Interview (presque) imaginaire IBK : « tous les ministres qui ne se seraient pas montrés à la hauteur de leurs tâches seront congédiés ! »

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Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita

C’est la bousculade devant la résidence présidentielle, à Sébéninkoro. Parents, amis, leaders politiques et autres chercheurs de poste franchissent le portail, dans un froufroutement de bazins brodés, en laissant derrière eux leur enivrante odeur de parfum. Annoncé dans la presse, le remaniement serait-il passé par là. Possible !

Pour accéder au président de la République, assis au fond du jardin, un exemplaire du Canard déchaîné entre les mains, il fallait montrer patte blanche. En nous voyant jouer des coudes, dans cette marée humaine, IBK nous fait signe de le rejoindre dans la cuisine, à l’abri des regards indiscrets. C’est là que se déroulera l’interview imaginaire.

Mr le président, les Maliens sont fatigués ; les prix des denrées de première nécessité ont pris l’ascenseur ; l’argent se fait rare, comme la neige à Kidal ; sept familles sur dix peinent à se procurer trois repas par jour. Les Maliens, Mr le président, ne désespèrent plus ; ils désespèrent de pouvoir espérer…

Je sais que la situation est difficile, mais les Maliens doivent garder espoir. Le pays revient de loin et les Maliens, eux, doivent revenir sur terre. Ils doivent vivre, désormais, en fonction de ce qu’ils gagnent.

La situation est difficile, parce que certains sont habitués à vivre au-dessus de leurs moyens. Ils vivent au-dessus de leurs moyens, parce qu’ils gagnent, par le biais de la corruption et du détournement de deniers publics, plus de cent fois, voire mille fois leur salaire.

Ce sont ces pratiques qui sont en train de disparaître. Conséquence : ceux qui se tapaient des millions CFA, sans rien faire ou presque, rencontrent aujourd’hui des difficultés à maintenir leur ancien rythme de vie. C’est là tout le problème.

Mr le président,  quelles sont les mesures concrètes prises par le gouvernement pour lutter contre la corruption et la délinquance financière ?

C’est simple : nous allons remettre les rapports du Vérificateur général à la justice. Afin que les auteurs de ces détournements de fonds soient arrêtés et châtiés, conformément à la loi.

Mr le président, vous aviez déclaré l’année 2014, année de lutte contre la corruption. Où en est-on aujourd’hui ?

Le bilan n’est pas très positif, mais il est positif. Car nous avons réglementé le code des marchés publics, institué la transparence dans la gestion de la chose publique etc…. C’est peut-être insuffisant aux yeux de nos concitoyens, mais c’est un grand pas dans la bonne direction

Que sont devenus les premiers rapports du Vérificateur général, remis au juge il y a deux ans ?

Entre les mains des juges ! Où voulez-vous qu’ils se trouvent ? Ces dossiers suivent leur cours normal. La justice est lente, mais elle se fera inchallah.

Mr le président, à quand ce remaniement ministériel, dont la presse parle tant ?

Le remaniement ministériel se fera, ce n’est qu’une question de jours. Tous les ministres, qui ne se seraient pas montrés à la hauteur de leurs tâches, seront débarqués. Sans autre forme de procès.

Propos recueillis par Le Mollah Omar

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