A la surprise générale, la Cour Suprême a invalidé le mardi 14 mars 2017 l’élection du candidat du CNID-FYT et non moins maire sortant de la Commune de Kalaban Coro, Issa Bocar Ballo au profit du candidat de la liste RPM, Tiécoura Hamadoun Diarra. Issa Bocar Ballo, qui est à était à son troisième mandat consécutif, s’insurge contre cette décision de la Cour Suprême et demande que la victoire de son parti lui soit restituée car la grosse de la Cour Suprême n’est pas objective dans la mesure où elle s’est rangée du côté du RPM.
Bonjour Monsieur le Maire. La Cour Suprême vient d’annuler les résultats d’une douzaine de bureaux de vote. Une décision qui invalide votre élection au profit du candidat du RPM. Que s’est réellement passé ?
Vraiment c’est une question importante pour éclairer la lanterne des populations de Kalaban Coro et plus particulièrement tout le Mali sur ce sujet, en ce qui concerne les élections communales du 20 novembre 2016. Je peux dire que l’administration n’a jamais organisé une élection aussi transparente que celle-là, parce que, compte tenu du caractère biométrique et infalsifiable des cartes d’électeurs, (carte NINA, ndlr), aucune autre personne ne peut se servir de la carte d’autrui. Elle est sécurisée et purement personnelle. Ce qui fait de cette élection l’une des meilleures jamais organisées dans notre pays.
En plus de cela, il y a eu une organisation matérielle dans tous les bureaux. Dans la Commune rurale de Kalaban Coro, les élections se sont bien déroulées. La nouvelle loi dit que celui qui arrive premier aux élections avec le meilleur score est d’office investi des fonctions de maire principal et les adjoints sont élus par les conseillers communaux. Je vous avoue que bien avant les élections, c’était le mot d’ordre du candidat du RPM, Tiécoura Hamadoun Diarra. Le slogan de la tête de liste du RPM était du « tout sauf Ballo à la tête de la mairie de Kalaban Coro ! » Un inconnu qui n’a jamais été vu sur la scène politique dans notre commune et qui prétend être maire. Si ce n’est pas parce qu’il est d’un parti qui est connu, le parti au pouvoir, est ce qu’il peut avoir trois conseillers ? On se connait ici. Il a commencé à attaquer notre liste avant même le scrutin. On a fait deux jugements. Un premier au tribunal de première instance de Kati, un deuxième jugement à la cour d’appel. Ils sont tombés. Quand on est parti aux élections, mon parti, le CNID-FYT, est arrivé en tête selon les résultats de la commission de la centralisation de Kati dont le Préfet de Kati était le président. Notre parti s’est taillé la plus grosse part avec 2002 voix pour un total 8 Conseillers et le RPM, deuxième, avec 1680 voix et 7 Conseillers, suivi du PRVM-Fasoko, l’URD, le MPR, la liste indépendante Yereko et d’autres partis. En tout, ce sont sept partis qui se sont partagé les conseillers sur les 30 listes en compétition. Quand tu es battu honnêtement il faut reconnaitre ta défaite et se rallier aux groupes qui ont gagné pour se mettre au service de ta Commune. Cela n’a pas été notre cas, ils ont dit qu’ils ne sont pas d’accord. Qu’il faille que le parti au pouvoir vienne en tête et détienne les clés de la mairie de la commune de Kalaban Coro. Au lendemain de la publication des résultats, ils ont fait des rapports mensongers à l’huissier pour dénoncer des cas d’irrégularités à Sabalibougou et à Gouana.
Donc, ils ont introduit des plaintes au niveau du Tribunal administratif, qui a jugé qu’il n’y a pas de support de fondement juridique de base (sic), de preuves pour annuler suivant leur requête les résultats des bureaux 1 ; 2 ;3 et 4 de Sabalibougou et 1 ;2 ;3 ;4 ;5 ;6 ;7 et 8 de Gaouna. Ils ont été déboutés. Après, ils ont fait appel au niveau de la Cour Suprême. Ils ont dit à qui veut l’entendre qu’ils vont payer le procès pour gagner et c’est ce que nous avons vu enfin de compte. Sinon comment comprendre l’invalidation de résultats par la Cour Suprême sur la base de preuves que le Tribunal administratif ne reconnaît ? Nous, nous pensons que les juges doivent se servir de preuves pour rendre un verdict. Mais sans preuve, on ne peut pas se fier à la déclaration d’un simple huissier qui n’a même pas vécu les faits. C’est après que les résultats sont sortis qu’ils amènent un huissier. S’ils étaient arrivés premiers, ils n’allaient pas porter plainte. Puisqu’ils n’ont eu le poste de maire, ils portent plainte, parce que eux, ils sont du parti au pouvoir, ils vont se rabattre sur la justice pour gagner et se tailler la part du lion. Est-ce que c’est des méritants ? Mais ça c’est trop !
Comment expliquez-vous ce que vous-même semblez voir comme un acharnement contre votre personne ?
Ils disent que dans leur requête, puisqu’à Gouana, depuis 1999, mon parti n’a jamais été battu. Depuis 1999, nous sommes premiers ou deuxième dans toutes les élections. Depuis 2004, à Sabalibougou, le CNID n’a jamais été battu. Nous avons toujours été premiers et, à toutes les élections. Que tu sois au pouvoir ou pas, aucun parti n’a battu le CNID dans ces villages-là. Et la Cour Suprême annule nos voix sans preuve. Tous les documents administratifs, les procès verbaux, les documents de la CENI n’ont mentionné nulle part qu’il y a eu vol dans les localités citées. Malgré, tout la Cour Suprême a annulé des voix dans les bureaux. Seule la commission de centralisation peut annuler des voix dans les bureaux.
Qu’est-ce que cette décision de la Cour Suprême pourra entrainer comme changement ?
C’est tellement intelligent ! Pourquoi on travaille ? C’est pour avoir des fiefs. Un homme politique qui n’a pas de fief, doit arrêter de faire la politique. Par exemple ici, dans mon quartier à Kalaban Coro Koulouba, je suis imbattable ! Tout le monde le sait. À Gouana, j’ai travaillé avec les populations depuis 1999 pour le bonheur des villageois. Mais, s’ils ne votent pas mon parti, qu’est ce qu’ils vont voter ? Nous, on n’a pas besoin de tricher.
Avec cette décision, votre poste est en jeu…
L’intérêt de ces élections c’est d’avoir la mairie. Nous, nous avons perdu ces villages-là par un jugement arbitraire qui nous a fait chuter de 690 voix d’après le tribunal et d’après notre calcul on a perdu 425 voix. Mais le tribunal a calculé à sa façon. Que nous trouvions injuste. Le total des voix qu’on a eues à Gouana et Sabalibougou n’atteint pas 690 mais c’est ce que le tribunal nous a coupé (sic). Le hic est qu’ils ont coupé ce qu’ils ne devraient pas couper. On avait huit conseillers municipaux. Mais quand ils ont coupé sur la base de leur propre calcul, qui est erroné, on en a perdu trois. Nous sommes à cinq conseillers maintenant. Nous occupons la mairie jusqu’à preuve du contraire. Parce que nous ne pouvons pas arrêter la victoire de quelqu’un qui a mérité par la facilité. Nous nous appelons cela « arracher la victoire d’un parti au profit d’un autre. » Parce qu’ils sont forts, ils ont l’argent. Non, il faut gagner par la sueur et l’honnêteté. La conséquence directe de cette annulation fera du RPM premier et nous deuxièmes. La décision du tribunal n’est pas objective. Il nous a arraché des chaises pour satisfaire les desiderata du RPM. Sinon l’administration avait bien fait son travail.
Comment la population a-t-elle réagi à ce verdict de la cour ?
La population est très mécontente ! Tout le Mali est mécontent. Ça indigne et ce n’est pas bon d’éliminer les voix d’un parti politique au profit d’un autre par voie judiciaire et pour faire plaisir à une personne, sous prétexte que les rumeurs parlent de bourrages d’urnes, d’achats des consciences, vol alors que tout s’est passé devant les observateurs, la CENI, l’administration et les délégués de tous les partis en lice. Ils étaient présents dans tous les bureaux de vote.
Que comptez-vous faire maintenant, monsieur le maire ?
Nous allons nous battre jusqu’à ce que notre victoire nous soit restituée. Parce qu’elle a été acquise dans les urnes et par voix majoritaire. Nous voulons que notre victoire nous soit restituée. On n’a pas volé. Qu’on nous montre la preuve. Nous avons la majorité des électeurs de Kalaban Coro avec nous et ils nous apprécient. Pour l’instant, je suis en train de calmer les esprits. J’aime mon pays. J’aime mon président. Aujourd’hui, le pays n’a pas besoin de tensions surtout en matière électorale. Nous avons vu le cas de la Cote d’Ivoire. Je ne vais pas poser un acte à l’encontre de mon président mais je veux que justice soit rendue. Que la victoire du CNID soit restituée démocratiquement. Je suis victime d’un règlement de compte de la part de mes détracteurs.
Propos recueillis par Aliou Badara Diarra