Le sourire, qui illuminait son visage toute la semaine, a disparu. Comme par enchantement. Visiblement soucieux, le doigt sur la bouche et les sourcils broussailleux, IBK nous accueille dans son bureau ovale. Sans mot dire. Les tirs de roquettes sur Kidal et l’attaque de la brigade de gendarmerie de Bouni seraient passés par là. Interview.
Mr le président, avec ces tirs de roquettes et ces attaques qui se poursuivent sans discontinuer, on peut se demander que font Barkane et la Minusma au nord ? Sont-ils venus pour savourer le méchoui sur les dunes de sable ou pour assurer la sécurité des populations ?
On peut déplorer ces attaques, c’est vrai ! Mais Barkane et les troupes de la Minusma sont là pour nous aider. C’est dans cette optique qu’il faut voir les choses.
Mais, Mr le président, savez-vous qu’aucun Malien ne croit ce que vous dites. Tous ou presque pensent que la France est là pour veiller sur ses petits amis du MNLA. La Minusma, aussi. Ces deux sont discréditées au sein de l’opinion nationale, surtout après les massacres de Gao…..
Je comprends la colère de mes concitoyens. Mais nous devons continuer à leur faire confiance. Du moins, jusqu’à un certain temps.
Que pensez-vous de l’attaque de Bouni et de Gao ?
Je ne cesserai jamais de le dire : ce sont des attaques lâches et barbares, dont le but ultime est de saper le processus de paix. C’est pourquoi, j’invite nos concitoyens à garder leur calme, à ne pas céder à la panique. Cela ne se voit pas, peut-être, mais je veille au grain.
Mr le président, est-ce que vous dites à votre cousin François Hollande, ce que les Maliens pensent, réellement, de lui ?
Il sait, en tout cas c’est ce que je crois ! Car son ambassadeur lui dit tout sur tout. Même l’interview que nous sommes en train de faire vient de lui être transmise…
Mr le président, Hollande sait-il qu’un jour les Maliens finiront par péter les plombs, pour exiger la fin de sa complaisance vis-à-vis du MNLA ? Parce que c’est cette complaisance qui explique la fuite en avant de ces mercenaires, sans foi, ni loi …
C’est pour cela que j’ai demandé à la communauté internationale d’user de son influence pour convaincre la CMA de parapher l’accord de paix. Avant que les Maliens ne descendent dans la rue pour l’exiger maintenant, et tout de suite.
J’espère que mon appel a été entendu !
Propos recueillis par le Mollah Omar