Aujourd’hui la quarantaine révolue, ce jeune magistrat mérite confiance. Andogody Guindo, il s’agit de lui a exercé en sa qualité de juge d’instruction de 1997 à 2000 dans les tribunaux de 1ère instance de Sikasso, de Kayes. Et puis, environ 10 ans, il a été juge de paix à compétence étendue respectueusement à Markala, à Kolokani et à Bla. De Bla, il est appelé comme conseiller juridique du ministre de la Culture jusqu’au 21 septembre 2011 où celui-ci lui fait confiance pour le nommer à la tête du Bureau Malien du Droit d’Auteur (BMDA). Alors, nous lui avons rencontré pour vous. Suivez !
Le Zénith Balé : Depuis votre arrivée à la tête de cette direction, quelle appréciation en faites-vous ?
Andogody Guindo : Le BMDA se porte tant bien que mal. Toutefois, je viens d’arriver. A ce stade, il me serait très difficile d’en faire une appréciation juste. Je peux me tromper. Mais, de mon point de vue, le bureau se porte bien. Au niveau de l’organisation, toutes les structures sont en place. Les hommes qui sont chargés de l’animation de ces structures sont à la tâche et j’espère pouvoir, avec eux, relever les grands défis qui se présentent au BMDA.
ZB : Comme vous l’avez évoqué tout à l’heure, les grands défis. Alors, pouvez-vous nous dire quels sont vos grands chantiers pour ces défis ?
DG : Les chantiers sont très nombreux. Mais, ce qui est aujourd’hui primordial et qui nous empêche de dormir, c’est le problème de la piraterie. Cette gangrène, je dis même ce cancer qui menace la création, qui pose des difficultés assez énormes aux artistes du Mali, aux créateurs de façon générale. Donc, notre action va porter essentiellement dans un premier temps sur la lutte contre la piraterie. Qui est un phénomène ayant atteint des dimensions mondiales surtout encore avec la numérisation systématique des œuvres d’arts. Vouloir combattre la piraterie au point de l’endiguer totalement, à notre avis, équivaudrait à la recherche de la pierre philosophale. Cependant, nous pensons qu’avec l’engagement, la détermination, nous pouvons arriver à bout de ce phénomène. Donc, la piraterie a aujourd’hui atteint des proportions très inquiétantes surtout dans notre pays où un artiste, un créateur, avant que son produit ne soit lancé sur le marché trouve que le marché en est déjà inondé. Donc, nous allons nous attaquer à la source du mal. Pour cela, nous avons déjà entrepris des actions. Nous sommes en contact avec des services de répression notamment avec la douane pour nous accompagner dans cette lutte que nous sommes sur le point de mener et que lutte par laquelle nous espérons engranger des résultats pouvant donner une satisfaction relative à l’ensemble des créateurs. Parce qu’il faut le dire, la piraterie est un vol qualifié qui tue la création. La création, c’est l’âme d’une Nation. Les hommes passent mais leurs œuvres sont les repères de l’histoire. Si aujourd’hui nous parlons des œuvres qui ont été réalisées il y a un million d’années, d’une histoire c’est parce qu’un jour un créateur a pu laisser quelque chose. Et cette chose laissée constitue un repère de l’histoire. Pour nous, il faut que la piraterie s’arrête. Ce que nous déplorons, c’est que dans l’esprit général, pirater une œuvre ne parait pas grave chez beaucoup de personnes. Mais, nous voulons que les gens sachent que c’est du vol. Alors, nous allons continuer à sensibiliser les gens pour qu’ils sachent que la piraterie est un vol. Notre action va consister à faire en sorte que le créateur, l’artiste, le plasticien, le cinéaste puisse vivre dignement des fruits de son œuvre tout comme le cultivateur vit des fruits de sa culture. Nous allons veiller, nous allons nous battre afin que l’artiste puisse vivre dignement de son art.
En plus, nous entreprenons des actions pour faire en sorte que le BMDA soit mieux connu, son rôle, ses missions. Aussi, nous allons nous atteler à sauvegarder les droits des créateurs. Pour qu’ils puissent réellement vivre de leurs œuvres. Alors, je voudrais assurer chacune et chacun qu’il n’y a pas péril en la demeure, l’espoir est permis. Cet espoir ne peut être réalisé qu’avec une conjugaison d’efforts. Il se réalisera dans une synergie d’actions. Donc, c’est ensemble, artistes, musiciens, cinéastes, plasticiens, bref tous les auteurs, les créateurs d’œuvres de l’esprit. Je voudrais affirmer et réaffirmer que le BMDA reste ouvert à tous et la contribution de tous est attendue. C’est avec cet esprit de collaboration, que les défis qui paraissent invincibles pourront être relevés.
Par Boubacar DABO