… Avec le jeune artiste Issiaka Ba dit Amkoulel : “Mon ambition avec l’application Yeko, c’est de faire découvrir davantage notre pays à nos compatriotes “

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“Avec le rap, la nouvelle génération arrive à générer des revenus conséquents ce qui n’était le cas à notre époque “

Dans une interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, Issiaka Ba dit Amkoulel, artiste-musicien, auteur, producteur, directeur de festival, aujourd’hui directeur de la chaine Africom TV, explique sans détour sa longue et riche carrière d’artiste, son passage aux Etats Unis à la Voix de l’Amérique, ses ambitions avec son projet de l’application Yeko, sa vision du rap malien et dévoile son rappeur préféré. Lisez plutôt.

Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Issiaka Ba: Je m’appelle Isssiaka Ba, plus connu sous le nom d’Amkoulel, artiste-musicien, auteur, producteur, directeur de festival,  etc…

Et comment se passe votre carrière pour pouvoir concilier tout cela ?

J’ai commencé par une carrière musicale, par ailleurs je vous informe que je suis juriste de formation pour avoir  fait des études de droit. J’ai évolué au Mali, ensuite en France. Le dernier projet sur lequel j’ai travaillé est le Festival international de Sélingué dont je me suis occupé de la conception et de la direction artistique. Cette manifestation culturelle, dès sa première édition, s’est classée comme le troisième festival du Mali. Ce sont plus de 10 000 personnes qui  ont pris part à cette  première édition. Et pourtant c’est en trois mois seulement que mon équipe et moi l’avions organisée. Après ce festival, j’ai eu à animer Case Sanga 2. C’est après cette aventure que  je suis parti  à Washington aux Usa  pour travailler pour la voie de l’Amérique où j’étais producteur multimédia. Je suis resté là-bas durant  deux ans,  au cours desquels j’ai eu à travailler pour le service bambara, le département francophone de la Corne de l’Afrique et  je donnais des coups de main à d’autres services Asie, etc…

Par ailleurs,  je suis revenu au Mali pour d’autres projets, notamment le lancement de l’application Yeko, une application gratuite qui permet d’informer tout le monde de  ce qui se passe au Mali. Ces informations sont relatives aux  activités sportives, culturelles,  sortie, ciné, formation. Vous avez toutes les informations relatives à ces activités. Il y a aussi une page facebook pour cette application, laquelle a été téléchargée  jusqu’à 7 000 fois sur les téléphones portables. En plus de tout cela, nous avons aujourd’hui une moyenne de 30 à 120 téléchargements par jour. Je profite de cette occasion pour vous informer que depuis quelques semaines je suis directeur d’une nouvelle chaine de télé appelée Africom TV. Cette chaine diffuse les informations générales. Il  y a aussi un contenu culturel, éducatif, des débats  sur des thématiques d’actualités en français, mais aussi en bambara.

Qui est le promoteur de cette chaine de télévision ?

Le promoteur c’est Sory Kemesso, un jeune opérateur économique qui se bat pour son pays. Il a vraiment des ambitions pour le Mali.

Qu’est-ce qui vous a poussé à  créer cette application ?

Cette application vient combler un vide relatif à un déficit d’informations. Bien avant Yeko,  il n’y avait aucun service permettant de donner beaucoup d’informations utiles au Mali. A savoir  les séminaires, des stages de formation, des colonies de vacances, des concerts, des débats politiques.

Quelles sont vos ambitions avec cette application ?

Mon ambition, aujourd’hui, c’est de faire découvrir davantage notre pays à nos compatriotes. C’est vrai que le Mali est en train d’évoluer, il faut qu’on soit en mesure d’utiliser les nouveaux outils, à savoir les nouvelles technologies pour pouvoir répondre à un  certain nombre de nos besoins.

Toutes les annonces sur cette application sont gratuites, mais les personnes qui désirent que leurs produits soient vus plus que les autres, à travers une vraie promo, doivent mettre la main à la poche. Ça varie en fonction de la périodicité de la publicité.

Pourquoi le nom Yeko ?

J’ai donné le nom Yeko,  parce que c’est une application malienne. Il faut à cet égard donner un nom Malinké comme  Yeko ou Yeko fokoban.

La particularité de cette application, c’est que  celui qui la consulte est obligé de sortir de chez lui pour aller soit s’instruire à travers des informations qu’elles véhiculent sur les formations  ou se divertir car vous aurez toutes les programmations cinématographiques, les festivals…

Êtes-vous satisfait de ce projet ?

Je suis très satisfait aujourd’hui parce qu’en quelques mois, nous avons eu plus de 40 000 followers sur facebook, on a plus de 7 000 utilisateurs sur les téléphones. Du côté finances, nous gardons aussi de l’espoir car quand on  crée une entreprise,  pour les deux, voire trois premières années, il faut s’accrocher. Déjà, il y a des partenaires qui sont très intéressés par çà. C’est pourquoi,  j’ai ouvert le capital pour que d’autres personnes nous rejoignent.

Quand cette application a-t-elle été lancée?

Elle a été lancée le 2 juillet 2016. Je n’ai pas fait d’annonce officielle autour de cela, j’ai juste utilisé facebook et une chaine sur youtube, comme c’est une application qu’on doit télécharger ce qui veut dire qu’elle s’adresse en premier lieu aux gens qui utilisent l’outil informatique ou les réseaux sociaux.  Lors du lancement sur youtube, nous avons pu constater 200 000, voire 300 000 vues et après je vais faire d’autres communications. Mais mon désir est que les gens se l’approprient et le portent eux-mêmes. Car je suis convaincu que, dès qu’ils vont trouver leurs intérêts dedans, l’information va passer de bouche à oreille.

Peut-on savoir pourquoi vous avez laissé la musique qui vous a servi de rampe de lancement ?

Non, je n’ai pas laissé la musique. C’est  vrai qu’on m’a vu rarement au Mali en tant qu’artiste sur scène. Je vous informe que  les cinq derrières années, j’étais toujours en France et aux Etats Unis. Je suis revenu au Mali pendant la période Case Sanga  et le festival international de Sélingué. Après, je suis retourné aux Usa où je donnais des conférences,  écrivais des articles pour une université par rapport au hip pop et l’éducation et la place de la musique dans notre culture. Et le rôle pédagogique que la musique représente comme préservation de notre identité. Aux Usa, j’encadrais  des jeunes artistes, je donnais des concerts de temps en temps. Cependant, mes concerts je les donne par passion et pour voir comment la culture peut être utilisée dans un sens éducatif, mais pas pour s’enrichir. Sinon aux USA, j’ai joué avec un groupe de  rappeurs engagés de différents pays dans une salle mythique et c’était la première fois qu’on réserve cette salle à des rappeurs. J’étais avec  un rappeur très engagé de la Palestine, un rappeur tunisien qui a contribué au lancement du printemps arabe dans son pays avec sa musique et  un rappeur égyptien.

Comment voyez- vous le rap malien aujourd’hui?

Le rap malien est de nos jours  très riche et très  varié et  chacun y trouve son compte. C’est çà qui fait aujourd’hui sa beauté. Autre motif de satisfaction avec le rap malien, c’est que la nouvelle génération arrive à générer des revenus conséquents, ce qui n’était forcément le cas à notre époque. Excepté quelques rappeurs comme moi, 95% de nos camarades n’avaient pas de cachet. Et lorsque je faisais des concerts à l’étranger, les entrées d’argent que je pouvais faire en une tournée, je pouvais faire deux ans sans gagner cela au Mali.

Aujourd’hui au Mali qui est  votre rappeur préféré ?

Ils sont très nombreux. Mais si je dois choisir entre tous ceux-ci, je pense que  c’est Sidiki Diabaté. Il n’est pas que rappeur, il chante du Rnb avec la musique mandingue. J’ai choisi Sidiki pour plusieurs raisons. Ce qu’il a eu à faire en terme de renommée de maitrise de son business, aucun artiste malien ne l’a jamais fait. Tous nos grands artistes qui ont réussi, c’était en quelque sorte sous le contrôle des grosses boites de production étrangère. Ce qui n’est pas le cas de Sidiki. Il n’a pas eu besoin de s’exiler ou de faire appel à une compétence extérieure pour être au sommet de son art. Je pense que ce détail est très  important. En plus, il n’est pas que chanteur, il est aussi auteur, interprète, compositeur et arrangeur. A cet effet, il est complet à tous les niveaux. Du début jusqu’à la fin, il n’a besoin de personne. Mais quand vous prenez des grands artistes comme Salif Kéïta, Cheick Tidiane Seck, eux aussi sont complets sauf qu’u mixage, ils font appel à d’autres compétences. C’est pourquoi je considère Sidiki comme un génie car sur le plan de la production musicale, il est unique en son genre au Mali et voire même  dans la sous région.

Et le dernier point,  c’est que Sidiki rend service à  beaucoup d’artistes pour la production de leur album.  Il compose, arrange et programme leur son. Quelque part ce n’est pas surprenant car il a hérité cela de son père. Je vous révèle au passage que son  papa a été mon premier producteur au Mali.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées durant votre carrière ?

La difficulté majeure c’est de faire voire ma vision à d’autres. Lorsqu’on est créatif, on se trouve le plus souvent en solitaire. La deuxième difficulté c’est évoluer dans un environnement vierge. Par exemple, aucune application ne propose ce que Yeko fait, les autres applications peuvent te donner une liste de salles de spectacles avec le programme, alors que Yeko peut te dire quotidiennement ce qui se passe dans le pays, peu importent la salle, le lieu, l’activité.

Aussi, quand on commençait le rap, les gens ne le connaissaient même pas et certains avaient des préjugés contre ce genre musical. Mon premier concert de rap je l’ai fait à l’âge de 15 ans avec mon argent de poche sur le terrain de basketball de Banankabougou, à côté du marché. Et aujourd’hui j’ai 37 ans. Juste vous dire que les choses et les mentalités ont évolué.

Vous êtes marié, mais avez-vous un ou des enfants ?

(Rire !). Je préfère ne pas répondre à cette question car c’est ma vie privée.

              Réalisé par A.B. HAÏDARA

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