Né le 3 janvier 1958 à Gangabéra, il est diplômé d’ingénieur des Sciences Appliquées de l’Institut Polytechnique Rural (IPR), avec pour spécialité Agriculture et Génie Rural. Après plusieurs formations au Mali et à l’étranger, le ministre Ousmane Ag Rhissa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, acquiert plusieurs spécialités, entre autres en sociologie rurale, en environnement, en développement local, en écotourisme, pour ne citer que ceux-ci. Il n’est pas un inconnu des départements ministériels, puisqu’il a été chef de cabinet du ministère de l’agriculture, chargé de missions au ministère de l’Industrie, des investissements et du commerce. Il fut également l’interface entre son département et ceux de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de l’artisanat et de tourisme en matière d’amélioration de chaînes de valeur des filières agricoles stratégiques. C’est un Homme généreux, humble, respectueux et jovial que nous avons rencontré. Il nous a accordé un entretien dans lequel il nous a énuméré son plan d’action, avec comme stratégie majeure, la communication, mais surtout ses propositions par rapport à l’amélioration des conditions de séjour des pèlerins au Hadj.
L’Indépendant : Le ministère a-t-il déjà son plan d’action ? Si oui quel est le premier chantier de M. le ministre ?
Le ministre a ses idées sur la gestion de son département. A partir du moment où vous êtes nommés ministre de la République et qu’on vous confie un département, la première chose est de réfléchir à sa stratégie d’intervention. Je suis nommé ministre de l’Artisanat et du Tourisme dans un contexte tout à fait particulier, dû à la crise que traverse notre pays. Notre département est sérieusement affecté et les acteurs connaissent d’énormes difficultés.
Alors, ma première priorité est de trouver des moyens afin que ses acteurs retrouvent l’espoir. Car, leurs activités tournent au ralenti. Bref, les sources de revenus sont quasi-inexistantes pour le moment. Ma deuxième priorité, qui est d’ailleurs rattaché à la première, est basée sur la communication, car notre secteur a besoin de visibilité. Le tourisme sans communication et sans visibilité adéquate ne saura être la vitrine de notre pays.
Vous avez rencontré les professionnels du secteur de l’Artisanat et du Tourisme et les responsables des agences de voyage. Quel était l’objectif de cette rencontre ?
C’était une rencontre de prise de contact pour se connaître et de recueillir les doléances prioritaires des uns et des autres. A la fin de cette rencontre, j’ai engagé l’ensemble de mes collaborateurs et partenaires à travailler d’arrache-pied pour que, très rapidement, il y ait des résultats concrets. Tous savent que nous avons des gros défis qui nous attendent.
En cette période de crise que traverse le pays, quelles sont les stratégies que vous allez utiliser pour convaincre les touristes à revenir au Mali?
Pour faire venir les touristes, il y a deux choses à faire. Il faut tout d’abord que le Mali en général, et le Nord en particulier retrouvent sa paix d’antan et pour cela, le gouvernement est à pied d’œuvre avec l’appui de nos partenaires, la Cedeao, l’Union africaine et la Communauté internationale pour le retour de la paix dans un bref délai. La preuve, le président de la République par intérim a d’ailleurs déjà lancé des actions dans ce sens et c’est extrêmement important à signaler que ce sont des actions soutenues par le peuple malien.
Je suis convaincu qu’à la suite de cette requête du président de la République, toutes les conditions seront remplies pour que très rapidement, les régions du Nord soient libérées et qu’on puisse réinstaller l’administration et les secteurs de développement de notre pays.
Et la deuxième chose, c’est de dire aux touristes que bien que les régions du Nord soient occupées, le Mali possède d’autres régions qui regorgent d’énormes potentialités touristiques et artisanales immenses. Et ces régions réunissent toutes les conditions possibles, avec autant de richesses que celles du Nord. Certes, il faut trouver des moyens adéquats pour convaincre les touristes à se diriger vers d’autres régions du Mali.
Justement, est-ce difficile de nos jours, parce que le tourisme malien a longtemps été basé sur le triangle Tombouctou-Gao-Mopti. Et comme ces régions sont occupées par les intégristes, il faut penser au nouveau marché?
Effectivement, cela rentre dans l’une de mes priorités qui est de faire en sorte que très rapidement dans ces parties du pays qui ne sont pas occupées, qu’on puisse mettre en marche des actions dans le secteur du Tourisme et de l’Artisanat, afin que les touristes soient désormais orientés dans ces régions.
La destination Mali était très prisée avec ses sites historiques. La majorité de ces sites ont été détruits. Quelles sont les stratégies pour sauvegarder le reste des sites ?
Les populations locales doivent jouer un rôle très important à ce sujet. Comme elles le font déjà d’ailleurs, en s’opposant à toutes sortes de destructions et en sauvegardant ce qui n’a pas été touché. Sur place par exemple, nous avons notre agent de l’Omatho à Tombouctou qui est notre point focal et qui joue d’ailleurs un rôle extrêmement important. Il se bat corps et âme, malgré tout, pour la sauvegarde de nos sites. Je profite d’ailleurs de vos colonnes pour le féliciter pour tous les sacrifices dont il a fait preuve. Malgré les intimidations, il est resté sur place.
Alors êtes-vous favorable au e-tourisme ou aux tours operators étrangers qui choisissent la destination des touristes ?
Certes les tour-opérateurs ont fait leur preuve, mais on devrait également se diversifier. Je suis favorable au développement du e-tourisme car on peut donner la possibilité dans ce cas à chacun de faire le tourisme à son choix.
Il y a un sujet brûlant qui est celui du pèlerinage à la Mecque. Les responsables d’agence de voyage se disent lésés dans l’organisation, prise en otage par le ministère de l’Administration territoriale, cette organisation qui touche pourtant aux activités de votre département. Qu’est ce qui se passe?
L’organisation du Hadj a longtemps été faite par l’administration territoriale. Mais, à un moment, il y a eu la parution des agences privées spécialisées dans le domaine du transport, de voyage, etc. Et la création de ces agences a pris de l’ampleur à tel point qu’en 2012 par exemple sur les 8000 pèlerins prévus pour le Mali, il ya que 15% dans la filière gouvernementale et les 85% sont dans le privé, donc au compte des agences de voyage. C’est pour vous dire l’importance de ces agences dans l’organisation du Hadj.
C’est vrais, qu’ils se disent lésés parce que l’Etat ne s’occupe pas d’eux et qu’ils sont abandonnés à eux-mêmes lors des voyages. Je peux avouer que les pèlerins de la filière privée connaissent beaucoup de difficultés en termes d’hébergement, santé, transport, etc. Ce sujet n’est pas passé inaperçu dès ma prise de fonction. Et tout de suite, j’ai rédigé une correspondance à mon collègue de l’administration territoriale avec ampliation au Premier ministre, dans laquelle, j’ai déploré cette situation que je ne trouvais pas juste.
Ensuite, j’ai fait des propositions pour améliorer un certain nombre de choses. Déjà, pour cette campagne, et ensuite pour que lors des prochaines éditions, l’ensemble des pèlerins maliens que ce soit de la filière gouvernementale ou privée soient dans les bonnes conditions. Et j’ai de l’espoir que ça ira dès les prochaines éditions.
Les pèlerins se plaignent aussi chaque fois des conditions déplorables auxquelles ils sont soumis lors de leur voyage. Pouvez-vous nous énumérer quelques propositions de votre courrier ?
Au niveau de la Commission du Hadj, par exemple, mon département qui est sous la tutelle de ces agences de voyage n’a qu’un seul représentant. Et c’est ce dernier qui doit s’occuper de plus d’une trentaine d’agences de voyage. Vous voyez que là, déjà , il y a problème. J’ai proposé qu’à l’intérieur de cette Commission nationale de l’organisation du Hadj se trouvant au ministère de l’Administration territoriale, qu’on créée une sous-commission composée des personnes de mon département.
Pour cette année, j’ai proposé qu’il y ait au moins trois ou quatre personnes qui seront membre sde la Commission nationale et de la sous-commission en charge du secteur privé. Et les membres de cette sous-commission, nous dresserons un rapport au retour du Hadj et nous ferons des propositions concrètes qui vont améliorer l’organisation des éditions futures.
Quid de la fermeture des bars et hôtels de Bamako par les islamistes qui les jugent peu conformes à la religion, mais aussi aux mœurs et aux traditions maliennes. Ont-ils se droit?
C’est un sujet délicat. Mais, à ce que je sache, le Mali est un Etat laïc, démocrate et social. Mais, quand on voit des bars par exemple à côté des mosquées, ça ne fait pas une bonne image et on pense que c’est de la provocation. On gagnerait à mieux gérer au niveau de la localisation et cela devrait se faire au moment de délivrer l’autorisation d’ouverture, se rassurer que l’ouverture des bars et hôtels ne gênera personnes.
Le secteur hôtelier a pris un grand coup. Celui de l’Artisanat est dans un état de coma ? Bref le tourisme et l’artisanat maliens sont dans un état agonisant. Quelle stratégie pour soutenir les acteurs de ce secteur qui se battent pour leur survie ?
Le secteur n’est pas dans l’agonie, encore moins dans le coma. Il y a les difficultés certes, on le reconnait, mais on est en train de travailler afin de trouver des stratégies qui puissent permettre aux acteurs de survivre.
Comme première action que nous avons entreprise avec le premier ministre, c’est qu’il puisse nous aider à payer en partie les arriérées de factures de l’Etat aux hôteliers afin qu’ils puissent se maintenir en attendant les jours meilleurs. Comme d’autres actions, je suis en pourparler avec mon collègue de l’action humanitaire pour voir ce qu’on peut faire pour les artisans et les hôteliers dans le cadre du mois de la solidarité et d’autres actions suivront.
Votre mot de la fin ?
J’arrive dans un secteur durement touché par la crise, d’où un grand défi qui nous attend. C’est pourquoi j’appelle à la solidarité nationale et à nos partenaires, je dis que certes les régions du Nord sont occupées, mais on peut travailler pour les artisans, les hôtels, etc et aux acteurs du secteur de garder espoir et surtout ne pas baisser les bras. Il faut travailler afin de relever les défis. Nous soutiendrons les acteurs de ce secteur et ferons en sorte que l’artisanat malien soit présent en Afrique.
Déjà, nous sommes en train de prendre les dispositions afin qu’un maximum d’artisans maliens soient présents au salon international des artisans de Ouagadougou (Siao), afin d’exposer leurs produits. Je suis très confiant que très vite, nous allons sortir de toutes ces tracasseries.
Clarisse NJIKAM
Bonjour,
Félicitations pour cet engagement et pour cette stratégie axée sur la communication.
A travers cette dernière, chacun doit aider ce secteur, artisanat et tourisme, par l’intermédiaire duquel le Mali pourra faire revenir la confiance.
En attendant des jours meilleurs, pour soutenir la stratégie de ce ministère, le e-tourisme et un portail internet du ministère pourront aider dans ce sens, attirer et fidéliser la clientèle.
Bon courage.
Dr ANASSER AG RHISSA
EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
E-mail: Anasser_AgRhissa@yahoo.fr
Depuis des années le même discours sur les stratégies pour relancer le tourisme !!! Faites appel á Mr Dissa chargé de cours en tourisme á l’IUG (université du Mali) et ancien cadre de Arts et Vie de Paris !!!! 💡 💡
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