“Le Mali devient l’Afghanistan de l’Afrique”

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 Le président du Niger, Mahamadou Issoufou, appelle à une intervention armée au nord du Mali, désormais aux mains d’Al Qaida. “L’Europe aussi est en danger”, explique-t-il.

François Hollande et Mahamadou Issoufou, le 11 juin, à l'Elysée. (Reuters)

Peut-on encore sauver le Mali?
Non seulement on peut mais on doit sauver le Mali. Ce qui s’y passe est une grave menace pour chacun de nos pays. Pour le Niger et les pays de la Cédéao (communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), c’est une question de sécurité intérieure. Mais l’Europe, et la France en particulier, sont aussi en danger car le Mali est en train de devenir l’Afghanistan de l’Afrique.

C’est-à-dire?
Aujourd’hui, des Afghans et des Pakistanais y sont présents et forment des combattants venus de toute l’Afrique de l’Ouest. Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique) a créé de nouveaux camps d’entraînement, notamment à Gao. Des Nigérians de Boko Haram y suivent actuellement une formation.

Pensez-vous que l’intervention militaire des Alliés en Libye a déstabilisé l’ensemble de la région?
C’est une évidence. La crise malienne en est l’une des conséquences. La Libye est devenue un vaste magasin d’armes où divers trafiquants vont s’approvisionner. Et puis le sud de la Libye sert de base arrière aux djihadistes du Mali.

L’intervention des Alliés était donc une erreur?
Je dirais plutôt qu’il est plus important de gagner la paix que de gagner une guerre. Gagner la paix, c’est aider les autorités libyennes actuelles à asseoir leur pouvoir sur l’ensemble du territoire libyen. Les forces qui sont intervenues doivent assurer le service après-vente.

Y a-t-il toujours des armes qui arrivent au Mali depuis la Libye?
Oui, des armes légères mais aussi des armes lourdes, comme des canons de 12,7 mm et de 14,5 mm, mais aussi des missiles sol-air. Il est avéré que les djihadistes détiennent des missiles Sam-7.

Faut-il dans ce contexte négocier avec les islamistes d’Ansar Dine et d’Aqmi?
Il faut discuter avec tout le monde, y compris Aqmi ou son émanation au Mali, Ansar Dine. Seulement, il y a deux conditions à cela : ne pas remettre en cause l’intégrité territoriale du Mali ni le caractère laïque de ce pays. Si les djihadistes renoncent, ce qui m’étonnerait fort, à installer une république islamique au Mali et si le MNLA (mouvement national pour la libération de l’Azawad, autonomistes touareg) abandonne ses revendications de souveraineté sur le nord, pourquoi ne pas discuter avec eux? Pour le moment, toutes les options restent donc sur la table: les négociations et en dernier recours l’option armée. Mais le règlement du conflit est une question urgente.

Vous estimez donc qu’une intervention au Mali est devenue nécessaire…
C’est évident. Les djihadistes ont conquis le nord du Mali et si on ne les arrête pas, à terme, toute l’Afrique est menacée. Actuellement à Gao, Tombouctou ou Kidal, des femmes sont en train de souffrir. Des femmes cloîtrées, obligées de porter la burqa ! Il n’y a plus d’école pour les enfants, plus de centre de santé, plus rien. Les djihadistes sont en train d’imposer un mode de vie moyenâgeux aux Maliens, une véritable dictature. C’est inadmissible ! La communauté internationale doit le savoir. C’est pour cela que l’Union africaine et les pays de la Cédéao souhaitent qu’une résolution autorisant le recours à la force au Mali soit adoptée à l’ONU.

Le Conseil de sécurité semble réticent à appuyer votre projet…
Je ne vois pas comment il refuserait cette intervention. On sait que cette résolution nécessite beaucoup de consultations et de concertation. Cela prendra du temps. Mais il ne faut pas non plus que cela s’éternise dans des débats sans fin car les djihadistes sont en train de se renforcer. Il existe une internationale terroriste. Et n’oubliez pas : qui met la main sur l’Afrique met la main sur l’Europe.

Qui participerait à cette force d’intervention?
Les pays de la Cédéao. Des pays du champ de l’Union africaine, comme l’Algérie et la Mauritanie, seraient associés.

L’Algérie semble peu enthousiaste.
Votre propre ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs dit que les Algériens devaient se ressaisir…Cette formule a été mal comprise. L’Algérie a une tradition de lutte contre les djihadistes et il n’y a pas de raison qu’elle ne poursuive pas ce combat. L’Algérie va se mobiliser, j’en suis convaincu.

François Hollande s’est-il engagé à participer à cette force?
Même si cette crise est d’abord un problème africain, nous avons demandé un appui logistique aux Européens et aux Américains, une aide en termes d’équipements et de renseignement. Je suis sûr que la France prendra ses responsabilités.

Vous lui avez donné des nouvelles des otages retenus au Nord-Mali?
Oui, des nouvelles rassurantes. Nous en avons eu début mai. Les otages sont en bonne santé. Nous avons également transmis une preuve de vie : l’un d’eux a pu faire parvenir une lettre à sa famille par l’intermédiaire d’un de nos contacts. Nous ferons tout pour qu’ils soient libérés rapidement.

Économiquement, souffrez-vous de ce qui se passe au Mali?
Les investisseurs peuvent hésiter à investir dans la région…En dépit de cette tension, je peux dire que le Niger est en paix et en sécurité. Nous avons des investisseurs importants qui sont en train de mener normalement leurs activités au Niger. C’est le cas d’Areva, qui est en train d’investir 1,5 milliard d’euros dans une nouvelle mine à Imouraren. Elle ne viendrait pas si la sécurité n’était pas garantie.

Antoine Malo – 

lejdd.fr / samedi 16 juin 2012

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3 COMMENTAIRES

  1. Merci a notre frere du Niger, un grand fils de l’Afrique qui porte un grand amour pour sa patrie et qui a desarme les revenants de la Lybie a la frontiere alors que notre General ATT les a laisse entrer avec armes et bagages et meme leur a offert nos petits sous du tresor national pour s’installer. En tout cas mon plan de guerre est tres simple: les Nigeriens et Burkinabes attaquez par le Nord Mali, les Ivoiriens et Guinees par le SUD, les Senegalais par l’Ouest et les Mauritaniens au Nord et en 15 jours le Mali sera un pays libre et ses fronitieres respectees par tout sinon nous sommes d’accord que le Mali deviendra le prochain Afghanistan avant de devenir la Somalie.

  2. Francois Hollande c’est un ventre mou, ca m’étonnerai qu’il intervienne au Mali. Il retire les troupes francaises d’Afganistan c’est pas pour en mettre en Afrique.
    Il faudrait demander a sa compagne Valérie Turvaiiher, c’est visiblement elle qui porte la petite culotte.

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