C’est une direction régionale des transports (DRT) en pleine mutation à Sogoniko que nous avions visitée courant semaine dernière. Qu’il s’agisse de l’épineuse question des motos tricycles, des pistes cyclables, des feux de signalisation, de la circulation des gros-porteurs, de l’obtention du permis de conduire, le tout nouveau maître des lieux, M. Mamadou Sow a bien voulu parler. Interview.
Mamadou Sow : Merci ! La gestion de ces infrastructures ne relèvent pas de la Direction régionale des Transports (DRT) ni de l’Agence Nationale de la Sécurité Routière (ANASER). Nous avons cependant un rôle d’appui conseil. La gestion des feux tricolores relève directement de la mairie du District.
Des décisions relatives à la circulation des gros-porteurs ont été adoptées. Mais selon toute évidence, elles ne sont pas appliquées au jour d’aujourd’hui. Qu’en dites –vous ?
Dans le souci de la fluidité de la circulation routière dans le district de Bamako mais aussi pour des raisons sécuritaires, les autorités régionales ont en effet pris des arrêtés réglementant la circulation des gros-porteurs. Mais aujourd’hui, il existe une autre priorité : celle de l’approvisionnement du pays tout entier et surtout de la capitale en denrées de première nécessité. Ces gros-porteurs jouent un rôle considérable dans cette optique. Ce qui explique une certaine tolérance.
– Des tricycles ont littéralement envahi la capitale avec leur corolaire de désagréments et de risques pour les autres usagers. Qu’est que la direction des transports fait concrètement dans ce sens ?
Vous savez, il y a une volonté politique à l’origine de ces tricycles. Dans le cadre de la création d’emplois, le gouvernement a fait une véritable promotion de ces engins. Il n’y a malheureusement pas eu de mesures d’accompagnement adéquates. Les services techniques des transports n’ont malheureusement pas été suffisamment impliqués. A défaut de les homologuer, nos services techniques pouvaient au moins les réceptionner et établir des mesures d’accompagnement pour ces engins.
– C’est-à-dire ?
En la matière, tous les types d’engins et de véhicules sont préalablement réceptionnés par le département des transports avant leur mise à la circulation. Cela n’a pas été le cas pour les tricycles. Autrement, nos services auraient émis des suggestions pertinentes. Question de voir s’ils sont adaptés aux infrastructures et à la circulation routière ; proposer éventuellement des critères pour les conducteurs (permis de conduire, carte grise, immatriculation, assurance et vignettes adéquates ; limitation du poids, etc.) Mais rien de cela n’a été fait. Mais aujourd’hui, nous menons des opérations de sensibilisation à l’endroit de ces nouveaux transporteurs. Et le message passe bien.
Les conducteurs d’engins à deux roues littéralement des voies principales. Serait-ce seulement pour le confort des automobilistes étant entendu qu’il n’existe pratiquement pas de pistes cyclables dans la capitale ?
Je vous le concède : le volume des engins à deux roues sur les pistes cyclables est supérieur à la capacité de ces infrastructures. Il y a effectivement un déficit de pistes cyclables à Bamako. Mais reconnaissez avec moi que les accidents ont été considérablement réduits avec moins de contact entre engins et véhicules. La police joue déterminant à ce niveau. Le plan d’urbanisation doit tenir compte de ces pistes. Nous menons des réflexions dans ce sens.
Le piéton reste aujourd’hui à Bamako, l’usager de la route le plus exposé. Quelles mesures avez-vous pris en vue de la sécuriser ?
On ne le dit pas suffisamment : Ils sont très exposés surtout dans le centre-ville où les marchands, garagistes, étalagistes, vendeurs à la sauvette, et autres, ont littéralement occupé les trottoirs. Ces infrastructures piétonnes ont été détournées de leurs fonctions primaires. Elles sont pourtant et exclusivement réservées au piéton. Mais leur gestion relève des collectivités. Aucune autre activité ne doit y être menée. Ce phénomène est à l’origine des accidents souvent mortels. Il revient aux collectivités d’assainir ce domaine. Pour notre part, la DRT est en train de jouer sa partition. Je rappelle une fois de plus que les piétons sont prioritaires dans les agglomérations.
L’obtention du permis de conduire pour automobile a fait verser autant d’encre que de salive. Il y a-t-il des changements à ce niveau ? Et si oui, lesquels ?
Avec le soutien des autorités, je pense que nous sommes parvenus à des résultats, peut-être modestes, mais encourageants quand même. L’évaluation des candidats est désormais beaucoup plus rigoureuse. Nous tenons à vérifier en effet la sincérité des dossiers fournis et veillons scrupuleusement aussi bien sur les examens théoriques que pratiques. Ce n’est peut-être pas un motif de fierté, mais le taux de réussite aux examens est désormais tombé 0 environ 60%. Il était de 97% il y a quelques mois. Bien entendu, nous souhaitons que tous les maliens obtiennent leur permis de conduire, mais dans les meilleures conditions et en toute transparence… Nous avons été bien compris par les auto-écoles… Et laissez-moi vous dire que ces écoles respectent scrupuleusement aujourd’hui les 21 jours de formation requise.
Ce n’était pas la joie de vivre et de travail à la direction Régionale des transports. Peut-on parler aujourd’hui d’amélioration des Conditions de travail ?
Ce qui reste à faire sera toujours plus important que ce qui a été fait. Mais je pense très modestement que nous sommes parvenus à des avancées notoires, c e, bien entendu avec la bénédiction du département de tutelle et de la Direction nationale.
Concrètement ?
Vous savez, en cette période de délestage, toute activité cessait à la DRT suite à une coupure d’électricité. Mais Dieu merci, aujourd’hui, nous avions pu mettre en service le groupe électrogène acquis depuis 1996. L’arrêt intempestif du service est désormais un mauvais souvenir. Aussi, l’amélioration et la sécurisation du cadre de travail constitue à ce jour, une de nos priorités… Ces mesures sont à l’origine de la sérénité dans le traitement des dossiers. Je pense que la confiance est revenue chez les cadres et agents du service. Les dossiers sont désormais suivis à la trace ; plus question pour une section de bloquer un dossier. La gestion se fait au quotidien. Nous sommes à mesure de fournir réponse à tout dossier dans les 72 heures ouvrables. Aussi, nous nous efforçons d’améliorer la communication aussi bien à l’interne qu’à l’externe.
Un message ?
Oui bien sûr ! Il s’adresse à tous les usagers dans le district de Bamako. C’est ensemble que nous réussirons le changement. Que chacun joue sa partition.
Propos recueillis par B.S. Diarra