Interview : « Le OUI et le NON finiront par affaiblir la cohésion sociale » dixit l’honorable Ousmane Kouyaté.

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Membre de la Haute Cour de Justice, l’élu de Kolokani s’est prêté à nos questions au sujet de la révision constitutionnelle. S’il défend le bien-fondé de la révision constitutionnelle, Ousmane Kouyaté prévient sur la scission du tissu social. Les tendances du OUI et du NON n’ont pas échappé au député RPM qui donne sa part de vérité, sans langue de bois.

 Le Point : le Sénat est l’un des points saillants de la contestation. Que faut-il comprendre de cette Institution en gestation ?

Ousmane Kouyaté :Un accent particulier doit être mis sur la seconde chambre du parlement que prévoit l’Accord d’Alger. Notre démocratie a un niveau qui ne sera que renforcé. La nomination est logique dans le contexte malien. Nous avons des personnalités fortement respectées, de leur village ou hameau, ont une influence connue à travers le territoire national. Le Mali n’est pas un royaume mais des compatriotes ont la voix qui porte et ils ont leur place dans les réflexions à apporter dans la gestion de la cité. La nation a besoin d’eux pour un apaisement et la nomination des sénateurs est fondée sur ça en partie.

D’autre part, certaines considérations doivent prendre fin. Il s’agit des considérations notamment identitaires. Je fais allusion à ceux-là qui se sont sentis oubliés alors qu’ils ont un plus à apporter à la vie de la nation. Si ailleurs la totalité du Sénat est plus ou moins élue, le Mali a ses spécificités sur lesquelles il faut se baser.  Par contre, ce sera le Président de l’Assemblée Nationale qui va assurer l’intérim présidentiel en cas de vacance du pouvoir. Il le faut puisqu’il a été élu au suffrage universel donc personnalité légitime.

Pourtant, il nous revient que vous les députés, aviez agi sous la pression du fait de l’appartenance majoritaire pour valider le projet de révision ?

Ousmane Kouyaté :Aucun des députés de la mouvance n’a agi sous la pression. Nous avons réfléchi entre nous et écouté le peuple. Qu’on ne néglige pas les écoutes qui ont été entreprises car c’est de là qu’est aussi venue la création du Senat.

Je précise que nous (députés de la majorité) avons tranché sur les quotas à savoir : 1/3 nommés et 2/3 élus. On a permis de faciliter les choses car il était prévu à 100% d’être composé de personnes nommées. Avec le tiers nommé, les besoins des populations écoutées ont été prises en compte.

Deux tendances s’affrontent désormais au sujet du projet référendaire. Quelles sont vos observations ?

Ousmane Kouyaté : La spontanéité de création des mouvements inquiète. Chacun veut avoir le titre de meilleur mobilisateur sur la base des interprétations faites n’importe comment au sein de la société. Le projet constitutionnel doit réunir tous les Maliens autour de l’essentiel.

Cette question de tendances ne nous conduit pas vers une cohésion sociale apaisée. La paix tant recherchée risque d’être remise en cause. Il faut laisser le peuple se prononcer à travers les urnes et non la rue. Si le peuple vote NON alors le projet sera purement abandonné mais s’il opte pour le OUI, sa volonté sera acceptée.

Que Dieu nous en garde car cette démonstration de force est à condamner : le débat autour de la constitution est plus intellectuel que physique. Je ne suis pas dans cette logique et la réalité du document prévaut afin que le Mali continue sa marche en avant.

Propos recueillis par Idrissa Kéita

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