Le maire de la commune II , Cheick Abba Niaré se confie à Aujourd’hui-Mali : “Il faut délocaliser le dépôt d’ordures de Médina-Coura”

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«Aujourd’hui, j’affirme qu’il n’ya pas d’arriéré  de salaire à la mairie de la commune II»

Dans une interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, le maire de la commune II, Cheick Abba Niaré, un élu Rpm, brosse le bilan de ses deux années d’activité à la tête du conseil communal. La problématique de la décharge de Médina Coura, les projets pour 2019…sont, entre autres, les questions abordées au cours de cette interview.

Aujourd’hui – Mali :  A votre prise de service en décembre 2016, quelle a été votre priorité ?

Cheick Abba Niaré : Bien avant de commencer les activités, c’est un message de rassemblement que j’ai adressé à l’ensemble du conseil communal, de mettre les considérations politiques et partisanes à côté et de se consacrer au développement de la commune II. A cet égard, ma première priorité a été l’assainissement.  Depuis notre arrivée, nous avons pris la question de l’assainissement à bras le corps et par la grâce du Bon Dieu nous sommes parvenus à assainir la commune. Pour preuve, un concours de ville propre a été lancé entre les différentes communes de Bamako et nous avons remporté le premier prix qui était un camion benne. Par contre l’assainissement, ce n’est pas seulement l’affaire d’un jour, c’est un travail au quotidien car ce sont des tonnes d’ordures qui sont déversées tous les jours, notamment au niveau du dépôt de transit de Médina-coura.  Donc ce n’est pas une affaire facile, mais nous sommes en train de travailler pour garder cette place de commune propre à Bamako.

Vous venez d’évoquer le cas du dépôt de transit de Médina-coura, est ce que l’existence de ce dépôt n’entache pas votre position de première de commune propre dans le district de Bamako ?

Le cas du dépôt de transit de Médina-coura, est un problème qu’il faut prendre à bras le corps. C’est pourquoi, lorsque nous avons pris les rênes de la commune, nous avons prévu dans notre Pdsec de faire tout pour délocaliser ce dépôt de transit, lequel, il faut bien le préciser, appartient au District et non à la mairie de la commune II. Cependant, comme c’est sur le territoire de la commune II, évidemment ça devient une charge pour notre commune car les gens ne font pas la part des choses. Vous-même, vous le constatez, c’est tout Bamako qui déverse ses ordures. Donc vous comprendrez aisément qu’on ne peut pas demander à la commune II, seule, de ramasser cela. Nous n’avons pas ces moyens. C’est la mairie du District et Ozone qui doivent ramasser ces ordures jusqu’au dépôt final de Noumoubougou. Mais malheureusement, sur le terrain Ozone se fait rare et est même invisible. Vous-même, vous avez fait le constat que les enseignants ont fait sortir les enfants pour protester contre ce dépôt d’ordures. Nous avons adressé une correspondance aux autorités par rapport à la situation, je pense que notre appel a été entendu et ces ordures sont en train d’être ramassées. C’est même presque fini.  Mais il faut reconnaitre que, chaque jour, ce sont des tonnes d’ordures qui sont déversées, si elles ne sont pas ramassées on risque de revenir à la case de départ.

De dépôt de transit, aujourd’hui cela concerne tout le monde, c’est pourquoi, il urge de trouver une solution idoine et pérenne. En tout cas, de notre côté, nous sommes en pourparlers avec des partenaires asiatiques pour l’installation en commune II d’une unité de transformation de ces déchets à Ngomi. C’est un projet de plusieurs milliards qui permettra non seulement de trouver une solution pérenne au problème des déchets, mais qui contribuera à la création de nombreux emplois.

C’est en 2019 que cette unité de transformation verra le jour. Une chose est sûre, quand on n’a pas une unité de transformation, ce problème de déchets va demeurer.  Par ailleurs, pour la délocalisation du dépôt de transit, nous pensons qu’il peut être situé derrière la colline de Médina-coura. Pourquoi pas même en dehors de la ville !

Cependant, il faut aussi souligner un fait par rapport à la prolifération de ces déchets, c’est l’incivisme. Certains viennent seulement déverser les déchets n’importe comment. S’il ya une situation qui ma marquée aussi ces derniers temps, c’est la fermeture de l’école de Médina-coura. Je trouve qu’il y a des motifs différents de ces ordures car le dépôt est situé entre deux écoles, à savoir le Cfp et Mamadou Diarra H de Médina-coura. Au moment où le Cfp suivait régulièrement les cours, certains ont fait sortir les enfants de l’école de Mamadou Diarra H. Au delà de cette école, ils ont fait sortir aussi les écoliers de Missira, de l’Hippodrome. Toute chose qui m’amène à dire que ce n’est pas une question d’ordures.

Donc vous pensez qu’il y a des manipulations politiques derrière cette fermeture d’école ?

Je ne sais pas et je ne saurais le dire. Mais quand vous essayez de regarder de très près, lorsque certains font sortir des enfants et leur faire dire des propos dans la rue dont eux-mêmes ne connaissent pas le sens, ce sont des choses qui donnent forcément à réfléchir.  Il faut que nous comprenions que ce pays appartient à nous tous et nous devons tous travailler pour le faire avancer. La vie d’un homme, c’est de zéro à 100 et la vie d’un pays, c’est de zéro à l’infini. Et nous sommes là pour un bout de temps. C’est pourquoi, ici, nous donnons le maximum de nous-même pour la commune. Pour preuve, lorsqu’on venait, on a trouvé une situation financière très difficile, mais comme l’administration est une continuité, nous avons géré ces problèmes sans trompette ni tambour. Nous avons trouvé ici des retards de salaire sur deux, voire trois mois, que nous avons résolus.

Donc vous voulez dire qu’à la date d’aujourd’hui, il n’y a pas d’arriéré de salaire à la mairie de la commune II ?

C’est ce que je viens de vous dire. A notre prise de service, le syndicat est venu nous voir pour dire que le personnel était à deux mois sans salaire et les caisses de la mairie étaient vides, nous sommes parvenus à résoudre ce problème. Aujourd’hui, j’affirme qu’il n’ya pas d’arriéré de salaire à la mairie de la commune II. Il faut aussi reconnaitre que le déguerpissement des commerçants a beaucoup joué sur les recettes de la mairie, mais malgré cela nous tenons. Ici à la mairie de la commune II, nous payons 39 à 40 millions Fcfa de masse salariale par mois. Et j’entends dire de gauche à droite que nous avons aussi des arriérés de 700 millions Fcfa qu’on doit à l’Inps, à l’Amo, j’affirme haut et fort que ce sont des accusations sans aucun fondement.

Et les financiers m’ont fait savoir que pour atteindre cette barre de 700 millions de Fcfa d’arriéré à l’Inps, il faut un cumul de 35 ans. Notre référence, c’est la Perception qui nous donne tous les documents et le percepteur m’a dit qu’il y a un arriéré de 33 millions Fcfa. Et ça même c’était avant notre arrivée.

Au-delà de l’assainissement et du redressement des salaires, qu’est ce que vous avez fait aussi durant ces deux ans ?

Nos actions ont toujours porté sur la santé, l’éducation, la sécurité, le développement…A savoir le bien-être des populations de la commune. Quand vous prenez la santé, nous sommes parvenus à donner une bonne image au Csref qui est notre centre de référence. Nous avons tout fait pour avoir un goudron à ce niveau. Se rendre aujourd’hui à cette structure sanitaire est de nos jours très facile, cela a été fait avec l’appui des autorités. Quand vous prenez aussi la route qui va de l’hippodrome extension à N’Gomi, nous sommes parvenus à avoir un financement, les travaux sont en cours, sans oublier le commissariat de l’Hippodrome-extension dont le chantier est très avancé et le projet Padup. Il y aura des pavages de rue dans plusieurs quartiers de la commune II pour ne citer que ceux-là. Nous sommes parvenus aussi à nouer des partenariats avec plusieurs communes dont Essonne Corbeilles en France. Le travail de la collectivité ce n’est facile, mais nous faisons notre mieux. Nous attendons aussi le transfert des compétences qui devrait être fait au plus tard en mars 2018, mais qui n’est pas toujours effectif. Ce transfert va aider les communes à se développer d’elles-mêmes. C’est vrai qu’une partie a été transférée, mais il reste beaucoup à faire jusqu’à présent.

Actualité oblige ! Des jeunes de Bakaribougou ont organisé une marche la semaine dernière pour dénoncer l’occupation des voies d’accès et des espaces récréatifs par les spéculateurs fonciers et que la mairie reste les bras croisés. Que répondez-vous ?

S’agissant de Bakaribougou, la situation est complexe, mais aussi très simple. Par contre, je suis surpris d’entendre que des jeunes font partie de ceux qui ont organisé cette assemblée générale. Pour la simple raison qu’il y a quelques mois de cela, j’ai été félicité par ces mêmes jeunes et aussi le chef de quartier de Bakaribougou par rapport à notre attitude envers ceux qui disent qu’ils ont des titres fonciers dans ces zones. Mais en réalité, ils ont des titres fonciers en bonne et due forme.

A partir du moment qu’ils ont ces documents, est-ce que nous, nous pouvons les empêcher de travailler ? Non. Dans ce cas, il faut faire en sorte que les deux camps mènent des pourparlers. Les jeunes disent qu’ils n’ont pas de voies de sortie. D’ailleurs, la jeunesse de Bakaribougou doit féliciter les autorités communales de la commune II pour la simple raison que l’ancien maire, Mamadou Diallo, qui est à la base du lotissement de Bakaribougou, avait fait des voies de sortie. A mon tour, j’ai ensuite rapproché ceux qui ont des titres dans cette zone, mais qui n’ont pas encore réalisé des travaux pour qu’ils puissent trouver un terrain d’entente afin de réserver encore des espaces pour ces voies de sortie. Chose qui n’est pas normale, mais que ces gens ont accepté. Il est temps que les jeunes laissent les gens travailler. Il faut qu’on sache que les élections présidentielles et communales sont derrière nous, l’heure est maintenant au travail.

2019, c’est dans quelques semaines. Peut-on savoir le montant de votre budget et qu’est ce qui est prévu comme activité phare ?

Le budget de 2019 se chiffre à 3 milliards 300 millions Fcfa. Pour les actions phares, c’est toujours la continuité à savoir la prise en compte des préoccupations des populations sur le plan éducatif, sécuritaire, sanitaire, l’assainissement…quand vous prenez la commune II, c’est 13 quartiers et il n’y a pas de Cscom dans tous ces quartiers, alors que la politique du gouvernement, c’est de faire en sorte que tous ces quartiers puissent avoir un Cscom. Nous avons prévu des pavages de rue, des routes et la réparation de certains goudrons et la construction d’écoles aussi.

Depuis votre prise de service à nos jours, parmi vos réalisations, quelle est votre principale satisfaction ?

Je ne dirai pas que telle réalisation est ma principale satisfaction, je suis de nature à ne pas tomber dans l’autosatisfaction. Toute chose que j’entreprends, je me dis, quelque part, que cela peut être amélioré.

Et les difficultés ?

Les difficultés ne finissent jamais. Quand vous voulez bien faire, vous allez par contre trouver d’autres personnes pour mettre les bâtons dans les roues. Il y a toujours des difficultés, mais tant qu’on ne se donne pas la main, on ne pourra pas les surmonter.

Quel appel avez-vous à lancer aux populations de la commune II ?

C’est de leur dire que nous sommes tous les mêmes fils de ce pays et nous devons travailler pour bâtir ce pays et personne ne le fera à notre place.

Réalisé  par Kassoum THERA

 

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