Nous avons trouvé un Dioncounda inhabituellement matinal au siège du parti. Il est 8h30 et le président de l’Adéma, tout en se caressant la barbe, s’inquiétait du retard que prenait un café qu’il a souhaité petit, noir et serré afin de se déciller les yeux. Il nous fait signe de prendre place à ses côtés dans la grande salle de réunion.
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Les Echos : Vous semblez fatigué ?
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Dioncounda : On le serait en moins vu le combat que je viens de terminer.
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Les Echos : Mais il s’agissait juste d’une conférence nationale
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Dioncounda : Les journalistes ont toujours le mot pour banaliser les situations les plus graves. Je viens d’exclure des camarades, j’ai violé les statuts, j’ai bloqué la publication de notre bilan et les jours à venir ne s’annoncent pas sous de bons auspices et vous, vous ne trouvez rien d’autre à dire que c’est juste une conférence nationale.
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Les Echos : C’est parce que tout était déjà réglé comme du papier à musique
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Dioncounda : Sauf que cette musique là risque de nous couper littéralement les pattes.
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Les Echos : Mais rien ne vous obligeait et puis il fallait réfléchir
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Dioncounda : Qui vous dit qu’on n’a pas réfléchi. Tout ce qu’on vient de faire a été mûrement réfléchi, était savamment planifié avant d’être froidement exécuté lors de la conférence nationale.
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Les Echos : Mais où est donc le problème ?
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Dioncounda : Le problème est que je ne sais pas où est-ce que cela nous mènera.
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Les Echos : Au pouvoir en 2012
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Dioncounda : Ne charriez pas s’il vous plaît. Je ne sais même pas dans quel état nous parviendrons aux élections de cette année à plus forte raison 2012.
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Les Echos : Vous craignez alors une nouvelle implosion
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Dioncounda : Vous savez, à l’Adéma, une implosion de plus ou de moins ne nous fait plus peur. Nous sommes habitués et nous traînons encore les séquelles des fractures passées. Nous sommes habitués aux casses, heu pardon, aux cassures.
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Les Echos : Donc tout est en ordre ?
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Dioncounda : J’ai honte de le dire mais j’ai vendu le parti. Ce n’est parce que j’ai eu de l’argent, même si de ce côté je ne me plains pas beaucoup. Nous nous sommes aplatis devant ATT sans qu’il ne nous demande rien. Nous avons devancé ses désirs et nous lui obéissons au doigt et à l’œil sans hésitation ni murmure comme on dit chez les militaires.
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Les Echos : Mais de là à prendre le risque de casser encore l’Adéma
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Dioncounda : C’est une marque de soutien ; nous lui prouverons que nous sommes même capables de nous diviser pour mieux le soutenir. Nous faisons comme les criquets. Le criquet est tellement bon qu’il est capable de vous laisser ses deux pattes et partir.
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Les Echos : Mais là il ne s’agit pas de pattes de criquets mais de militants qui risquent de partir.
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Dioncounda : Il y’en a plus beaucoup. Et puis ils n’ont qu’à partir, nous garderons le temple le temps qu’ils rappliquent après les élections.
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Les Echos : Et puis dans tous les cas, 100 militants de perdus, un de retrouvé
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Dioncounda : Je ne suis pas votre allusion
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Les Echos : Vous aviez déclaré que ATT est un militant de l’Adéma
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Dioncounda : Mais lui-même ne le conteste pas. Vous êtes d’accord avec moi que quand on a un militant comme le Président de la République, les autres peuvent partir que cela ne me dérange pas.
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Les Echos : Mais vous avez également déclaré que c’était soit choisir d’aller avec ATT soit le purgatoire ou la prison
rnDioncounda : Là aussi, personne ne m’a contesté. Il y a eu du bruit mais les faits sont les faits. Comme pour me donner raison, ATT a fait publier le rapport de la CASCA. Vous y avez vu tous les noms sauf le mien. Donc je ne peux que remercier ATT et lui dire que Anw bè sa a nofè.
Les Echos du 2 Mars 2007“