Dans la dynamique de l’organisation très prochaine en novembre à Abidjan en Côte D’Ivoire d’un forum de haut niveau sur le financement alternatif du secteur eau hygiène et assainissement, nous avons rencontré M. Youssouf Cissé de EAA Mali. Il nous fait le point de l’organisation, les attentes du Mali, l’importance de cette rencontre, les espoirs des acteurs. Il est en terrain connu, son organisation porte le lead de la participation malienne à ce forum qui va tenter de mobiliser des ressources supplémentaires pour ce secteur combien important pour nos pays. Suivez le regard de M. Cissé.
ZENITH BALE : M. Cissé, pouvez-vous déjà nous définir EAA ?
M Cissé : EAA Mali c’est l’agence panafricaine eau et assainissement, il s’agit de l’organisation que l’on appelait CREPA mais qui a changé de nom depuis 2011 à Ouagadougou à travers un conseil des ministres ; elle porte désormais le nom d’EAA Mali.
ZENITH BALE : Qu’est-ce forum va pouvoir apporter au secteur eau hygiène assainissement ?
M. Cissé : Depuis 2011 EAA organise des fora. Le premier c’était en 2011 à Ouagadougou au Burkina Faso, le second en 2012 à Dakar au Sénégal ; en cette année 2013 nous serons à Abidjan en Côte d’Ivoire du 21 au 23 novembre. Il s’agit pour nous de réunir l’ensemble acteurs du secteur de l’eau et de l’assainissement en Afrique : secteur public et privé, société civile pour discuter des questions d’approvisionnement en eau, partager les solutions innovantes et trouver des solutions pour les questions de financement. A notre avis ce forum est d’une importance capitale qui va permettre à l’Afrique de booster les financements pour faire avancer le secteur.
ZENITH BALE : Qui sont les acteurs de l’organisation de cette rencontre ?
M. Cissé : L’organisation est coiffée par un conseil des ministres, donc en premier lieu les ministres de tutelle de chaque pays membre du conseil des ministres, les ministres des finances qui sont invités cette année, puisque rien ne peut marcher sans les finances. Il y a également le panel des chefs d’Etat qui va se tenir, le président Ivoirien M. Alassane Dramane Ouattara va inviter tous ses pairs africains pour leur participation à ce forum. Il y aura le panel des chefs d’Etat, le conseil des ministres, la réunion des bailleurs de fonds et les réunions sectorielles eau dans le cadre de la décentralisation, et d’autres types de rencontres.
ZENITH BALE : Qu’est-ce qu’un pays comme le Mali peut attendre de l’organisation d’un tel forum ?
M. Cissé : Je pense que le Mali attend beaucoup de ce forum parce que vous savez très bien que tous les pays africains ont besoin de financement pour ce secteur. Il s’agit pour nous de porter nos projets prioritaires pour participer à la table ronde des bailleurs avec les ministres. Ce qui peut nous apporter des financements importants. Il y a également le fait que nous allons partager les expériences réussies chez les autres pays, car nous avons beaucoup de difficultés au niveau de ce secteur. Vous savez également que notre pays sort d’une crise majeure, nous pensons que le secteur de l’eau et de l’assainissement a beaucoup souffert de cette crise, alors c’est l’occasion de solliciter des partenaires des efforts supplémentaires pour résoudre les difficultés engendrées par la crise.
ZENITH BALE : Est-ce que vous pensez que la coopération Sud-Sud que prône ce sommet peut constituer une alternative au financement classique ?
M. Cissé : C’est notre conviction puisque les donateurs classiques depuis longtemps ont de moins en moins de ressources affectées au secteur. Donc il est temps pour l’Afrique elle-même de s’organiser pour pouvoir financer un secteur aussi important que l’eau et l’assainissement. A présent, si nous-mêmes nous ne nous organisons pas, il arrivera un moment où le manque de financement fera que l’insuffisance d’eau et les problèmes d’assainissement vont créer de gros problèmes à l’Afrique. Nous pensons aussi qu’au-delà de ces financements, il va falloir s’organiser avec le secteur privé. Nous avons beaucoup de banques mais elles ne se sont jamais intéressées suffisamment à ce secteur disant qu’il s’agit d’un secteur social sur lequel on n’attend que les dons. Alors que pour nous il s’agit d’un secteur porteur dans lequel on peut faire de l’investissement et faire du profit, donc le secteur privé peut y trouver son compte, ainsi que la société civile qui défend la population. Nous pensons que la coopération Sud-Sud aujourd’hui, c’est au moins 40% du PIB mondial avec des pays comme l’Inde, la Chine, le Brésil et l’Afrique elle-même. Nous pensons que cette année avec la participation de ces pays le forum élargit ses perspectives pour davantages de résultats.
ZENITH BALE : Comment expliquez-vous les difficultés d’approvisionnement des grandes villes africaines ?
M. Cissé : Bien que beaucoup de nos pays regorgent de ressources en eau, ils ont des difficultés d’approvisionnement, c’est vrai, mais il faut comprendre quelque chose. L’approvisionnement en eau il faut le voir comme une industrie : il y a la matière première, mais aussi les procédés de traitement pour avoir un produit fini qui est l’eau potable, donc de l’investissement. Ce sont donc des investissements importants qui se chiffrent en milliards de nos francs, c’est pourquoi nombreux sont nos pays qui n’arrivent pas encore à satisfaire les besoins en eau de leur population.
Propos recueillis par
Youba KONATE