Naïny Diabaté est une artiste musicienne, auteur compositeur, née d’une famille de griots. Cette dame douce et sympathique est une véritable bête de scène. Elle est devenue l’une des Stars incontournables de la musique malienne. Son dernier album est un véritable chef-d’œuvre qui a eu un grand succès auprès de ses fans tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Très ancrée dans le griotisme, notamment la musique traditionnelle mandingue, Naïny est aussi une dame très adorable. Il suffit d’écouter ses chansons d’amour, de justice, de paix pour s’en rendre compte. A la veille de l’élection présidentielle, cette grande cantatrice qu’on ne présente plus, a bien voulu donner ses impressions sur la situation au Nord Mali et, bien évidemment, sa carrière musicale et ses projets.
L’Indépendant Wee-kend : C’est avec un grand plaisir que nous vous rencontrons. Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de l’Indépendant Week- end ?
Je suis Naïny Diabaté, artiste musicienne, auteur compositeur. Je suis née d’une famille de griots et je chante depuis l’âge de sept ans. J’ai 20 ans de carrière avec 12 albums sur le marché discographique. J’ai commencé par le théâtre inter-quartier, ce qui m’a propulsée au niveau national. J’ai fait la chorégraphie en danse contemporaine et traditionnelle avec les jeunes de mon quartier. J’avais le choix entre la danse et le chant à un moment. Finalement, j’ai opté pour le chant.
Pouvez-vous nous parler de votre carrière musicale ?
A l’âge de cinq ans, j’ai commencé mes premières exécutions de solo de chant quand je fréquentais le jardin d’enfants de la Pharmacie populaire de Bozola (Bamako). A 16 ans, je me suis produite avec le Rail Band de Bamako avant de me lancer dans une carrière internationale. En 1976, j’abandonne l’école pour me consacrer à la troupe théâtrale de mon quartier, Bozola. En 1978, je représente mon quartier dans la troupe du District de Bamako lors de la biennale artistique et culturelle des jeunes du Mali. Je remporte, en 1977, le 1er prix de chanteuse soliste en compétition inter quartier de Bamako, signant ainsi, le début d’une ascension régulière dans la chanson malienne. En 1979, je quitte la troupe du District de Bamako pour me consacrer à une carrière solo. Je sollicite des groupes de musiciens traditionnels (cora, n’goni, balafon, bolon et tambours) pour m’accompagner. J’ai, parfois, eu recours à des orchestres modernes.
C’est ainsi qu’à l’âge de 17ans, je preste en public au village Kibaru (à Bamako) mon premier concert avec le Rail Band de Bamako. Cet orchestre qui fut le tremplin d’autres vedettes comme Mory Kanté, Salif Keita ou Djely Mady Tounkara. Depuis ce premier concert, je me suis fait un chemin au niveau national.
En 1981, j’ai pris la route d’Abidjan (Côte d’Ivoire) où, durant une année, j’ai fait des tournées à travers plusieurs villes pour imposer mon style. Mon secret fut l’harmonie de ma voix.
De retour au Mali en 1982, je suis l’invitée vedette de l’émission «grand public» de Radio Mali : “Rencontre avec les artistes”. Depuis cette date, je participe à des soirées de gala en compagnie d’autres cantatrices confirmées de la musique malienne. En 1986, ma vraie consécration internationale est lancée avec ma participation au Festival d’Avignon en France. J’ai représenté mon pays avec plusieurs instrumentalistes du Mali et de la Guinée. D’Avignon (en France), je me suis rendue à Madrid (en Espagne) sur invitation des producteurs espagnols. Lors de ma prestation, j’ai partagé la même scène avec le Nigerian Fella.
Combien d’albums compte Naïny sur le marché discographique ?
J’ai douze albums sur le marché discographique.
A quand le treizième?
Dans peu de temps. J’ai pris le retard à cause des pirates car il faut désormais aviser avant la sortie de tout album.
De quoi s’inspire Naïny pour composer ses chansons?
Je m’inspire beaucoup de mon histoire, de l’histoire de mon village et de l’actualité.
Vous êtes l’une des rares artistes maliennes qui s’explosent sur scène. C’est quoi votre secret ?
J’ai été d’abord danseuse avant d’être chanteuse. Rarement on me verra assise quand je chante. J’aime mon métier et j’adore exprimer ce que je ressens chaque fois que je chante. En un mot, je suis une bête de scène.
Si vous n’étiez pas devenue chanteuse, quel métier feriez-vous ?
Je serais une footballeuse professionnelle. J’adore le sport en général et le football en particulier.
Vous êtes un couple d’artistes. Est-ce facile de s’en sortir ?
C’est très difficile. On rencontre beaucoup de difficultés. C’est vrai que les problèmes, on les rencontre dans tous les foyers. Mais, chez les artistes c’est plus aigu car la jalousie est à son comble.
Est-ce à dire que tu n’es pas heureuse dans ton foyer ?
Non, je veux juste dire qu’il faut être fort et surtout mettre la compréhension, l’entente et la confiance en avant.
Vu tout ce qui se passe aujourd’hui dans le Nord Mali et, récemment, ici à Bamako, quel message lances-tu à nos dirigeants ?
Je n’aime pas me prononcer dans ces histoires là. Tout ce que je dis, c’est qu’on veut la paix, rien que la paix. Nous sommes une même famille et avons un même sang. Le Mali est un et indivisible.
Un mot sur la piraterie ?
C’est triste. Nous les artistes, nous sommes morts à cause de ce fléau. Aujourd’hui, nous chantons juste pour ne pas disparaitre des scènes. Sinon, nous ne bénéficions rien de notre art. Ce sont les pirates qui gagnent tout. Les dirigeants se battent pour mettre fin à cela et mon souhait est que des mesures draconiennes soient prises pour y mettre fin.
A la veille de l’éction présidentielle au Mali, quel message avez-vous à l’endroit des femmes ?
Je demande à mes sœurs de sortir massivement pour aller voter car c’est la seule manière d’avoir un président démocratiquement élu.
Naïny a-t-elle sa carte électorale ? Si oui, pour qui votera-t-elle ?
Je suis une citoyenne disciplinée. Je suis inscrite et j’ai ma carte électorale. Quant à mon candidat, c’est un secret. C’est d’ailleurs pourquoi il y a l’isoloir.
Selon une rumeur qui coure dans la ville Naïny serait enceinte. Qu’en est-il exactement ?
Je n’ai rien. Peut être c’est parce que j’ai pris du poids que les gens pensent que c’est la grossesse, sinon il n’ y a rien.
Quels sont vos projets?
La sortie et la promotion de mon 13ème album.
Un mot de la fin?
Que mes frères et sœurs mettent l’esprit du pardon en avant. Nous aimons tous ce pays et n’avons pas besoin de se sentir bousculés par quoi ou qui que ce soit.
Clarisse NJIKAM
cnjikam2007@yahoo.fr
QUE MEURT LA GRIOTTE POUR QUE VIVE L’ARTISTE. QUE MEURT LE SYSTEME SEGREGATIONISTE DES CASTES AU MALI AFIN QUE VIVE LA REPUBLIQUE AVEC UN PEUPLE, UN BUT ET UNE FOI.
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