Le Canard déchaîné : Excellence, vous êtes Sidibé, donc peulh. Parlez –vous le « foulfouldé », langue peulh ?
Modibo Sidibé : pourquoi cette question ? Est –ce parce que je suis né à Bamako, plus précisément à Bamako –coura ? Rassure –vous : Je parle peulh, je mange peulh et je pense peulh. Je ne bois ni eau, ni thé ni café. Mais du lait, du pur lait de vache. Mieux, je joue parfaitement du « kamalingoni ». Surtout, quand j’ai envie de décompresser.
Le Canard déchaîné : un petit message, en peulh au Président de la République ?
Modibo Sidibé : « Amadou a da salli na ? Kori bassi wala ? »
Le Canard déchaîné : c’est-à-dire ?
Modibo Sidibé : Je lui demandais si tout va bien, s’il se porte bien. Surtout, par ces temps où, la grippe tient tout le monde par les poils des narines.
Le Canard déchaîné : Excellence, pensez –vous au Palais de Koulouba, quand vous vous rasez le matin ?
Modibo Sidibé : pas seulement quand je me rase. J’y pense à chaque seconde, chaque minute, chaque heure de la journée. Mais pas pour y loger, en tant que Président de la République.
Le Canard déchaîné : pourquoi y penser, alors ?
Modibo Sidibé : parce que, tout simplement, c’est là que se joue l’avenir de plus de 12 millions de maliens, dont je fais partie.
Le Canard déchaîné : pouvez –vous nous brosser le portrait du successeur d’A.T.T. sur le trône de Koulouba ?
Modibo Sidibé : il doit être un homme intègre, rigoureux. Tant au bureau qu’à la maison. Un grand commis de l’Etat, qui ne traîne aucune casserole. Et qui connaît, comme sa poche, l’administration malienne.
Le Canard déchaîné : ce portrait ressemble, trait pour trait, à quelqu’un que j’ai interviewé, la semaine dernière, dans ce même bureau. Sauf que ce dernier m’a confirmé, la semaine dernière, qu’il ne sera pas candidat aux présidentielles. Mais serez –vous candidat, au présidentielles de 2012, si le peuple malien vous plébiscitait ?
Modibo Sidibé : là, ça change tout. Si le peuple malien souhaite me voir sur le trône de Koulouba, il le dira moment opportun.
Le Canard déchaîné : et c’est quand, ce moment opportun ?
Modibo Sidibé : disons, dans un an environ, le temps pour moi de m’acquitter de la mission que le Président de la République m’a confiée : la mise en œuvre du Programme de Développement Economique et Social (PDES).
Le Canard déchaîné : et après ?
Modibo Sidibé : après, on verra. Car, on ne se s’improvise pas candidat aux présidentielles. Le poste de Président de la République est très important pour être occupé par n’importe qui.
Le Canard déchaîné : vous êtes, selon les analystes politiques, pressenti pour succéder à A.T.T. sur le trône de Koulouba. Parce que, disent –ils, vous êtes l’une des rares personnalités à bénéficier de la fiance du Président Konaré et de son successeur (A.T.T.).
Modibo Sidibé : si vous le dites… Moi je suis prêt à servir mon pays, partout où le devoir m’appelle.
Le Canard déchaîné : même à Koulouba ?
Modibo Sidibé : je le répète : partout où, le devoir m’appelle. Et je le servirai, avec la même rigueur, avec le même sens du devoir.
Le Canard déchaîné : quel est votre plat préféré ?
Modibo Sidibé : le tô de maïs à la sauce « gombo » avec beaucoup de piment. Mais au petit –déjeuner, je préfère le « riz couché » ;
Le Canard déchaîné : ça, ce n’est de la bouffe pour peulh…
Modibo Sidibé : qu’en savez –vous ? En matière de bouffe, le peulh est un tout –terrain. Il tire sur tout ce qui bouge, avec son bâton de berger.
Le Canard déchaîné : Excellence, quel sport pratiquez–vous, en dehors du tennis ?
Modibo Sidibé : conduire mes vaches au pâturage à Markakoungo. Faire paître les animaux, c’est le premier sport de tout peulh, digne de ce nom. Et pourquoi cette grimace, Mollah ?
Le Canard déchaîné : parce que je vous vois mal derrière un troupeau de va^ches, avec un chapeau en paille sur la tête. Et un bâton sur les épaules…
Modibo Sidibé : pour le montrer que je suis un vrai peulh, la prochaine interview aura lieu à Markakoungo, au milieu de mes vaches. Ce sera l’occasion pour ton coq, pardon ton Canard de décrire « l’autre Modibo Sidibé » à ses lecteurs. Alors, à samedi prochain !
Propos recueillis par le Mollah Omar