Jean Louis Arajol, chef de file des « Républicains » français au Mali : « Je voterai Macron au second tour, car la victoire Marine le Pen engendra le chaos en France et au Mali »

5

Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder,  Jean Louis Arajol, le chef de file  des « Républicains » au Mali », président fondateur de l’Association Français solidaires,  vice président de l’ U.F.E. (Union des Français de l’ Etranger) nous parle des enseignements tirés du premier tour de la présidentielle française. Selon lui,  il va voter sans état d’âme pour le candidat  d’En marche !   Emmanuel Macron  au second tour de l’élection présidentielle.  

 

Kassoum Thera :  Votre candidat François Fillon a été éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle en France.  Certains de vos représentants parlent d’un « séisme »  électoral  partagez-vous cette opinion ?

Jean Louis Arajol :  Bien sûr !  Mais cet échec était prévisible.  Je rappelle en outre que « mon » candidat, comme vous le dites, n’était pas mon choix  lors des primaires. Car pour moi, Nicolas Sarkozy  était le seul à pouvoir concrétiser une ligne authentiquement républicaine.  Cette alternance qui, fort justement, nous tendait les bras, après le désastreux quinquennat. J’attire votre attention néanmoins sur l’attitude responsable et digne de François Fillon au soir du premier tour de cette élection.  Et je voudrais, si vous le permettez, adresser mes félicitations à l’ensemble des militants et sympathisants qui à Bamako comme ailleurs ont fait une remarquable campagne, n’hésitant pas à se rendre y compris à Kayes  à la rencontre de la communauté franco-malienne.  Permettez moi aussi de remercier toutes celles et ceux qui ont voté pour nos couleurs.  J’adresse enfin un salut fraternel et amical à celui qui fut un courageux Directeur de campagne pour cette présidentielle au Mali, Michel Darwiche, Conseiller consulaire.  Dès le lendemain du deuxième tour, nous allons nous mettre en ordre de bataille et tout mettre en œuvre pour faire gagner Erwan Davoux, que vous connaissez, un « amoureux » de l’ Afrique, un homme intègre, de terrain qui saura défendre l’intérêt de nos compatriotes à l’Assemblée nationale.

KT : Les électeurs franco-maliens votent en principe majoritairement socialiste et ils représentent une part non négligeable des électeurs.  Le terrain n’est donc pas facile ici pour votre parti. 

JLA : Ecoutez, je note  que les récents scrutins démontrent tout d’abord un changement radical du rapport de force  politique au Mali. Le PS, comme partout ailleurs en France s’effondre totalement ce qui est une première ici. Par ailleurs, et depuis l’élection de notre Conseiller consulaire l’évolution de notre mouvement sur un plan local est incontestable.  Nous tirerons les leçons de tout cela après les législatives. Pour l’heure, nous devons passer la présidentielle et éviter le pire à la France, ensuite, nous devons  nous concentrer pour faire gagner notre candidat aux prochaines échéances législatives. Quant à nos amis franco-maliens, il faut vraiment faire en sorte que les milliers d’entre eux  qui le souhaitent puissent enfin bénéficier de leurs droits civiques.  Les permanences consulaires qui sont désormais en place et pour lesquelles notre Conseiller Consulaire a milité sont une bonne chose Il faut redoubler d’efforts dans ce sens et permettre à toutes celles et ceux qui sont éloignés de la capitale d’exercer enfin leurs droits

KT :  Vous dites « éviter le pire » c’est-à-dire ?

JLA : Je n’ai pas voté pour Emmanuel  Macron au premier tour de la présidentielle  mais je préfère une démocratie malade à une politique de haine, de mépris, de rejet de la différence, d’affrontement qui puise ses origines dans les ombres les plus sombres de l’histoire de France. Pour ce qui me concerne, je suis, si je peux m’exprimer modestement ainsi, toujours du côté des résistants, pas des collaborateurs.  Je voterai donc sans état d’âme pour Emmanuel  Macron au second tour.

KT : Certains de vos amis politiques à Paris  prônent  pourtant l’abstention et le fameux « ni ni » ? 

JLA : C’est leur droit.  Ils sont libres de s’exprimer comme ils l’entendent.  Chez les Républicains, nous ne sommes ni au pays des soviets, ni au FN. Mais pour ma part, je considère qu’une abstention au prochain tour, c’est un vote pour le F.N.  Il faut donc voter en masse contre le FN, comme d’ailleurs le bureau politique de notre mouvement l’a décidé dès le lendemain du premier tour

KT : Quelles seraient selon vous les conséquences de l’’élection de Madame Le Pen à la présidence de la République Française ?

JLA :  Ce serait un cataclysme, une catastrophe économique , le chaos, tout simplement et pour la France et pour le Mali.  Imaginez un instant :  Le FN veut imposer une émigration légale de 10 000 personnes au total par an contre les presque 140 000 qui existent aujourd’hui.  D’une part c’est se moquer des gens que de laisser croire que l’on peut conjurer les problèmes macro-économiques, démographiques, et la misère humaine par de simples mesures incantatoires. Mais , surtout, vous l’avez compris, cette mesure impossible à mettre en œuvre aurait pour conséquence  de créer un clivage  politique historique entre nos deux pays frères.  La politique de visa n’est déjà pas simple pour nos amis et frères maliens.  Imaginez ce qu’elle va être avec Le Pen au pouvoir !!!  Imaginez les conséquences que des mesures telles que la mise au pilori du regroupement familial peut occasionner dans la diaspora.  La France sera alors l’ennemie du Mali en tout cas, les maliens le ressentiront ainsi et nos compatriotes seront ciblés, montrés du doigt ; ils seront de plus en plus en difficulté.  Croyez vous que le Mali puisse aujourd’hui, sans la France, faire face aux défis qui se posent à lui ? Je ne le pense pas. Nous avons besoin mutuellement de l’un et de l’autre ; le Mali a besoin de la France, la France a besoin de miser sur un continent qui est le continent du futur, n’en déplaise à ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face.  Un conflit géo politique entre le Mali et la France, c’est une faille supplémentaire dans laquelle peuvent s’engouffrer nos ennemis communs : les terroristes, les ennemis de la paix.  Voilà entre autres quels sont les risques d’une élection de Le Pen.

KT : Si j’ai bien compris, vous ne baissez pas les bras malgré la déroute électorale  des Républicains ?

JLA : Non seulement nous ne baissons pas les bras, mais nous allons redoubler d’efforts, d’énergie pour faire élire notre candidat aux législatives Erwan Davoux qui était le représentant de Monsieur Juppé pour les français de l’étranger.  C’est un gaulliste authentique.  Tous les Républicains Français du Mali feront tout   pour qu’il soit élu.  La meilleure façon d’assurer le maintien de la démocratie, c’est de ne pas concentrer les pouvoirs sur un seul homme. Il faut donc aujourd’hui, compte tenu que nous n’avons pas le choix et qu’il faut respecter le verdict des urnes, voter Macron au second tour des présidentielles et lui imposer une cohabitation en donnant à notre mouvement une majorité à l’Assemblée Nationale.  C’est la meilleure façon, également de veiller à ce que l’action du prochain président ne s’inscrive pas dans la continuité du quinquennat précédent qui est la principale cause du marasme que nous traversons.  Nous n’aurons pas une seconde chance d’éviter le pire  Nous n’avons plus le droit à l’erreur.

Propos recueillis par Kassoum Thera

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. je suis tres surpris et degoute du silence des hommes politiques au Mali, car le temps est crucial en France devant les choix, les choix qui determineront nos destinees africaines, il est temps de briser ce lien , ces lianes qui etouffent nos peuples….
    MACRON C’EST LA CONTINUITE DU SYSTEME POURI!
    MARINE C’EST LE CHANGEMENT ET LES AFRICAINS ONT CETTE CHANCE DE S’OCCUPER DE LEUR PROPRE DEVENIR! CAR LA FRANCE ELLE MEME SE CHERCHE SA DESTINEE!
    ……

  2. c’est pourquoi il s’accepte de se succeder au pouvoir comme ca .Il ny a pas de democratie en france .
    Nous au Mali Macron = sarko ds les affaire du monde .La france est submergee il faut Lepen pour mettre les choses en ordre.

Comments are closed.