Interview exclusive de Me Brahima Koné : •La CPI ne se saisira pas du dossier Sanogo •L’allure d’une justice à deux vitesses au Mali •L’impunité n’est pas une base solide pour la paix

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Dans une interview qu’il a accordée à votre journal Le Prétoire depuis Paris (France), Maître Brahima Koné, ancien Président de l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH), avocat accrédité à la Cour pénale internationale s’explique sur la récente inculpation de Sanogo et de certains responsables militaires, la découverte d’un charnier de bérets rouges, la levée des mandats d’arrêt contre des responsables rebelles, l’impression d’une justice à double vitesse au Mali. Lisez plutôt !

 

 

Me Brehima Koné
Me Brehima Koné

En tant que défenseur des droits de l’Homme, quel est le sentiment qui vous anime après l’inculpation du Général Amadou Haya Sanogo ? Peut-on dire que la lutte contre l’impunité devient une réalité dans notre pays ?

Comme tous les défenseurs des droits de l’Homme, je me réjouis de cette inculpation qui nous conforte dans le combat que nous menons contre l’impunité.

Cet acte constitue une grande avancée dans la lutte contre l’impunité au Mali. C’est le lieu pour moi de saluer le courage du juge d’instruction Yaya Karembé qui a honoré son serment de magistrat malgré les pressions et les menaces. Cet exemple doit inspirer tous les magistrats de la République qui doivent enfin s’engager fermement  à relever l’image d’une justice en détresse.

 

 

 

Après la découverte du charnier de Diago, peut-on penser à une requalification des charges retenues contre les inculpés ?

Naturellement, les charges doivent être requalifiées. Je rappelle qu’auparavant le juge d’instruction avait poursuivi pour enlèvement de personnes. Mais avec la découverte de ce charnier, il sera amené à procéder à une requalification en  faits d’assassinats et meurtres et complicité de ces infractions.

 

 

 

Est-ce que la justice a des éléments juridiques nécessaires pour asseoir l’accusation de Sanogo ?

Je ne souhaite pas entrer dans le secret de l’information judiciaire. Mais je suis persuadé que la justice détient des indices graves et concordants de nature à asseoir l’inculpation de Sanogo. C’est la suite de la procédure qui nous édifiera sur sa culpabilité.

 

 

Est-ce possible que la Cour Pénale internationale se saisisse du dossier étant donné que la justice est largement avancée là-dessus ?

Le Bureau du Procureur a indiqué dans son rapport sur la situation au Mali que les crimes commis dans le cadre des affrontements entre les bérets rouges et les bérets verts ne sont pas liés au conflit armé en cause suite auquel il a ouvert une enquête pour crimes de guerre.

Je voudrais aussi préciser qu’à partir du moment où la justice malienne démontre sa volonté et sa capacité à connaître de cette affaire, la Cour Pénale Internationale ne va plus s’en saisir.

 

 

Qu’en est-il du dossier relatif aux massacres d’Aguelhok sachant que le Mali avait déjà porté plainte devant la CPI ?

Ce dossier comprend deux volets : un volet international et un volet national.

Au moment des faits, la justice malienne était inexistante au Nord du pays et n’avait donc pas la capacité de poursuivre les auteurs de ces crimes. C’est pourquoi l’Etat du Mali a saisi la Cour Pénale Internationale. Si la CPI doit poursuivre, elle s’intéressera aux principaux commanditaires des  crimes c’est-à-dire les responsables des groupes armés. Les autres personnes impliquées dans ces crimes pourront être poursuivies devant les juridictions maliennes. C’est dans ce cadre que certains cabinets d’instruction du Pôle Economique et financier relevant du Tribunal de première Instance de la Commune III de Bamako connaissent  des affaires dites du Nord. Des victimes se sont déjà constituées parties civiles dans ces affaires et d’autres constitutions de parties civiles sont en cours.

 

 

 

Comment comprendre qu’au même moment où des mandats d’arrêt internationaux lancés contre des chefs rebelles sont levés, le chef de l’ex-junte est poursuivi par la justice ? Peut-on parler d’une justice à deux vitesses ?

Autant, je me réjouis des  poursuites engagées contre  les présumés auteurs des crimes commis au Sud parmi lesquels le chef de l’ex-junte, autant je déplore la levée des mandats d’arrêt internationaux lancés contre des chefs rebelles car elle consacre l’impunité et donne à notre justice l’allure d’une justice à deux vitesses. Je sais que cette décision est plus politique que judiciaire même si la justice en porte injustement le chapeau.

Je rappelle aux autorités politiques du Mali  que la construction d’une paix durable et la réconciliation nationale passent nécessairement par une justice indépendante et équitable.

Ces mandats d’arrêts avaient été émis le 8 février 2013 par le procureur général près la Cour d’Appel de Bamako. Ils reposent sur des motifs d’une extrême gravité : crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crimes à caractère racial, régionaliste et religieux, assassinats, rébellion, terrorisme.

 

 

J’estime que si une solution politique doit être trouvée pour résorber les causes profondes du conflit au Nord du Mali, elle ne peut se faire au détriment des victimes de la crise, ni à l’indépendance de la justice. Toute levée de mandat d’arrêt devrait être le fait d’une décision judiciaire, dans le cadre strict des enquêtes en cours, afin de ne pas engendrer une logique d’impunité.

 

 

Les exemples de négociations politiques dans la sous-région, notamment en Sierra Leone, ont montré que l’impunité n’était jamais une base solide pour la paix. Je demande donc au gouvernement malien de tout mettre en œuvre pour poursuivre et juger les auteurs des principales violations des droits humains commises sans distinction de parties.

 

 

Réalisée par Birama Fall

 

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13 COMMENTAIRES

  1. A Sevare’ Corps sommairement exécutés enfouis sous la terre (PH/exactions_mali_ L’Express)

  2. Ce qui se dessine aujourd’hui dans l’Azawad n’est rien de moins qu’un nouvel « épisode » d’épuration ethnique avec l’aval et même la contribution de la France ; l’épuration ethnique étant une manie que les régimes de Bamako ont développée depuis les prétendues indépendances de l’Afrique, toutes couverte par la Françafrique comme par la communauté internationale.

    Celle qui se dessine sera aussi silencieuse que les précédentes et cette fois, ce sera grâce à François Hollande, celui-là même qui avait dit: la Françafrique c’est terminé…
    Donc méditez et dites moi ou est la neutralité honnêtement, où se cache la justice borgne ?
    Awni tie’.

  3. tant par les populations que par les ONG Amnesty et Human Rights watchs…mais, ce ne sont ni des journalistes français, ni des militaires. Ce ne sont que des Touaregs et des Maures. Ils ne correspondent à rien d’autre que ce que la belle langue française nomme cyniquement « les dégâts collatéraux».

  4. Quant à la « justice malienne », elle prêterait à rire si les circonstances n’étaient pas si dramatiques. Ainsi, les criminels responsables du charnier des 21 bérets rouges de Diago seront jugés, en supposant d’ailleurs que ce soient les vrais responsables, qu’en sera-t-il des « commanditaires » qui ont formé et participés au gouvernement de transition mené par le président Dioncouda ?; un gouvernement, dont il convient de rappeler la nature militaire et putschiste, qui a « sollicité » la France pour faire intervenir ses forces militaires.

    A ce jour, les militaires maliens, « formés aux droits de l’homme » par l’ONU et Serval, qui ont commis les exactions et les exécutions sommaires de civils Touaregs et Maures dans le sillage de l’opération Serval, notamment à Diabali, Sévaré, Gossi, dans le cercle de Gao et de Tombouctou, ne sont nullement pas inquiétés. Personne n’évoque l’hypothèse de leurs jugements et encore moins de leur incarcérations…pourtant leurs crimes ont été dénoncés.

  5. François Hollande a affirmé samedi que le MNLA devait déposer les armes et engager un dialogue politique avec les autorités maliennes qui avaient tuées par balles 2 femmes (dont une enceinte) lors d’une manifestation pacifique des femmes et des enfants de Kidal. Faisant abstraction de ces femmes mortes sous les balles de l’armée malienne, tout comme il a curieusement « oublié » les centaines de civils morts au cours des exactions et des exécutions sommaires commises par l’armée malienne dans le sillage de l’opération Serval, c’est au MNLA que François Hollande demande de déposer les armes et non pas à une armée criminelle qui a fait de l’épuration ethnique sa principale devise.
    Découverte de plusieurs charniers contenant des civils touaregs et arabes exécutés par l’armée malienne tout le long de la progression de l’armée française (Serval) contre les groupes terroristes. Il y’a plus de civils tués par l’armée malienne que de terroristes abattus par Serval. Bientôt un rapport complet

  6. Même si le Gl SANOGO est condamné, nous attendrons toujours sa libération.
    Comme des millions de maliens, nous pensons que c’est de la légitime défense. Tout le reste est du montage grossier des apatrides qui se disent juges.
    Personne ne pourrait nous convaincre du contraire.

  7. Quant ont dit merci a la justice pour sa mission bien entrepris sur les crimes commis par des soldats rebelles dit CNRDRE au SUD

    ne veut pas dire oublié ou soutien au crime commis par des rebelles Touaregs au Nord

    La justice pour tous Q ibk revient sur son désordre

  8. La CPI doit s’emparer du dossier… je sais que apès 7-10 ans Sanogo va être libéré. Hors, a la CPI 75 ans d’emprisonement.
    Mais, Juridiquement la CPI peut s’emparer seulement si la justice malienne ne peut pas. Et jusqu’à preuve de contraire, le Mali a prouvé qu’il peut.

  9. Sanogo jugé à Bamako , c’est comme s’il était libéré ce soir ………………ou alors une guerre civile entre les pro et les anti ce qui serait encore pire 😳 😳 😳 😳 de toute façon il y a beaucoup trop de corruption au Mali pour que Sanogo ne puisse s’enfuir d’ici 3 mois 👿 👿 👿

  10. l’ex Président UIDH occulte les crimes de guerre commis par les militaires maliens à l’endroit des populations civiles de ces régions. Comment un defenseur des droits de l’homme soit aussi partial et ne fait pas cas un seul instant des exactions commises par les militaires sur les touareg et arabes des régions nord du mali durant les différentes rebellions.
    Tous les maliens aspirent aujourd’hui à la justice et c’est pourquoi, la CEPI doit exiger des Autorités maliennes toute la lumière sur les differentes tuéries des militaires à niono,tombouctou,ber,rharous,gossi, gao, menaka et kidal depuis 1990 à 2013.
    Les Autochtones que sont les touareg dans les régions nord du mali ont été persécutés,déportés,épurés, appauvris et marginalisés par tous le gouvernements successifs de notre pays. je peux l’attester puisque je suis résté 10 ans dans ces régions.

    • Toi tu ressembles à un drogué ou un tueur issu du MNLA.
      C’est bien la justice à plusieurs vitesses:
      1. Sanogo arrêté pour légitime défense et avoir sauvé le Mali des voleurs de ATT et fait d’IBK Président,
      2. MNLA après avoir tué des milliers de noirs, députés car peau blanche, MNLA devenus RPM car peau blanche et possédant des armes;
      3. FDR qui a demandé aux bérets rouges d’attaquer les bérets verts ne sont pas inquiétés;
      4. rapport VEGAL non inquiétés;
      5. Juge Karembé, beau père de l’ennemi de Haya;
      ….

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