Interview exclusive du président de Morena :rn«Le Mali n’est ni gouverné ni administré»

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A la veille de la mise en place du nouveau gouvernement, nous avons rencontré Lassana DOUMBIA qui nous dresse l’état de la démocratie malienne

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rn–Comment se porte le MORENA? 
rnCamarade  Lassane Doumbia : Notre parti, le Mouvement Révolutionnaire pour le Redressement National (MORENA) se porte très bien. La preuve, nous avons participé aux législatives de 2007 avec un score honorable. Un score obtenu sur la base de la confiance et non sur la base de l”argent comme chez certains partis qui se disent grands. Nous profitons de cette occasion pour remercier nos électeurs. Nous avons été fiers d”eux.
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rn– Quel commentaire faites-vous du déroulement des élections présidentielles et législatives de 2007?
rnCamarade Lassana Doumbia : Nous avons eu tout au Mali en 2007, sauf des élections. Tant que les propositions du MORENA, il y a une dizaine d”années, à savoir les cartes d”électeurs incrustées de photos servant en même temps de carte d”identité nationale et les bulletins de vote sécurisés avec souches et numéros ne sont pas prises en compte, nous continuerons toujours d”avoir quelque chose au Mali sauf des élections .Le reste pourra se corriger facilement.
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rn-Quelles solutions préconisent le MORENA pour relever le taux de participation et de lutter contre la fraude ?
rnCamarade Lassana Doumbia : La politique n”a plus le crédit de la population de par le fait de la culture de la prostitution politique. Ce qui est d”abord à la base du faible taux de participation.
rnPour ce qui concerne les fraudes, elles ont pour base les cartes d”électeurs et les bulletins de vote. Je pense que j”en ai déjà parlé. Ce que j”ai vu lors des législatives était pathétique.
rnNul n”ignore au Mali, qu”en amont des élections présidentielles et législatives, les cartes d”électeur se vendaient à 2500 F CFA. Nous avons également vu des centres de vote parallèles auprès de chaque centre officiel qui opéraient comme suit : des billets neufs de 1000 francs et 2000 francs étaient rangés comme dans un bureau de solde. L”encre était là aussi ainsi que le vinaigre pour faire disparaître du bout du doigt la trace de l’encre.
rnAvec un seul bulletin unique parallèle, ils font voter un électeur. Des électeurs ont voté plusieurs fois à 3000 F CFA. C”est triste.
rn- Le président de la République a, après la proclamation officielle des résultats du premier tour, lancé un appel à tous les partis politiques.

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rnLe MORENA est-il prêt à répondre à l”appel?
rnCamarade Lassana Doumbia : Nous, au MORENA, sommes prêts à répondre à l”appel de qui que ce soit. S”il s”agit de nous mettre sur le chantier de la construction nationale. Convaincus, nous y serons, bien sûr, avec nos vérités et animés de l”esprit nationaliste. Nous ferons aussi notre preuve.
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rn– Le nord de notre pays connaît depuis quelque temps un début de rébellion. Quelle est la position de votre parti face à la gestion de cette crise ?
rnCamarade Lassana Doumbia : Bien que marginalisé des débats autour des grandes questions de la nation par le pouvoir, nous apportons chaque jour par les actes que nous posons que le Mali est au dessus des intérêts personnels et égoïstes. Pour la gestion d”une rébellion, il faut toujours éviter les solutions précaires telles: l”argent, les faveurs, l”intégration professionnelle sauvage, etc. comme solution. Et les armes aussi.
rnQui du bas peuple, si je me permets, au Mali connaissent les vraies raisons de la rébellion. Mais ce qui est paradoxale, des anciens chefs rebelles sont amis du pouvoir actuel?
rnPourquoi des accords entre nous et nos frères en dehors de notre territoire mais aussi à l”insu de notre peuple?
rnJe profite de l’occasion pour parler des missions onusiennes et celles au nord. Elles sont souvent pour certains l”occasion de complots contre d”intègres militaires. Nous comprenons tout ceci et demandons à nos troupes de défendre à tout prix l’intégrité territoriale du Mali. Nous demandons et exigeons la cessation immédiate des hostilités. Je demande au pouvoir de revoir sa position dans le traitement des grandes questions de la nation et d”approfondir sa capacité d”analyse.
rnNulle occasion ne sera donnée pour que ce pays glisse dans la monarchie, pour qu”un pouvoir se fasciste mais aussi pour une quelconque partition de notre territoire. La réponse à ces questions dénote de la légèreté du gouvernement dans la gestion de cette crise. Légèreté à laquelle, n”adhère pas le MORENA.
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rn– Cette rébellion est elle l”échec des conséquences des politiques menées par les gouvernements successifs pour régler l”irrédentisme touareg?
rnCamarade Lassana Doumbia : Mais bien sûr. Cet échec est dû à la faiblesse de la capacité d”analyse de nos gouvernants. Faiblesse dont le taux augmente de République en République et qui explique toujours la précarité des solutions: l”argent, les faveurs, l”intégration professionnelle sauvage à la place de l”intégration populaire, etc.
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rn– Croyez- vous à la bonne volonté de l”Algérie qui se porte chaque fois médiateur dans les crises au nord?
rnCamarade Lassana Doumbia : Le fait même de se porter médiateur publiquement et volontairement est une bonne volonté qu”on doit croire à moins que ce ne soit la médiature de la République du Mali qui n”agit qu”après le fait accompli: le médecin après la mort.
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rn– Avec cette crise, les Américains ont désormais un pied dans notre pays au nom de la lutte contre le terrorisme. Quelle est la position de votre parti par rapport à cette présence américaine?
rnCamarade Lassana Doumbia : Vous savez, nous ne sommes plus concertés par rapport aux grandes questions de la nation. Sinon, nous, au MORENA, allions nous opposer. Si l”on sait bien qu”aucun acte de terroriste ne s”est jamais produit au Mali et que dans le monde entier aucun Malien n”a été suspecté à plus forte raison, impliqué ni de près ni de loin dans un acte terroriste. On serait d”accord si des Maliens devaient être envoyés aux Etats- Unis pour apprendre à lutter contre le terrorisme .Cherchons les vraies raisons de cette présence qui ne sont pas celles évoquées publiquement.
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rn– Les produits de première nécessite grimpent en flèche alors que le pouvoir d”achat ne bouge pas .Votre commentaire
rnCamarade Lassana Doumbia : Le Mali est le pays où l”appareil d”Etat verse dans les affaires ou les cadres fonctionnaires sont les plus riches.
rnTenez- vous bien ! A qui appartiennent réellement GDCM et ses camions- remorques, la société de pétrole Star qui se transforme en COMAP, l”imprimerie qui fait les cartes et puces Malitel et Orange. Les rumeurs les plus folles courent aujourd”hui à Bamako comme quoi qu’un ministre du gouvernement démissionnaire vient de se payer une trentaine de camions –remorques.Pensez- vous qu”avec un tel appareil d”Etat la vie peut- être facile aux Maliens?

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rn–Quel bilan faites- vous des cinq ans d”ATT, en un mot le consensus?
rnCamarade Lassana Doumbia : Consensus de force, obligatoire oui. J’ai l”habitude de dire que le bilan de ATT était globalement négatif. Les vertus du Mali ont volé en éclats, le tissu social se brise, la crise de confiance est aujourd”hui aiguë entre nos administrations et les administrés, l”éducation socioculturelle est en crise, l”esprit nationaliste n”est plus d”actualité. On ne pense plus à doter le pays de ressources humaines. Les maux combattus en 91 se sont empirés. La cherté de la vie n”est plus à dire. Bref rien ne va plus.
rnLe pays n”est ni gouverné ni administré.
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rn-Votre mot de la fin
rnCamarade Lassana Doumbia : Mon mot de la fin, c”est de souhaiter au peuple malien un éveil de conscience afin que non seulement le pays ne glisse pas dans la monarchie, le pouvoir ne se fascise pas, mais aussi d”infliger une défaite cuisante à un système qui foule aux pieds l”intérêt supérieur de la nation.
rnEntretien réalisé par Yoro SOW
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