Le président de Kouaral Renouveau, El Hadj Oumar Abdou Touré, nous a accordé une interview exclusive. Dans cet entretien considéré comme sa plus grande sortie médiatique après son retour au bercail en provenance du pays de la Terranga où il a séjourné plusieurs mois dans le cadre de ses affaires, le président de Kaoural Renouveau fait le point de l’implantation de son association, de la présidentielle de 2018, de la gestion du pays et de la récente visite du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga dans les régions du nord et du centre du pays…
Aujourd’hui : Après plusieurs mois à Dakar au Sénégal vous êtes rentré au bercail. Qu’est-ce qui a suscité ce retour d’autant plus que certains disaient que vous étiez partis en exil ?
El Hadj Oumar Abdou Touré : Rire ! Non je n’étais pas en exil, j’étais à Dakar pour un voyage d’affaires. Par ailleurs, lorsque j’étais sur place, je faisais des vidéos pour dénoncer la corruption du régime, certains ont vite fait le parallèle qu’en faisant ces vidéos, que je ne pourrai plus remettre les pieds au Mali. D’autres sont allés jusqu’à justifier mon absence du pays, prétextant que j’ai pris des prêts au niveau d’une banque de la place que je n’arrive pas à rembourser. Tous ces propos sont des balivernes car je suis à Bamako depuis plusieurs semaines et j’étais tout récemment à Mopti. Vous avez vu comment j’ai été accueilli en grande pompe à Bamako et aussi à Mopti.
Justement qui sont sortis pour vous accorder cet accueil populaire ?
Ce sont surtout des membres de Kaoural Renouveau, des populations de la commune 4. Ceux-ci étaient venus exprimer leur reconnaissance par rapport à tout ce que j’ai eu à faire dans cette commune car je vous rappelle que tout ce que nous avons fait dans cette circonscription, aucune association et aucun parti politique ne l’a fait. Ces propos ne viennent pas de moi, mais du coordinateur des chefs de quartier de la commune IV, San Bourama.
Plus concrètement qu’est-ce que vous avez fait en commune IV ?
Nous aidons les enfants de la commune à traverser les routes, nous avons eu à paver des rues, le pavé du rond point Cabral jusqu’à la maison de Ramos est l’œuvre de Kaoural. Nous avons fait ces travaux à 52 millions Fcfa. Nous formons les femmes dans des activités génératrices de revenus, comme en teinture. Kaoural Renouveau faisait des ramassages d’ordures à perte car à des prix dérisoires et c’est grâce à nous que le prix de vidange des fosses septiques est passé de 30 000 Fcfa à 15 000 Fcfa. Aussi, on vidait gratuitement les latrines des mosquées, sans oublier les aides sociales de plusieurs natures et l’assistance que nous avons eu à apporter aux populations de la commune IV. Toutes ces activités ont été financées sur fonds propres de l’association, plus précisément par moi-même. Je l’ai fait à cause de Dieu. Pas pour être maire, député, conseiller, ministre ou président de la République. Je mène ces actions caritatives parce je suis issu d’une famille pauvre, je n’ai pas pu poursuivre mes études à cause de la pauvreté, toute chose qui m’a obligé d’aller à l’aventure au Sénégal depuis que j’avais 17 ans. Sur place, je poussais des charrettes, vendais de l’eau en sachet. C’est dès lors que j’ai juré et promis au Bon Dieu que le jour où j’aurai de l’argent, je vais songer à ceux qui n’en ont pas. Dieu faisant bien les choses, les activités ont marché pour moi car de Dakar je me suis retrouvé en Mauritanie où je faisais de la pêche avant d’aller en Espagne. C’est à mon retour au bercail, vers les années 2000 que j’ai crée l’association Kaoural pour aider à ma manière les plus démunies.
Par contre, depuis votre récent retour au bercail vous êtes constamment sur le terrain en mettant des sections de votre association sur place. Et à Mopti, des jeunes ont même réclamé votre candidature à la présidentielle de 2018. Peut-on savoir si oui ou non vous serrez candidat ?
J’ai eu à le dire et je ne cesse de le répéter, je ne serai candidat à quoi que ce soit au Mali, ni à la présidentielle, ni à la députation ni aux communales. Je ne veux pas aussi d’un poste nominatif. Mon combat, c’est juste en faveur des plus pauvres. Par ailleurs, il faut reconnaitre que même si Kaoural Renouveau ne va pas présenter un candidat pour la présidentielle de 2018, nous allons soutenir un candidat qui partage notre vision du Mali et nos préoccupations.
Peut-on savoir à présent qui est ce candidat ?
A l’instant, nous ne pourrons dire le non d’un candidat pour la simple raison que nous devons échanger avec les candidats à la présidentielle de 2018. C’est à l’issue de ces échanges que nous allons dévoiler le nom du candidat que nous soutiendrons.
En quoi votre appui sera-t-il utile au candidat que vous allez soutenir ?
Une chose est sûre, le candidat que nous allons soutenir va gagner en commune IV, notre bastion, à Mopti et à Kangaba. A ne pas oublier aussi que lors des élections communales passées, nous avons eu 5 conseillers communaux car on avait formé à l’époque une alliance avec Cav. Cette alliance a volé en éclats, maintenant nous nous sommes retrouvés avec deux conseillers.
Toujours en termes de représentativité, notre association, en plus du Mali, se trouve aujourd’hui dans plusieurs pays de la sous-région et à travers le monde, notamment au Sénégal, au Togo, en Côte d’Ivoire, les bureaux de la Guinée équatoriale et de la Guinée Conakry seront mis sur pied bientôt. A ces pays, il faut ajouter la France, les Etats-Unis, le Canada, l’Arabie saoudite, dont les bureaux ont été aussi installés.
Par ailleurs, je peux vous affirmer d’ores et déjà que Kaoural renouveau ne soutiendra pas la candidature du président sortant, Ibrahim Boubacar Kéïta. Ce, pour plusieurs raisons.
A Koaural renouveau, nous pensons qu’IBK n’a pas respecté son engagement de campagne car avant qu’il n’accède au pouvoir, il a dit à qui voulait l’entendre qu’il ne va pas négocier avec les rebelles, il avait promis de restaurer la sécurité, de combattre la faim, la corruption, de donner des ordinateurs aux étudiants…C’est partant de ces promesses que 77 % de nos compatriotes lui ont fait confiance. Mais malheureusement, çà été un espoir déçu car nous avons constaté que c’est sous son règne que l’insécurité s’est propagée même au centre du pays, des rebelles se pavanent avec des drapeaux autres que celui du Mali, la corruption au lieu de reculer a été généralisée, plusieurs centaines d’écoles sont toujours fermées au nord et au centre du pays, pour ne citer que cela. Cela veut dire qu’IBK et son gouvernement n’ont pas la solution à ce problème malien. C’est pour toutes ces raisons que nous n’allons pas le soutenir et nous l’invitons à ne pas se présenter. Qu’il se repose. Sinon, il faut reconnaitre qu’IBK a l’amour de ce pays, mais très franchement il n’a pas d’hommes et de programme pour tirer le Mali du trou. Mais je regrette aujourd’hui que certains le suivent, plus particulièrement les jeunes. Mais je ne leur en veux pas car c’est pour sauvegarder leur intérêt personnel.
Mais président, il faut tout de même reconnaitre que depuis la signature de l’accord il n’y a pas eu d’accrochage en les FAMAs et les groupes signataires. N’est-ce pas là un grand pas vers la réconciliation entre Maliens ? En plus l’insécurité ce n’est pas seulement au Mali, mais dans le Sahel ?
Mais ce que vous oubliez, même s’il n’y a pas eu d’accrochage entre les groupes signataires de l’accord d’Alger, il faut tout de même reconnaitre qu’à Kidal, certains groupes n’ont pas renoncé à leur projet indépendantiste. Pour preuve, lors de la visite récente du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, nous avons vu un autre drapeau différent de celui du Mali. Il est temps que les autorités nous disent réellement la vérité sur la situation de Kidal. Parce que moi je ne peux pas comprendre qu’un Premier ministre, pour se déplacer à l’intérieur de son propre pays, soit obligé de faire des compromis avec des groupes armés et que son voyage soit mis sous conditions.
Je profite de cette occasion pour vous dire que je suis farouchement contre la proposition faite par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga lors de son voyage au centre, notamment de recruter des enseignants volontaires au centre du pays pour suppléer ceux qui ont fui ces zones car de la manière dont je vois les choses, les maires de ces zones vont faire appel à des parents proches ou des militants de leur parti qui n’ont aucun niveau avec pour seul objectif de pouvoir bénéficier du montant forfaitaire que l’Etat propose de verser à ces enseignants. Avec ce système, le niveau de notre école sera encore plus bas.
Aussi, s’agissant de l’insécurité, si nous demandons au président IBK de faire plus, c’est parce qu’il a promis qu’il est la solution. Si tel est le cas, qu’il cherche des voies et moyens pour nous faire sortir de cette crise.
Votre mot de la fin ?
Le mot de la fin, c’est juste inviter le peuple malien à l’union sacrée et mettre le Mali au dessus de nos intérêts personnels pour faire barrage au président IBK et à son gouvernement pour la présidentielle de 2018. A Kaoural, nous nous sommes engagés déjà dans cette dynamique de changement avec le slogan “Balayer pour changer” car le président et son gouvernement se soucient moins des préoccupations des plus démunis. Avec un autre mandat, nous allons souffrir davantage. Ils vont souvent jusqu’à dire qu’ils ont créé plus de 200 000 emplois, moi je n’ai jamais cru à ces chiffres que j’ai toujours contestés. A mon avis, ce sont des données imaginaires, sorties de nulle part.
Propos recueillis par Kassoum THERA