La fille cadette du Président de la République, Mme Ba Mabo Touré, nous reçoit flanquée de son mari. Impeccablement habillée d’un boubou basin bleu ciel, Mabo nous propose du thé à la menthe que nous acceptons volontiers. Ses paupières bouffies trahissent un état de fatigue dont elle n’a visiblement pas récupéré. Il faut signaler que l’entretien s’est déroulé juste après l’Assemblée générale de CSJ-ATT que préside son mari et dont elle est la marraine.
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Nouvelle République : Alors, contente après votre assemblée générale ?
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Mabo : Je voulais montrer à papa que son premier soutien c’est d’abord sa famille. Tous ceux qui tournent autour de lui ne sont que des profiteurs. Je pense qu’il a compris.
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Nouvelle République : Etait-il besoin que vous montiez personnellement aux avant postes ?
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Mabo : Papa qui est un soldat nous a toujours dit que quand on veut quelque chose on le défend. Nous voulons le pouvoir, nous le défendons en premier. C’est après que les autres pourraient venir. Et je vous assure que personne ne peut nous contourner.
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Nouvelle République : Mais c’est la première fois qu’on voit la fille d’un Président diriger une association.
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Mabo : Comme je l’ai dit, papa est pour nous d’abord. Autour de lui chacun s’organise pour fructifier le fonds de commerce qu’il est devenu. Maman est à la Fondation, Papa a presque transformé Koulouba en fondation bis, ma sœur et son mari sont dans la communication et voient affluer des marchés importants, mon mari et moi nous faisons de la politique. Le contour est fait et le tour est joué.
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Nouvelle République : ATT fonds de commerce nous n’avons pas compris.
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Mabo : Vous voyez bien que n’importe qui se lève et avec le nom de papa cherche de l’argent, des places. Et comme un fonds de commerce, peut s’épuiser, nous ne voulons pas être les derniers à nous servir. Et vous pouvez me croire, je crois que nous avons bien fait parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Et puis, on n’aura pas le souci du lendemain ; il peut chanter ou non, nous on fera tout pour qu’il chante encore longtemps.
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Nouvelle République : Mais votre père n’est pas encore candidat
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Mabo : C’est une question de temps et de timing. Il se décide toujours à la dernière minute comme pour le coup d’Etat du 26 mars. C’est pour cela que nous labourons le terrain en attendant le jour J.
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Nouvelle République : Mais il peut décider de ne pas se présenter.
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Mabo : (Elle marque le coup et prend quelques secondes avant de répondre). Astafouroulaye. Il ne peut pas ne pas se présenter. Ce serait un investissement perdu pour nous tous. Maman veille au grain pour ça. Et puis à table, quand on discute des questions de la Nation, il ne laisse pas l’impression de quelqu’un qui ne se présentera pas.
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Nouvelle République : Donc il est l’otage qu’on décrit ?
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Mabo : Il n’est l’otage de personne. Mais seulement il a le sens des responsabilités. Il voit tout ce qui se fait autour de lui et de son nom. Il sait que s’il ne se présente pas, il y a des gens qui pourraient se suicider.
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Nouvelle République : Et s’il ne gagnait pas ?
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Mabo : Il est hors de question qu’il ne gagne pas. Il a tout le Mali avec lui, il a l’Etat à sa disposition, il a l’Armée qui lui appartient, ne parlons même pas des forces de sécurité. Il ne peut pas ne pas gagner.
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Nouvelle République : Il y a aussi les partis politiques regroupés au sein de l’ADP
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Mabo : J’ai beaucoup de respect pour eux mais je crains qu’ils ne tirent papa vers le bas. Il y a 14 chefs qui ont signé. Mais je sais que personne parmi eux ne maîtrise leurs troupes. Ce qui se passe à l’Adéma constitue une preuve de ce que je dis, même si elle est moins grave que les déceptions silencieuses au niveau des autres partis. C’est pour cela que je m’investis personnellement et que je veille à notre fonds de commerce. Je ne veux pas que papa soit surpris et que nous nous retrouvions au chômage par leur faute.
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Nouvelle République : Votre père parlait de l’APEJ vous concernant, ça y est c’est réglé ?
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Mabo : Vous connaissez papa, il aime souvent causer. Sinon il sait très bien que je n’ai pas besoin de l’APEJ. Il ne peut pas être à Koulouba et que nous soyons au chômage. Et puis ai-je besoin de travailler ? Les gens me courent après. Tous ceux qui ne peuvent pas le voir savent où je suis. Et je peux vous assurer que c’est un travail à temps plein.
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