Le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko : « La performance des finances publiques se consolide grâce à la reprise totale de la coopération avec les PTF »

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Dans cette interview exclusive qu’elle a bien voulu nous accorder, le ministre de l’Economie et des Finances nous donne un aperçu sur la santé des finances publiques avant d’évoquer les dettes extérieures et intérieures du Mali, de donner une photographie des fondamentaux de l’économie malienne et d’en dégager les perspectives d’avenir

 

 

 

Ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko
Ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko

Comment se portent les finances publiques du Mali au sortir de la grave crise sécuritaire et sociopolitique que notre pays a connue ?

La performance des finances publiques se consolide grâce à la reprise totale de la coopération financière  avec les partenaires techniques et financiers surtout ceux qui se sont engagés à soutenir le Mali à la Conférence de Bruxelles. A cet effet, le budget intitialement voté en décembre 2012 a fait l’objet de mofication à la suite d’une loi de finances rectificative pour intégrer les financements extérieurs et prendre en compe la relance de l’économie  et les priorités du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP) à moyen terme (2012-17) ainsi que le Plan pour la relance durable pour 2013-14 (PRED).

 

 

 

A la faveur de la Conférence des donateurs pour le Mali, qui s’est tenue à la mi-mai 2013 à Bruxelles, les Partenaires techniques et financiers avaient annoncé à notre pays une enveloppe totale de 2 300 milliards de FCFA pour l’aider à sortir de la crise et à relancer son économie. Six mois après, où en êtes-vous dans la mobilisation et  de ces fonds ?

Effectivement, le 15 mai dernier à Bruxelles lors de la Conférence « Ensemble pour le renouveau du Mali », notre pays a bénéficié d’un élan de solidarité de la part de la communauté internationale qui a fait une annonce de contribution d’environ 2 300 milliards de FCFA  pour appuyer les efforts du gouvernement à travers la mise en œuvre du Plan de Relance économique Durable du Mali pour la période 2013-2014. Six mois après cette grande Conférence, il s’est tenu à Bamako le 7 novembre la première réunion du groupe de suivi international de la Conférence de Bruxelles. Cette réunion a permis de montrer que les décaissements engagés via le Budget d’Etat, à ce jour, représentent 95 milliards de FCFA d’Appui Budgétaire déjà décaissées et  104 milliards en cours de décaissement. Pour ce qui concerne les projets d’investissement, l’aide humanitaire et l’appui à la stabilisation du pays, en raison de la complexité des arrangements financiers devant mener à leur décaissement, nous avons convenu avec nos partenaires extérieurs de procéder à leur évaluation. Cet exercice a pour objet de déterminer clairement les montants affectés au financement de l’humanitaire et des missions de stabilisation des Nations Unies et de l’Union Africaine et ceux allant aux activités de développement. Pour améliorer ce niveau de décaissement et maintenir cet élan de soutien en faveur du Mali, nous avons envisagé avec nos partenaires au développement d’organiser  une seconde réunion du groupe de suivi international en février 2014 à Bruxelles en vue de faire le point sur les décaissements.

 

 

 

Qu’en est-il de la situation de la dette intérieure dont le paiement, en boostant la consommation, peut efficacement participer à la relance de l’économie ?

Il convient de souligner que les arriérés sur les mandats budgétaires de 2012 ont été réglés en 2013 par le Gouvernement. Egalement, le Gouvernement a engagé un cabinet pour effectuer un audit des arriérés intérieurs accumulés par l’Etat à la suite du gel des dépenses après le coup d’Etat de 2012. Le Cabinet rendra ses conclusions en décembre 2013 et le Gouvernement a inscrit une provision de 20 milliards de FCFA pour rembourser les arriérés confirmés par l’audit dans le PLF 2014. Le paiement des arriérés participe à l’amélioration de  la situation de trésorerie du secteur privé ce  qui leur permet d’augmenter leur volume d’activité et honorer leur engagement vers le secteur bancaire dont ce dernier pourra continuer de faire des crédits à l’économie. Ce qui participe à la relance économique.

 

 

 

 Quid de la dette extérieure ?

 

Selon les chiffres, le ratio dette extérieure rapporté au PIB serait en légère hausse passant  de 25,7% en 2012 à 26,2% en 2013. Mais pour le ratio de la dette extérieure rapporté au PIB ce dernier serait en baisse passant de 4,1% en 2012 et 3,4% en 2013. La dernière analyse de viabilité de la dette effectuée avec les services du FMI et de la Banque mondiale a conclu que le risque de surendettement du Mali reste modéré. Cette analyse confirme également que la viabilité de la dette reste fort sensible aux cours de l’or (qui concentre les ¾ des exportations et dont la production diminuera à moyen terme), aux conditions financières de l’endettement, et à la poursuite de politiques budgétaires soutenables.

 

 

 

Pouvez-vous nous donner une photographie des fondamentaux de l’économie malienne ?

En 2013, la croissance réelle du PIB devrait reprendre pour atteindre 5,1 pour cent contre une croissance nulle en 2012. Cette reprise en 2013 est imputable à la croissance soutenue attendue dans presque tous les secteurs de l’économie à la suite de l’amélioration de la situation sécuritaire et de la reprise de l’aide. L’inflation devrait se situer à moins de un pour cent sur l’ensemble de l’année.

Quant aux perspectives macroéconomiques du Mali, elles s’annoncent favorables en raison du rétablissement de la sécurité, du succès des élections présidentielles et d’un retour massif des partemaires au développement. Ce retour des bailleurs de fonds devrait permettre une accélération de la croissance du PIB en termes réels à 6,6 pour cent en 2014 et de 5,5 pour cent en 2015 et 2016 grâce aux effets sur les secteurs de la construction et des services. Aussi, l’inflation devrait être maintenu en dessous du critère de convergence communautaire de 3 pour cent par an en raison de la mise en oeuvre  d’une politique monetaire et budgetaire prudente sous l’hypothèse d’une pluviometrie favorable.

 

 

Comment voyez-vous l’avenir de l’économie malienne ?

Après avoir subi une crise sécuritaire et sociopolitique sans précédent en 2012, l’économie malienne a montré une résilience tout en enregistrant une croissance presque nulle soit -0.4% ceci grâce à la bonne tenue de l’agriculture et du secteur minier. Ces deux secteurs représentent aujourd’hui une part importante de notre économie. A l’avenir, l’économie continuera de bénéficier des avantages de ces secteurs même si une diversification s’avère nécessaire pour développer la chaine des valeurs pour l’agriculture et promouvoir l’industrie agroalimentaire.

 

 

De plus, pour obtenir une croissance forte et soutenue, notre pays doit œuvrer  pour la stabilité et la sécurité gage de confiance pour inciter les investisseurs à exploiter les potentialités économiques du pays. Aussi l’apport massif des financements extérieurs attendus des partenaires au développement permettra de réaliser des infrastructures qui profiteront au secteur privé et assureront également un meilleur accès aux secteurs sociaux pour les populations vulnérables.

 

 

 

 Vous tablez sur un taux de croissance d’environ 5% en 2013. D’où tirez votre optimisme ?

Notre optimiste pour le taux de croissance d’environ 5% en 2013 se fonde  d’abord sur les perspectives de la campagne agricole. En effet l’agriculture contribue au produit intérieur brut (PIB) pour environ 40%. De plusles évolutions favorables au  plan politique et sécuritaire mais également l’effet de l’aide promise lors de la conférence des bailleurs de fonds soutiendront  la relance de l’économie malienne.

 

Avez-vous un appel à lancer ?

  Le Mali sort progressivement de la crise. La croissance économique est de retour avec une rapidité inespérée. Nous devons poursuivre les reformes et mener une politique budgétaire prudente pour consolider cette reprise économique à travers une bonne utilisation des ressources intérieures et extérieures.     Nous fondons beaucoup d’espoir  sur la reprise des projets d’investissements afin qu’ils puissent permettre d’améliorer les conditions de vie des populations.

 

 

Interview réalisée par

Interview réalisée par Yaya Sidibé

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4 COMMENTAIRES

  1. Un grand principe pour un pays ou un individu doit etre “lorsqu’on veut te faire mordre le sol,il faut sauter puis bondir”.Nous avons une bonne tete aux Finances.Je conseille au Ministre qu’au lieu d’etre au conseil de vieilles recettes,d’etre innovatrice.Comme les pays de l’Afrique Australe et de l’Afrique de l’Est,nous devons lancer le Mali dans un processus de croissance rapide.Pour cela,nous devons valoriser nos ressources naturelles avec des partenaires au developpement,BRIC, pour non seulement realiser les infrastructures
    requises,transport,electricite,industries de base,mais former les maliens au travail des metaux et developper parallelement avec les agro-alimentaires et agro-industrielles les industries metalliques et manufacturieres.Nous arriverons a ce but si nous comprenons le role des jeunes Maliens et Africains specialises dans l’ingenierie financiere.Appuyons leurs efforts et encourageons les dans la creation des grands projets prives pour appuyer les efforts de l’Etat.

  2. Vraiment c’est une ministre valable qui maîtrise bien ses données , et puis elle a un bon gardien de but à la personne du directeur national du trésor, bravo et du courage pour vos missions

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