Dans une interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, le porte-parole du Collectif pour la libération de Soumaïla Cissé, Moctar Sy, nous fait la genèse de leur regroupement, les différentes activités menées et celles programmées…Entretien !
Aujourd’hui Mali : Pouvez nous parler de l’historique de ce collectif ?
Moctar Sy : Ce collectif a vu le jour suite à l’enlèvement de l’Honorable Soumaïla Cissé pendant sa tournée de campagne dans sa circonscription électorale de Niafounké, le 25 mars. Dès le lendemain, un certain nombre de jeunes issus de la société civile et des partis politiques se sont réunis pour constituer un collectif en vue d’obtenir la libération du Président Soumaïla Cissé. Il importe de rappeler que ce collectif accompagne bien évidemment l’organisation mise en place au niveau du parti Urd et travaille en étroite et intelligente coordination avec le Mouvement des jeunes de l’Urd présidé par Monsieur Abdrahamane Diarra qui est une personne ressource de notre collectif, au regard de son engagement à soutenir nos actions.
L’objectif de notre regroupement est unique, celui d’agir de manière responsable en vue d’obtenir la libération du Président Soumaïla Cissé et ce, à travers l’interpellation et la sensibilisation des acteurs pertinents et la mobilisation de toutes les forces vives du Mali. Il s’agit d’interpeller les esprits sur l’impérieuse obligation pour la nation malienne de retrouver le Président Soumaïla Cissé car de par ses qualités de chef de file de l’opposition républicaine et de deuxième personnalité politique du pays, la libération du Président Soumaïla est nécessaire à l’équilibre politique du Mali. Pour ce faire, tous les Maliens doivent se mobiliser pour qu’il puisse recouvrer la liberté, ce, sans considération d’appartenance politique, ethnique et sociale.
Aussitôt après sa mise en place, quelles ont été les premières activités du Collectif ?
Dès sa mise en place, nous avons commencé nos activités à travers les rencontres de quelques personnalités tout en respectant les mesures-barrières contre le COVID 19. Ces personnalités nous ont informé de leur implication personnelle en faveur de la libération du Président Soumaïla Cissé et nous ont par ailleurs conseillé d’avoir une posture souple, prudente et surtout confidentielle dans nos démarches pour éviter de mener des actions qui pourront nuire au processus enclenché par l’Etat.
Nous avons alors décidé d’aller vers une stratégie de sensibilisation et de communication maitrisée. Nombreux sont les Maliens qui ont besoin d’informations sur les conditions de détention du Président, le statut des négociations et par-dessus tout son état de santé.
S’agissant des personnalités rencontrées, est-ce que vous êtes en mesure de nous citer des noms ?
Nous avons rencontré plusieurs personnalités politiques, de la société civile, religieuses, notamment l’Imam Mahmoud Dicko qui nous a reçu à deux reprises, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga qui est la personnalité nommée par le président de la République pour diriger la cellule de crise, nous avons également rencontré Aliou Nouhoum Diallo, Tiebilé Dramé, Choguel Kokalla Maïga et Mme Sy Kadiatou Sow sans oublier le président du Conseil supérieur des Maliens de la Diaspora, Mohamed Cherif Haïdara , Me Arouna Touré, Me Hassane Barry et Me Demba Traoré . Certaines personnalités rencontrées nous ont assuré que d’après leurs différents canaux d’information, le Président Soumaïla Cissé se porte bien et que l’Etat est résolument engagé pour obtenir sa libération et qu’il fallait faire confiance aux autorités. Pour finir, nous avons organisé une mission chez le Cherif de Nioro qui nous a informé de son implication au plus haut niveau pour un dénouement heureux de cette situation.
Mais malgré que les informations sur la situation du président Soumaïla Cissé soient confidentielles, est-ce qu’on peut savoir avec vous qui sont ses ravisseurs et quelles sont leurs doléances ?
J’insiste sur le caractère confidentiel de ces informations que nous nous sommes engagés à ne pas divulguer pour préserver le processus. L’important est que les autorités soient résolument engagées à obtenir sa libération. Nous leur accordons notre confiance ; quel que soit le prix à payer et les efforts à mener elles doivent s’impliquer activement pour que le Président Soumaïla Cissé puisse recouvrer la liberté pour sa famille, ses amis et pour le Mali.
Vous dites que vous faites confiance aux autorités, cependant que certains disent que plus 40 jours de détention c’est beaucoup pour une personnalité de sa trempe. Vous partagez cet avis ?
Plus de 40 jours sans le Président et le Député Soumaïla Cissé, c’est trop ! C’est une situation pénible pour ses proches, ses amis, sa famille et même pour le Mali. Cependant, au regard de la forte mobilisation et des engagements pris, nous sommes persuadés que nous verrons bientôt le bout du tunnel. Nous exhortons ses ravisseurs à faire en sorte qu’il soit libéré le plus vite possible.
Avez -vous un message à l’endroit des autorités ?
Nous lançons un cri de cœur aux autorités en leur demandant de maintenir les efforts jusqu’à la libération du Président Soumaïla Cissé qui, nous le rappelons, est un homme politique d’envergure nationale et internationale servant le Mali depuis de nombreuses années.
Aussi, nous les interpellons sur la nécessité de prendre des mesures durables pour assurer la sécurité des populations dans les zones du centre et du nord qui demeurent parties intégrantes du Mali.
Nous souhaitons tous qu’il soit libéré le plus tôt possible, mais entre-temps, quelles sont les actions que vous envisagez de réaliser si d’aventure vous n’obtenez pas satisfaction ?
Nous continuerons nos actions par la sensibilisation et par des pressions positives exercées sur les autorités compétentes toujours dans un esprit positif et constructif. Nous sommes de ceux qui pensent qu’à travers la conjugaison des efforts nous travaillerons utilement à faire revenir le Président Soumaïla Cissé parmi nous.
Nous nous opposons à toute forme de violence, d’accusations sans preuves, tendant à dire que sa détention est un coup monté. Nous refusons toute théorie du complot, nous pensons que le Président Soumaïla Cissé est pris en otage par des Maliens et qu’entre Maliens nous pouvons trouver une solution durable au problème et en sortir par le haut.
Réalisé par Kassoum THERA
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Quatre choses à savoir sur Moctar Sy
1-Fils de des anciens ministres Ousmane Sy et Kadiatou Sow
Le porte-parole du Collectif pour la libération de Soumaïla Cissé, Moctar Sy, 34 ans, est le fils de deux anciens ministres, tous des figures emblématiques de la lutte pour l’avènement de la démocratie dans notre pays. Il s’agit de Ousmane Sy l’architecte de la décentralisation au Mali (il a été ministre sous les présidences d’Alpha Oumar Konaré et de IBK) et de Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Association Adema. Il faut rappeler qu’en plus d’être ministre, Mme Sy a été la première femme gouverneure au Mali, son courage et sa détermination furent loués lors de la révolution de 1991 qui a renversé le régime de Moussa Traoré, car elle faisait partie des rares femmes qui dénonçaient à visage découvert les atrocités du régime militaire.
2-Militant de l’Urd depuis décembre 2019
Moctar, comme l’appellent les intimes, a fait ses premiers pas dans la politique avec l’Adema Pasj parti dont ses parents font partie des fondateurs avec l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré. Ses premières activités politiques ont commencé en 2010 en commune V avant de se poursuivre dans la même commune, mais sous une autre coloration politique à savoir l’Urd, le parti de Soumaïla Cissé, ce depuis décembre 2019. Selon lui, de nos jours, il partage beaucoup de valeurs avec cette formation politique d’où son adhésion au parti de la poignée de mains.
3-Cadre dans une société de téléphonie de la place
Après des études universitaires en France, Moctar Sy débarque au Mali. Il a été recruté dans une société de téléphonie de la place où il occupe actuellement un poste de Responsable au sein de la Direction Juridique de ladite société.
4-Sportif engagé
Basketteur pratiquant, Moctar est un féru du sport. D’ailleurs, il est membre de la Fédération malienne de basketball en qualité de président de la Commission d’organisation.
Monsieur Sy est également président de la Commission d’organisation du Forum international sur le Sport de Bamako et premier vice-président de la Fédération malienne de vovinam viet vo dao (art martial d’origine vietnamienne).
Il faut rappeler qu’il est marié aussi à une ancienne sportive de haut niveau, notamment la Taekwondiste Aminata Makou Traoré, médaillée à plusieurs compétitions africaines et mondiales.
Mme Sy Aminata Makou Traore est la présidente de la Commission femmes et sport du Comité national olympique et sportif du Mali. Monsieur Sy fait partie, avec cette dernière, de ceux qui ont mis sur les fonts baptismaux l’Association pour la promotion de la jeunesse et du sport (Ajps), structure organisatrice du Forum international sur le sport qui regroupe chaque année des acteurs du sport venant des quatre coins du monde autour de nombreuses problématiques comme le développement du sport, la reconversion des anciens sportifs.
Kassoum THERA