Chez nos confrères en ligne de » « MALIKILE », intitulé « L’Invité de Malikilé » le Ministre Thierno Amadou Omar Hass Diallo dit tout sur l’organisation du Hadj 2018. Une aubaine qu’il a saisie pour expliquer ses « innovations sans toucher à la question de l’appel d’offres pour le transport et les bagages des pèlerins qui fait couler beaucoup de salive et d’encre ». Nous y reviendrons prochainement sur les dessous et autres innovations de cette affaire sensible.
Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, le Ministre des Affaires religieuses et du Culte M. Thierno Amadou Omar Hass Diallo, l’un des rares Ministres à faire l’unanimité, nous décortique de A à Z l’organisation du Hadj 2018, les innovations intervenues et le pilotage assuré par son Département. Cette année, le Mali dispose de 13 323 places dont 11 000 pour la filière privée (soit près de 83%) qui compte quelques 300 agences de voyage regroupées en 5 pôles. Bonne lecture !
Invité Malikilé de cette semaine à lire jeudi, le Ministre des Affaires Religieuses et du Culte M. Thierno Amadou Omar Hass Diallo.
Le dispositif est bien en place
Malikilé : Monsieur le Ministre, vous avez effectué, le 19 mars dernier, une importante visite à la Maison du Hadj dans le cadre de l’organisation du Hadj 2018. Quels en ont été les grands constats ?
Thierno Amadou Omar Hass Diallo : Merci pour l’intérêt que vous portez aux questions religieuses en général et à l’organisation du Hadj en particulier.
Pour revenir à votre question, je dirai que ma visite à la Maison du Hadj, à laquelle vous faites allusion, avait pour but de m’enquérir des conditions d’organisation du Hadj 2018, à ce niveau, dans le sillage du lancement officiel de la campagne 2018 à compter de ce 19 mars. Il s’agissait pour nous de nous assurer que l’ensemble du dispositif est en place, en aval comme en amont, pour permettre aux pèlerins Maliens d’effectuer le Hadj 2018 dans de meilleures conditions que par le passé, qu’ils soient de la filière gouvernementale ou de la filière privée.
Il nous a donc été donné de constater que le dispositif en question est bien en place à travers un guichet unique où peuvent s’effectuer toutes les opérations du Hadj : de l’inscription à la visite médicale, en passant par le circuit bancaire, la police pour le passeport, etc.
Le Mali bénéficie de la confiance de l’Arabie Saoudite
Malikilé : Quel est l’effectif total au plan national ?
Thierno Amadou Omar Hass Diallo : Pour le Hadj 2018, le Mali bénéficie du même quota que l’année dernière, à savoir : 13 323 pèlerins potentiels. C’est dire que le Mali bénéficie toujours de la confiance de la partie saoudienne, si l’on sait que certains pays ont vu leur quota réduit. C’est le lieu de remercier les autorités saoudiennes. Pour ce qui nous concerne, le Gouvernement se charge de 2 323 pèlerins ; tandis que le plus gros contingent, c’est-à-dire 11 000 pèlerins, est réservé à la filière privée.
- Les quotas sont laissés à l’initiative des agences de voyages
Malikilé : Il est question de certaines innovations. Lesquelles ?
Thierno Amadou Omar Hass Diallo : La première innovation concerne justement la répartition des quotas. Par le passé, le Gouvernement décidait du quota à accorder aux uns et aux autres. Pour le Hadj 21018, la répartition des quotas est laissée à l’initiative des agences privées elles-mêmes. On en compte environ 300, regroupées principalement autour de 5 associations faitières.
Passeport pour toute inscription
La deuxième chose, contrairement à l’année dernière, c’est que les inscriptions se font avec le passeport que le candidat au pèlerinage doit chercher à se procurer lui-même, c’est-à-dire par ses propres moyens. La formation et l’encadrement des délégués sont également renforcés cette année plus que par le passé, sans oublier la formation dont pourront bénéficier les pèlerins, toutes filières confondues.
Formation des pèlerins
L’innovation à ce niveau, c’est que cette formation sera étendue aux pèlerins venant des régions, notamment Kayes, Ségou, Sikasso et Mopti.
Les exigences de l’Arabie Saoudite
Le Mali n’est pas seul à innover en la matière si l’on sait que le Royaume d’Arabie Saoudite a pris de nouvelles mesures pour une meilleure organisation du Hadj 2018. Par exemple, elle a instauré de nouvelles taxes dans le pays, notamment une TVA de 5% sur un certain nombre de prestations : l’hébergement, la restauration, le transport, etc.
La seconde mesure à caractère financier est que tout candidat, désireux d’effectuer moins de 5 ans un autre pèlerinage, doit payer 2 000 riyals saoudiens, soit environ 300 000 FCFA. La troisième innovation saoudienne porte sur l’empreinte digitale, à titre expérimental pour le Hadj 2018. Le Mali fait partie des pays choisis pour cette phase expérimentale.
Empreinte digitale exigée
En réponse à cette nouvelle exigence, tous les pèlerins Maliens doivent se faire identifier par leur empreinte digitale. L’Ambassade d’Arabie Saoudite procèdera incessamment à l’installation des machines pour ce faire. Autant dire que cette mesure est à mettre également au compte des innovations maliennes, par la force des choses, si l’on peut s’exprimer ainsi.
Santé physique exigée…
Malikilé : Quelles sont les mesures spécifiques prises pour assister les régionaux, les déplacés et les réfugiés ?
Thierno Amadou Omar Hass Diallo : C’est la décentralisation de la formation. Car, le Guichet unique seul régit le reste des formalités au niveau de la Maison du Hadj. Pour ce qui concerne les déplacés et les réfugiés, des dispositions idoines sont prises avec les autres départements ministériels.
Malikilé : Le coût du Hadj pour la filière gouvernementale a été fixé à 2,3 millions. Ce montant a soulevé quelques incompréhensions du fait des tarifs appliqués dans certains pays voisins. Qu’avez-vous à répondre à ces allégations ?
Thierno Amadou Omar Hass Diallo : Deux millions trois cent soixante-trois mille six cent quinze FCFA (2 363 615 FCFA), plus exactement, soit une baisse de quelques francs par rapport au Hadj 2017. Pour répondre plus explicitement à votre question, comme vous pouvez vous en douter, je ne commente pas ce qui se fait dans les pays voisins par rapport au Hadj, chaque pays ayant ses réalités propres. En outre, c’est de fausses affirmations et je vous autorise à vérifier.
Mieux, ceux qui parlent ainsi n’avaient jamais évoqué la question quand le coût était presque à 3 millions de FCFA avant notre arrivée au pouvoir ! Cela dit, malgré les nouvelles contraintes financières décidées par l’Arabie Saoudite, dont je parlais plus haut, le Mali a pu stabiliser le coût du pèlerinage 2018 pour la filière gouvernementale. Or, la logique voudrait que l’on assiste plutôt à une hausse du prix pour prendre en compte le surcoût occasionné par les nouvelles taxes saoudiennes.
Malikilé : Les pèlerins maliens sur les lieux saints sont généralement d’un âge assez avancé. Toutes choses qui représentent des défis aux plans de l’encadrement, de la restauration et de la santé. Comment votre Département veille-t-il sur ces aspects ?
Thierno Amadou Omar Hass Diallo : Vous avez raison. C’est pour cela qu’à nos yeux, c’est important de sensibiliser les pèlerins et toutes les parties prenantes en insistant sur la dimension « santé physique » pour les rites du pèlerinage. En ce qui nous concerne au niveau du ministère des Affaires religieuses et du Culte, nous avons donné des instructions fermes pour la délivrance du certificat de santé par les services compétents en la matière, qui ont déjà établi leur quartier sanitaire dans l’enceinte même de la Maison du Hadj. Le certificat en question ne doit être délivré à quiconque ne répondant pas aux critères d’aptitude physique pour effectuer tous les rites du pèlerinage, sans exception et sous aucun prétexte. Par ailleurs, nous ne choisissons pas les pèlerins, nous
Malikilé : Un message particulier aux Maliens ?
Thierno Amadou Omar Hass Diallo : Je rebondis sur votre précédente question pour inviter les Maliens à ne pas négliger les conditions physiques et l’âge à remplir pour le Hadj et à ne pas chercher à contourner les contrôles nécessaires pour ce faire. C’est même bien pour les pèlerins eux-mêmes dans la mesure où être en bonne santé physique est gage de succès du Hadj dont certains rites demandent de l’endurance physique.
Le second message est que nous ne cessons jamais d’insister sur les démarches à faire par les pèlerins le plus tôt possible pour ne pas être contrariés par le temps, la campagne étant ouverte du 19 mars au 13 juillet 2018. En effet, l’Arabie Saoudite a fixé des délais incompressibles au-delà desquels, les dossiers de pèlerins ne sont plus traités.
13 323, quota du Mali
Pour notre part, nous nous réjouissons du fait que le Mali a reçu une lettre de félicitations des autorités saoudiennes pour la réussite de son pèlerinage au titre de l’année 2017. C’est ce qui a même incité l’Arabie Saoudite à reconduire le même quota en faveur de notre pays, c’est-à-dire les 13 323 pèlerins évoqués plus haut. A ce sujet, nous avons eu droit à une mention spéciale pour l’équipe médicale de notre pays qui a pu engranger « 80 points sur 100 » en matière d’assistance aux pèlerins maliens.
Il n y a pas de concurrence entre les filières gouvernementales et privée !
Enfin, j’insiste sur un point : il n’y a pas de concurrence entre les deux filières, gouvernementale et privée. Elles sont plutôt complémentaires pour une plus grande réussite du Hadj 2018.
Cependant, il ne faut jamais oublier qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Dimension humaine oblige, justement ! Evitons donc de porter atteinte à l’image du Mali pour des questions de personne ou des intérêts personnels.
NB : Le chapô et les intertitres sont de la rédaction.
Réalisée par Malikilé