L’Observateur : Bonjour Madame. Nous sommes à 5 jours de la Panafricaine des femmes. Qu’avez-vous à dire à vos sœurs et à vos mères ?
La Secrétaire Exécutive : Merci bien. C’est vrai que je suis aujourd’hui la Secrétaire Exécutive de l’Organisation Panafricaine des Femmes. Mais je viens après beaucoup d’autres femmes comme Awa Keïta, Jeanne Martin de la Guinée etc, considérées comme des pionnières de la lutte de l’émancipation. Donc je ne fais qu’assurer une relève bien méritée.
L’Observateur : depuis quelques années, vous êtes à la tête de cette organisation. Quels problèmes majeurs avez-vous rencontrés ?
La Secrétaire Exécutive : Les problèmes, on n’en finit pas avec. N’eut été la promptitude et le dévouement de l’Etat malien, l’OPF ne serait pas là aujourd’hui. Donc un grand merci aux autorités maliennes pour leur engagement inestimable pour la cause des femmes africaines en général et celles du Mali en particulier.
L’Observateur : Vous avez lutté vous aussi pour la promotion et l’émancipation de la femme malienne. Pour rappel, on vous a vu munie de pèles, de bottions et autres gants, bien que jeune femme, en train de ramasser des ordures, de les charger dans les bennes. N’est-ce pas ce qui vous a fait connaître du grand public des années 90 ?
La Secrétaire Exécutive : Ecoutez ! Un adage de chez nous dit qu’il n’y a pas de sots métiers, mais de sottes gens. Ce qui est sûr et certain, au moment où nous mettions sur place ce GIE, c’était mieux que d’aller en chômage. Il n’y avait plus de place pour les jeunes diplômés à la fonction publique. La meilleure façon était de se débrouiller ailleurs. Sinon, nous étions toutes des sortantes des écoles supérieures du Mali. Mes collègues sont entre autres : Mme Traoré Oumou Touré de la CAFO, Hindou Cissé de Plan Mali. Toutes ces pionnières des temps modernes qui ont d’abord brillé par le ramassage d’ordures sont aussi des références pour nos sœurs, nos enfants de la génération montante.
L’Observateur : Revenons à l’OPF. Qu’avez-vous fait concrètement pour les femmes maliennes ?
La Secrétaire Exécutive : Je préfère que vous demandiez qu’est-ce que j’ai fait pour les femmes tout court. Parce que je suis au secrétariat pour toutes les femmes de la sous-région Afrique de l’Ouest. Bref, nous avons des objectifs à atteindre. Contribuer à l’instauration de la paix, à défendre nos droits contre vents et marées, aider les gouvernements à défendre les causes du continent. C’est pourquoi nous avons été associées aux négociations du NEPAD par exemple.
L’Observateur : La lutte contre le colonialisme a été une des raisons du combat de vos prédécesseurs. Aujourd’hui le colonialisme est encore là, sous un autre nom, le néocolonialisme plus pernicieux et plus dominateur. Quelle est la position de l’OPF sur cette nouvelle forme de spoliation ?
La Secrétaire Exécutive : ça c’est une autre histoire. Nos devancières nous ont offert la liberté. Elles nous ont laissé la tâche de conquérir l’indépendance. Mais je me rends compte que cette tâche est encore plus compliquée. Nous avons à faire avec des puissances du capital qui refusent de prendre au juste prix le fruit du travail de nos sœurs dans les champs de coton par exemple.
La preuve est désormais faite que c’est nous les femmes qui supportons le gros du poids de cette injustice et de la pauvreté qu’elle répand dans le monde. Nous au devant du combat pouvons nous estimer plus heureuses que la grand majorité silencieuse des femmes qui, faute d’autre chose ont déjà baissé les bras et courbé l’échine. Nous irons à leur rencontre pour les aider à se relever.
Maïmouna DANIOKO“