Moins d’une semaine seulement après la levée de sa sanction consacrant son retour en fanfare au sein de l’ADEMA, le maire de la Commune III du district de Bamako, Abdel Kader Sidibé, le temps d’un entretien nous a brossé l’enseignement qu’il a tiré de son bras de fer avec l’actuel bureau de l’AMM, ainsi que de sa lecture de la guéguerre qui prévaut au sein de son parti pour le choix d’un candidat consensuel à l’élection présidentielle de 2012.
Abdel Kader Sidibé : Dieu merci, la commune III se porte bien. Dans la gestion locale d’une commune aussi importante comme la CIII chaque jour a ses réalités. Malgré tout, les missions qui nous sont confiées en tant que gestionnaire local par rapport à des questions de la santé, de l’éducation, de l’assainissement de l’hydraulique ainsi que de l’administration générale s’exécutent avec la participation de toutes les composantes et dans la règle de l’art. C’est pourquoi je pense que pour le moment, ça va.
Quelle a été l’issue du litige qui vous opposait à l’actuel bureau de l’Association des Municipalités du Mali ?
AKS : on peut affirmer que ce litige a été clos depuis maintenant deux semaines grâce aux efforts d’une mission de conciliation qui a été mise en place par la section III ADEMA du district de Bamako. Ce qu’il faut savoir est que même si l’affaire concernée avait une connotation administrative et juridique mais produisait quand même des conséquences politiques. Cette connotation administrative et juridique s’expliquait par le fait que ce litige est né de l’organisation du dernier congrès de l’Association des Municipalités du Mali. Un congrès qui, à mon avis ne s’est pas déroulé dans les conditions légales. Il y’a eu à l’issue des travaux dudit congrès de nombreuses violations des textes de l’AMM, c’est pourquoi en toute légalité j’ai décidé de porter plainte pour demander l’annulation de ce congrès. Tout le monde connait la suite, au niveau non seulement du tribunal administratif que celui du civil j’ai eu gain de cause, car toutes les deux juridictions ont décidé d’annuler le congrès et dissoudre le bureau qui en est issu et ordonné la reprise du congrès.
Partant donc, de la logique qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès, la commission de médiation m’a approché en même temps que Boubacar Bah sous l’égide du CE de l’ADEMA pour établir un terrain d’entente entre nous. Pour cela, j’ai exigé une rencontre de toutes les deux parties. Effectivement cette rencontre s’est tenue au siège du parti en CIII sous la présidence du Président de l’ADEMA, Dioncounda Traoré. Ainsi, après deux jours d’échanges entre moi d’une part et l’autre partie représentée par Boubacar Bah, avec aussi Dioncounda Traoré qui représentait le parti, finalement on est arrivé à un protocole qui s’articulait sur trois points .Il s’agit pour l’AMM de renoncer à son appel du jugement qui m’avait donné gain de cause, en suite à moi de renoncer au bénéfice de celui-ci et ce protocole d’accord exigeait en troisième lieu, mon réintégration au parti.
Voilà ce qui a donné l’occasion à la section III ADEMA d’organiser une manifestation le lundi 04 juillet dernier pour célébrer comme il se doit mon retour au sein de la famille. En gros, c’est cette genèse que je peux faire de ce contentieux.
Cette réintégration est-elle définitive, cela, si l’on considère que cette crise a ouvert de nombreuses plaies au niveau de la section III ?
Comme j’ai eu à l’affirmer à plusieurs occasions, notamment lors des discussions, je ne suis jamais parti de l’ADEMA. Le militant ADEMA, c’est le militant qui croit à des valeurs. Et tant que l’ADEMA est toujours porteur de ces valeurs je demeure toujours militant pour faire véhiculer celles-ci.
Une anecdote, quand j’étais le directeur du PAM, lors de l’une de mes missions à Youwarou, j’ai rencontré un piroguier qui m’a amené dans son hameau. Dans la case de celui-ci j’ai été impressionné du fait que les parures étaient faites des affiches de l’ADEMA. Imaginez, celui là qui dort et se réveille toujours avec sous les yeux les symboles de l’ADEMA, n’est peut être même pas connu des organes du parti. Mais pourtant, il manifeste fièrement et à sa manière son militantisme. C’est ça l’ADEMA. Le véritable militant c’est celui qui adhère aux valeurs du parti. Compris sur ce plan là, je n’ai jamais quitté l’ADEMA.D’ailleurs, je suis membre fondateur de ce parti, à son premier congrès constitutif j’étais là comme délégué. Les valeurs de l’ADEMA, auxquelles j’ai entièrement souscrit, je les défends jus qu’à preuve du contraire.
Force est de reconnaître que durant toute cette crise, vous avez été soutenu par les militants de la CIII à tous les niveaux, avec ce retour quel appel lanceriez vous à leur endroit ?
Effectivement, cette solidarité fulgurante que j’ai bénéficiée m’a beaucoup touché, c’est pourquoi l’occasion m’est permise de remercier très sincèrement toutes ces femmes et tous ces hommes politiques et apolitiques qui vraiment dans ces moments là m’ont soutenu directement et indirectement. J’ai profondément considéré le sens de leur soutien, qui était celui de la cause juste. Cette leçon mérite d’être retenue par tous, le Mali d’aujourd’hui doit être un Mali juste. Ce qui reste d’ailleurs une valeur fondatrice de l’ADEMA. Ainsi, je leur demande de toujours continuer à croire à ses valeurs. En même temps, je compte toujours sur leur soutien pour qu’ensemble nous puissions relever d’autres défis dans la solidarité.
De nos jours votre parti est en ébullition par rapport au choix de son candidat pour les présidentielles de 2012, quelle lecture faites vous de cette situation ?
Je pense d’abord que ce n’est pas l’ADEMA seulement qui est en ébullition, d’autres partis vivent eux aussi la même situation. Ce qu’il faut savoir est qu’un parti politique, sa première vocation est la conquête du pouvoir. Alors, partant du constant que le pouvoir sera vacant dans un an c’est bien normal que des hommes politiques manifestent des aspirations pour le conquérir. Et cette agitation est bien logique. Cependant, ce qui est regrettable et qu’il faut condamner c’est le fait que tout se passe comme s’il n’existe qu’une seule place, celle du Président. J’estime qu’aujourd’hui c’est trop passionné, c’est à dépassionner, car être Président c’est une charge énorme, ce n’est pas de la jouissance. Il appartient donc aux intéressés de prendre toute la mesure de la responsabilité qu’ils veulent assumer.
Pour ce qui concerne l’ADEMA, il est bien de reconnaître qu’elle est partie sur une base de concurrence saine. On se trouve dans cette phase là, les primaires. Du coup, tous ceux qui ont des ambitions peuvent les exprimer à travers leur candidature, maintenant il y’a des mécanismes pour opérer le choix définitif. Par rapport à ça, ma lecture m’a renvoyé à faire une grille de profil de ce qui peut être un bon Président. Je prendrais le temps de faire passer tous ces candidats dans cette grille, et en fonction je ferais mon choix. Et je reste convaincu que mon choix se fait sur la base du même principe que le parti. Quand le parti choisira un candidat c’est celui là qui est à soutenir.
Quel est votre mot de la fin ?
Je vais profiter de vos lignes pour particulièrement remercier la presse. Cette presse malienne, qui durant tout ce problème de l’Association des Municipalités du Mali, n’a pas ménagé d’efforts pour offrir à l’opinion nationale des informations justes. Et surtout, de donner son point de vue, c’est ça aussi le rôle de la presse dans l’exercice démocratique. Je vous assure, que je m’inspirais souvent de certaines analyses de la presse pour déterminer ma ligne de conduite. Je remercie encore une fois de plus la presse par rapport à l’éclairage donné sur ce problème.
Entretien réalisé par Moustapha Diawara