Dans un entretien, le premier du genre qu’elle a bien voulu nous accorder, Mme Dicko Aminata B. Traoré, présidente du Réseau des Femmes du Fleuve Mano au Mali (RFFM), parle de la crise, surtout des négociations avec les groupes armés au nord du pays dont leur réseau a une expérience avérée pour ramener une paix définitive dans cette partie du pays. Aussi, Mme Dicko, affirme qu’elles sont prêtes à aider les autorités pour trouver une solution idoine. Entretien.
« Nous sommes prêtes pour apporter notre expertise » a dit la Mme Dicko Aminata B. Traoré
Mali Demain : Pourquoi le RFFM ?
Mme Dicko Aminata B. Traoré : Ce réseau a vu le jour au Mali dans le cadre de la CEDEAO et grâce à la présidente sous-régionale, notre grande sœur de la Guinée. En réalité, ce réseau qui concerne les pays qui se partagent le fleuve Mano : Libéria, Sierra-Léone, Guinée, Côte d’Ivoire, a vu le jour pour s’adonner à la recherche de la paix. Le Mali s’est vu adhéré grâce aux efforts et à l’avis de la Guinée, qui a tenu de ses vœux de nous participer ; sinon, notre pays n’est pas concerné par le fleuve Mano. De nos jours, notre présidente se réjouit d‘avoir fait adhérer le Mali à cause des résultats engrangés sur el terrain.
Nous abattons un travail titanesque
Mali Demain : De votre création en 2006, à ce jour, quel bilan dressez-vous ?
Mme Dicko Aminata B. Traoré : Certainement que nos activités ne sont pas visibles mais, au fond, nous abattons un travail titanesque dans la recherche de la résolution des conflits ; surtout celui qui frappe notre pays. Pour preuve, en 2006, nos agents se sont impliqués dans la gestion de la crise. Pour mieux réussir notre mission, nous avons implantés des bureaux dans les capitales régionales. Mais surtout à Kidal que notre Sous antenne est très efficace.
Mali Demain : Pour quoi Kidal ?
Mme Dicko Aminata B. Traoré : Le choix d’une sous-antenne dans cette ville est du au fait, que nous avons des liens profonds là-bas. C’est pour cela que ce qui est arrivée, nous le savions et avions pesé de tout notre poids, en vain puisque nous n’avons pas été écouté. Et pour parer à cette éventualité, la sous-antenne a été mise en place à Kidal où des sœurs travaillaient d’arrache-pied pour éviter le pire.
Notre particularité est de s’associer à la gestion
Mali Demain : Est-ce cette sous-antenne qui fait votre particularité ?
Mme Dicko Aminata B. Traoré : La particularité de notre réseau est de s’associer à la gestion de la paix à travers des rencontres intercommunautaires ; la lutte contre la prolifération des armes légères. C’est cette forte implication qui a valu un diplôme de participation de notre réseau pour la bonne qualité de notre travail ; aussi, les rencontres communautaires organisées par les trois régions. L’ONU n’est pas restée en marge pour nous féliciter et encourager.
L’initiative du Chef de l’Etat est bonne
Mali Demain : Comment voyez-vous la nouvelle dynamique qui vient d’être enclenchée par les nouvelles autorités afin de relancer les pourparlers avec les groupes armés au nord du, pays ?
Mme Dicko Aminata B. Traoré : Vous savez, l’initiative du Chef de l’Etat, S.E.M. Ibrahim Boubacar Kéïta, est bonne car, elle permet aux fils du pays de se parler en famille. Et par ce procédé, il tire les leçons du passé. En clair, les discussions en interne sont plus bénéfiques pour notre pays parce qu’il s‘agit d’échanges entre nous afin de laver le linge sale en famille. En tout cas, cette vision du Président IBK est à saluer. Et tous els fils du pays, à l’unisson devrions s’associer à lui pour réussir ce pari. Le premier du genre puisqu’il est inclusif et se déroulera à la Maison Mali. Qui dit mieux ?
Nous sommes-là pour apporter notre expertise
Mali Demain : Comment voyez-vous donc l’avenir de ces pourparlers et du mali en gros ?
Mme Dicko Aminata B. Traoré : Je rappelle que nous sommes-là pour apporter notre expertise en matière de résolution des conflits. Et nous sommes à la disposition de notre pays et du couple présidentiel car, en rappel, la première dame est notre marraine. Nous avons de tout temps et tout lieu travaillé comme cela. C’est fort de notre expérience tirée de la résolution du conflit qui a secoué le bassin du fleuve Mano où notre organisation a joué un rôle prépondérant pour ramener une paix définitive, ici, pour notre pays, le réseau est disposé à aider nos autorités. En guise de rappel, l’une de nos interventions est par exemple, nos conseils et appuis aux trois Chefs d’Etats du fleuve Mano ( feu Général Lansana Conté : Guinée-Conakry, Charles Taylos du Libéria, Tijani Kaba , Sierra-Léone lors de la rencontre de Rabat sous l’égide du roi Mohamed VI du Maroc en 2003) qui nous ont donné carte blanche pour trouver une résolution définitive au conflit fratricide qui a déchiré la région. Je rappelle donc que la feuille de route qui a permis de ramener la paix, est venue du Mali. Aussi, la même année, le réseau a eu le prix des Droits de l’Homme de l’ONU. Donc, pour cette crise, nous comptons apporter notre expertise. Il faut ajouter que lors de la transition, nous avons rencontré tous les Ministres sur instruction du Président Dioncounda Traoré, pour apporter notre soutien et nous impliquer afin de ramener la paix au nord du pays. D’ailleurs, le Président de la Transition que je salue et remercie pour son dévouement pour notre lutte avait instruit au gouvernement de nous trouver un siège comme cela est effectif dans tous les pays membre du réseau, en vain, malgré toutes nos démarches. En tant que partenaire de l’Organisation des Femmes Africaines de la Diaspora (OFAD), notre réseau se bat avec ses maigres moyens. En tout cas, la représentation du Mali. Nous venons d’être invité à Paris pour participer à une rencontre dont le thème de cette année est : « L’Entreprenariat féminin ». Le Mali est invité à cette importante rencontre.
Aux, autorités de nous associer…
Mali Demain : Quel est votre dernier mot ?
Mme Dicko Aminata B. Traoré : Je demande aux autorités de nous associer afin que nous nous rendons utile à notre pays et à la sous-région Ouest-Africaine parce que notre crise est sous-régionale, africaine et internationale. Pour ce faire, nos sœurs de la sous-région sont prêtes à venir nous prêter main forte. Nous lançons un vibrant appel au Président de la République, puisque nous sommes membre de la Commission de réconciliation à Kidal, pour le rencontrer afin de l’appuyer dans ses actions quotidiennes de trouver une paix définitive au Mali. C’est vrai que notre réseau s’est aussi distingué dans la résolution des conflits de Banabougou et de Siradjouba. Aujourd’hui, notre casse-tête demeure le problème de siège et de moyens.
Propos recueillis par Bokari Dicko
Est ce que le fleuve Mano traverse le Mali? Quel est notre intérêt à être de ce reseau?
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