Au regard de l’actualité brûlante récente du meurtre d’une dame à Badalabougou et de celui d’une autre à Baguinda, toutes les deux par leurs époux, comme d’autres (il y’a quelques mois de cela dans la ville de Bamako), nous avons approché la présidente de l’Association Espoirs d’Enfance, Mme Kady Daphné Stella Delpisso, pour recueillir ses impressions sur ce nouveau phénomène barbare. Pour elle, la justice doit appliquer la peine capitale à l’encontre de ces criminels qui écourtent la vie de leur conjointe et rendent orphelins leurs enfants.
Le Sursaut : Vous pouvez nous présenter votre association ?
Kadidiatou Daphné Stella Delpisso : L‘association Espoirs d’enfance a été créée il y a trois ans de cela. Notre cheval de bataille est principalement les femmes et les enfants. A savoir promouvoir une meilleure condition de vie pour les femmes et les enfants.
Le Sursaut : Au regard de l’actualité brulante qui fait cas de meurtre de femme, en tant que présidente quel état d’âme cela vous fait ?
Kady Delpisso : je suis frustrée. Je suis déçue. Je ne sais pas quoi dire.
Quant on parle de la violence, il faut qu’on comprenne que la violence n’est pas seulement que physique. La violence, elle est aussi morale et matérielle. Je trouve inadmissible qu’on prenne une vie qu’on n’a pas donnée. Comment on peut violenter une femme qui t’a fait des enfants ? La pitié est-elle finie aujourd’hui ?
Je pense que c’est le moment de se lever, car il faut que l’Etat comprenne que les femmes ne sont pas des objets. Il faut que les femmes prennent conscience que les enfants ont besoin d’une maman épanouie et non d’une femme sacrifiée. J’ai tellement de choses à dire que même un livre ne pourrait pas tout contenir.
J’en pleure car moi aussi je suis une femme et une mère. C’est déplorable parce que, on voit ça de jour en jour. Tous les jours on ôte la vie des femmes dans les foyers. Ce n’est pas dans le cadre d’autres types de relation, mais dans les foyers et dans les mariages.
Les femmes ont besoin de leur liberté. Nous avons besoin de notre liberté d’expression. On dit que le Mali est un Etat de droit alors nous voulons des droits pour les femmes et les enfants. C’est cela que nous demandons aujourd’hui.
Le Sursaut : vous voulez des droits pour les femmes et les enfants, pensez-vous, qu’on peut venir à bout d’un tel phénomène et qu’est ce qu’il faut faire ?
Kady Delpisso : on peut venir à bout de ce phénomène. Je pense qu’il faut éradiquer ce phénomène-là. On dit que le Mali est un Etat de droit. Il y a combien de Mariam Tounkara et de Aminata Diallo ? C’est-à-dire celles assassinées sans suite par leur conjoint.
La femme tuée n’est pas uniquement celle qu’on a tué physiquement. La femme tuée est aussi celle qui est rabaissée et celle qui n’a pas de droit. Si tu n’as pas de droit et que tu n’es pas libre, tu es mort. C’est lorsqu’on est libre qu’on peut dire qu’on a des droits. Si tu n’as pas de droit comment tu fais ?
Ce n’est pas facile. Je l’ai dit et je répète encore, c’est seulement l’Etat. On a besoin des droit pour les femmes et les enfants. Est-ce que si la femme ou l’enfant poignardé avait des droits, le seraient-t-ils ?
Après de tel acte, quand on condamne l’homme le mari criminel à 10 ou 15 ans de prison, cela ne va pas ramener la femme. Il faut une peine plus lourde. Il faut une peine de mort. On est désolé. Nous les femmes, nous ne sommes pas des objets. Quand il y a des droits pour la femme, les hommes tentés de se livrer à certains comportements sauront que c’est un Etat ou la femme peut soulever la tête.
Aujourd’hui dans notre pays, la femme est malmenée, ostracisée et assassinée sans réelle justice. Les enfants sont tués et abandonnés.
Par exemple le récent cas de cette maman, qui est partie en laissant derrière elle 4 enfant dont un qui a été poignardé. Maintenant les enfants se retrouvent sans maman et sans Papa. C’est triste.
Le Sursaut : Quelles sont les perspectives de votre association ?
Kady Delpisso : les perspectives de notre association, Espoirs d’enfance sont énormes. Dans un premier temps nous envisageons de changer le statut de l’Association en ONG (Organisation Non Gouvernementale) pour établir de partenariats avec d’autres ONG et structures publiques afin d’accroitre nos initiatives de prise en charge des enfants abandonnés.
Dans un deuxième temps, en collaboration avec d’autres ONG, nous voudrions accentuer nos efforts pour accentuer la sécurisation des enfants, surtout ceux souffrant avec un handicap, notamment les enfants Albinos. Cela, pour qu’ils ne soient pas victimes de ces nouveaux criminels qui émergent dans le domaine de meurtre des enfants.
Et dans un troisième temps, nous voudrions organiser des sessions de formation à l’endroit des femmes victimes de violences conjugales pour leur rassurer une meilleure réinsertion sociale.
Je ne pourrais tout cité, mais encore une fois, nous restons solidaires aux enfants et femmes victimes de la barbarie.
Propos recueillis par Mimi Sanogo