats.
C’est trop facile d’accuser les autres pour cacher ses faiblesses
Mais cela est trop facile à dire parce qu’à chaque fois que nos Présidents arrivent à leurs limites, font croire qu’ils subissent des pressions que les citoyens ne peuvent pas comprendre alors qu’en Occident ce n’est pas le cas puisque le peuple est informé en temps réel. Il faut nos gouvernants comprennent que nous ne sommes pas de grands garçons parce qu’ils ont tendance à nous faire croire, eux qui ont las main dans la pâte, subissent des pressions, lesquelles ? Il faut qu’ils nous disent clairement la réalité de leur gestion. Ici, nous ne sommes au courant que lorsque les dés sont déjà jetés. A titre d’exemple, est-ce que le Président François Hollande ose dire aux français qu’il subit des pressions au plan international ? Non !
En tout cas, nous ne sommes pas satisfaits
En tout cas, nous ne sommes pas satisfaits de ce qui se passe dans notre pays et que chaque jour que dieu fait, le Mali s’enfonce davantage. Je suis loin d’être de l’Opposition mais je m’en tiens à la réalité. Même le prophète Mahomet (PSL) a toujours dit la vérité à ses disciples à qui il n’a jamais caché quoi que ce soit. C’est pour cela que nous sommes musulmans. En tout cas, ces accusations des autres, n’existent qu’en Afrique et nulle part dans le monde. J’aimerais qu’on nous dise les réalités en ce moment, ensemble, nous rechercherons les solutions appropriées.
Arrêter les histoires de tabous
Il faut que ces histoires de tabous cessent dans la gouvernance. Ici, eux nous gouvernent et font de telle sorte que nous ne puissions pas savoir ce qui se passe. Il ne doit pas avoir de tabous dans la gouvernance de nos Etats. Il faut que nous évolions. Nous sommes exactement comme dans les années 1980. Par exemple en Europe, les citoyens sont au courant de tout ce qui les concerne, absolument tout. Là-bas, les élus veillent souvent à l’hémicycle pour adopter des lois qui sont suivies en direct à la télévision.
Les rackets, la corruption, les interminables cortèges des autorités, l’absentéisme ont toujours pignon sur rue
Je demande au président IBK de se référer à ce proverbe Einstein qui dit ceci : « Agir chaque fois de la même manière et s‘attendre à des résultats différents, relève de la stupidité ». Je dis cela parce que nous voyons que le Mali continue à être géré de la même manière que nous l’avons connus : des policiers qui rackettent les citoyens, des fonctionnaires qui ne viennent jamais à l’heure et désertent leurs bureaux ; des interminables cortèges de la « Cour » qui dérangent les citoyens tandis qu’il y a des solutions civilisées pour le déplacement de nos autorités ; le JT de l’ORTM qui ressemble à un documentaire de la nuit des temps ; dans nos rues, les trous commencent à s‘agrandir chaque jour que dieu fait (Rue 14 et 18 à titre d’exemples). C’est tout cela qui montre que nous agissons de la même manière depuis la nuit des temps et voulions une évolution, cela relève d’un rêve.
Mali Demain : Que pensez-vous  de l’ultimatum du Président IBK et de la communauté internationale qui somment les troupes du GATIA à quitter Anéfis pendant que la CMA continue d’occuper Kidal et sa région ?
L’ultimatum du Président IBK est une injustice
M.Yagaré Baba Diakité
: C’est une injustice parce que lorsque la CMA a pris le contrôle de Kidal après que les FAMA aient été contraintes de déguerpir les lieux, aujourd’hui, nous prenons acte. Nous ne sommes pas les plus forts mais voyons et réfléchissons ; qui parle de solution définitive à un problème, doit prendre la justice comme bâton de guerre. Peut être le peuple accepte aujourd’hui, mais si demain, nous avons les moyens, ce sont les mêmes hostilités qui vont reprendre de plus belle parce que je ne peux pas comprendre qu’on mette l’administration malienne hors de Kidal en violation de l’accord de Ouagadougou et que personne n’ait levé le petit doigt pour que cela soit rétabli. Dans ce cas, il faut que nos autorités nous disent clairement pourquoi aujourd’hui, elles demandent au GATIA de quitter Anéfis si elles défendent réellement le Mali ? Qu’elles nous disent tout ? A ce niveau, je prie nos autorités de ne pas semer les graines d’un éternel conflit.
Mali Demain : Comment voyez-vous l’avenir de ce pays ?
L’avenir s’est assombri…
M. Yagaré Baba Diakité
: L’avenir c’est nous, c’est le présent. Et quand le présent est assombri et que personne ne s’attache à donner de véritables solutions, il est difficile dans ce cas, d’espérer à un avenir rayonnant. Je trouve quand même que le Mali des années 1960 vaut mieux que celui d‘aujourd’hui car, dans ce pays, les gens avaient de la valeur mais de nos jours, tout est à l’envers comme si nous marchons à reculons. Pire, aucun secteur de l’Etat n’est promettant ; à titre d’exemples : l’Education en péril ; la santé, il n y a que des mouroirs comme si le Ministre en question peut dire devant les maliens qu’il travaille réellement car, tout ce que toutes les cliniques répondent aux normes requises ; la Sécurité, nous n’en parlons pas ; la corruption amplifiée ; la citoyenneté en berne ; l’armée humiliée et jetée en pâture.
Les autorités doivent cesser de semer els graines d’un conflit de longue durée
Enfin, je demande aux autorités de faire tout pour ne pas semer les graines d’un conflit de longue durée au nord du pays car une maladie mal traitée, rechutera avec toutes les conséquences que cela créera.
Propos recueillis par Bokari Dicko

 

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