Dans cette interview, qu’il bien voulu nous accorder, younouss Ibrahim Maïga, chef de la délégation, envoyée auprès des refugiés maliens au Burkina-Faso, nous dresse le bilan de sa mission.
Vous êtes le chef de la délégation envoyée dans les camps de refugiés maliens au Burkina Faso. Dans quelles conditions vivent –ils ?
Merci au canard Déchainé, pour avoir s’intéressé à la vie de la nation et particulièrement à celle des refugiés. Pour revenir à votre question, il faut dire que les refugiés vivent bien. Ils le disent eux-mêmes, ils sont gâtés par rapport à leurs frères VIVANT dans d’autres camps.
Bénéficient-ils d’aides de la part des autorités burkinabé ou des ONG ?
Ils sont pris en charge par les autorités burkinabé, les ONG notamment le UNHCR et l’ambassade du Mali au Burkina Faso.
Et Leurs enfants bénéficient-ils d’un suivi scolaire ?
Il y’a certains enfants qui suivent des cours au camp, d’autres dans les écoles publiques burkinabé. On enregistre quelque difficulté liée au niveau des enfants.
Quels messages avez adressé aux refugiés ?
Nous sommes allés dans ces camps en tant que membres de la société civile. Le message, il est simple. C’est que nous voulons que le Mali reste un et indivisible.
que vous ont-ils répondu ?
Tout ce qu’ils veulent c’est de revenir dans leur pays.
Ont-ils posé des conditions pour leur retour ?
Ils ne posent pas vraiment de conditions. Le problème, pensent-ils, est au niveau supérieur. Il faut que les coups de canon cessent. Ils sont, aussi, inquiets par rapport aux rumeurs d’exactions qui leur parviennent.
Cette mission a été initiée par la coopération allemande. Quel est son objectif ?
L’objectif de la mission était de rendre, tout simplement, visite à nos frères.
Les refugiés ont-ils été réceptifs à votre message ?
Vous savez, il est difficile d’avoir l’unanimité dans un groupe. Je dirais que certains ont été réceptifs à notre message.
que pensent-ils du dialogue inter-communautaire lancé par le gouvernement et ses partenaires ?
Tous accueillent le dialogue avec enthousiasme. Parce que ce qui s’est passé dans notre pays est si grave qu’il faut un dialogue pour apaiser les esprits. Ils en sont conscients.
Quel enseignement tirez-vous de cette mission ?
Nous sommes allés voir des Maliens. Certains croient fermement à l’avenir de notre nation. Cette mission, m’a édifié sur beaucoup de choses.
La coopération allemande a-t-elle eu raison selon vous d’initier cette mission ?
Je pense que cette mission est une très bonne initiative. Le dialogue ne pas se faire d’en haut. Il faut que les gens se voient, se parlent.
Votre dernier mot à l’endroit des autorités maliennes.
Il faut que les autorités maliennes et les mouvements, MNLA et compagnies se disent qu’il est temps d’en finir avec cette crise. Les populations n’ont que trop souffert. Il est temps que le dialogue commence. Je suis élu d’un cercle, celui de Gourma-Rharous, dont les populations s’estiment oubliés par le pouvoir central. Pour terminer, je pense que face à un problème national, il faut une solution nationale.
Interview réalisée par Mamadou Togola
L’honorable Bajan Ag Hamatou, député élu à Ménaka et chef de la délégation envoyée auprès des réfugies au Niger :
‘‘Les refugiés maliens ont apprécié cette initiative de la coopération allemande’’
L’honorable Bajan Ag Hamatou, député élu à Ménaka et non moins petit –fils de Firhoun, résistant touareg à la pénétration coloniale, était le chef de la délégation, envoyée auprès des réfugiés maliens du Niger. Voici son témoignage.
Canard déchaîné : Vous êtes le chef de la délégation envoyée auprès des réfugiés maliens au Niger. Quel message leur avez-vous adressé ?
J’étais accompagné du maire de Ménaka, des membres du Haut Conseil de Ménaka et de trois autres personnes de la société civile. Au total, nous étions au nombre de six (6) et j’étais le chef de mission.
Le message que nous sommes allés porter aux réfugiés est celui du gouvernement, qui n’a pas oublié qu’ils sont dans des difficultés. Le deuxième message est que ces populations retournent dans leurs localités respectives.
C’est la coopération allemande (GTZ) qui nous a permis de faire ce déplacement. Je profite de l’occasion pour remercier la coopération allemande. Car n’eut été, l’aide qu’elle nous a apportée, nous n’aurions pas pu faire cette mission. Nous n’aurions pas réussi ce que nous avons réussi aujourd’hui.
Comment les refugiés ont-ils réagi ?
Je vous assure que les populations réfugiées étaient très contentes de cette initiative de la coopération allemande.
Nous avons, d’abord, rencontré les autorités nigériennes, auxquelles nous avons expliqué le message que nous allons adresser aux populations déplacées.
Donc les populations nous ont compris et ont indiqué que tout ce qu’elles veulent, c’est de rentrer au bercail.
La population de Ménaka a hâte de retourner chez elle, après cette mission de sensibilisation et je crois que c’est le cas pour les populations déplacées des autres localités. J’ai visité le camp d’Ayerou qui regroupe les réfugiés de Gao, d’Ansongo …Ils sont tous prêts à se réconcilier, à retourner chez elles si les conditions de paix et de sécurité sont réunies.
Les réfugiés ont-ils posé des conditions à la réconciliation ou au dialogue intercommunautaire ?
Pour ce qui est de la réconciliation, il n’y a pas de problème. La population comprend que quel que soit ce qu’elle aura connu, elle a le devoir de trouver le moyen de se réconcilier pour le retour de la paix.
A l’intérieur du cercle de Ménaka, nous avons posé le problème car il y a toujours des gens qui sèment l’anarchie et qui pensent que c’est dans cette crise qu’ils trouvent leurs comptes. Mais quand nous avons posé le problème, les jeunes sédentaires noirs et le reste de la population touareg nous ont tous compris. Ils ont tous dit que c’est fini.
Mais pour leur retour, les seules conditions qu’elles ont posées, ce sont les moyens de transport et une assistance humanitaire, afin de leur permettre de reprendre leurs activités génératrices de revenus. Elles ont compris qu’il faut qu’elles jouent leur partition dans le retour de la paix et la réconciliation.
Pour ce qui est de la paix, elles ont aussi compris que leur implication est indispensable.
Dans quelles conditions vivent-ils au Niger ?
Il faut reconnaître que les autorités nigériennes ont bien accueilli les réfugiés de Ménaka et l’ensemble des réfugiés maliens au Niger. Raison pour laquelle, ils ont tenu à remercier les autorités nigériennes.
Le HCR a aussi beaucoup fait pour ces populations et il importe de le remercier pour cela.
Moi je crois qu’à ce niveau, les populations ne se plaignent pas. Mais lorsque quelqu’un vit dans un camp de réfugiés, il a toujours l’impression qu’il lui manque quelque chose, car on n’est mieux que chez soi.
Selon vous, la coopération allemande a-t-elle eu raison d’initier cette mission ?
Sans doute, elle a eu raison de le faire et il faut d’ailleurs d’autres missions de ce genre, pour sensibiliser les refugiés au retour.
Je crois qu’il faut, sincèrement, remercier la coopération allemande. Et tel que l’ont compris les Allemands, il faut occuper le terrain par des missions qui ont à cœur, le souci de ramener la paix, la cohésion sociale et la réconciliation entre tous les fils du pays. Il faudrait qu’il y ait beaucoup de missions de ce genre pour rencontrer les populations déplacées ou réfugiées et les sensibiliser.
C’est ainsi qu’on pourra ramener l’administration sur le terrain et organiser les élections à venir.
Selon vous, qui venez de rentrer de mission, peut-on parler aujourd’hui de retour des populations, de l’administration et même d’organisation des élections ?
Si on envoie plusieurs missions comme la nôtre, qui a réussi à convaincre la population qu’il faut la paix et la réconciliation ; qu’il faut le retour de la population chez elle et si les moyens suivent, on peut bel et bien organiser les élections.
En peu de temps, la population a fait le déplacement pour aller se réfugier ailleurs et je crois que si les conditions sont réunies, en peu de temps aussi, elle peut retourner chez elle pour participer aux élections.
Pour cela, il faut sensibiliser chacun des leaders des communautés et c’est cela que la coopération allemande a compris. Il faut la remercier pour cela.
A l’issue de cette mission, quel message avez-vous à adresser aux autorités maliennes et aux populations ?
Le message que j’ai à adresser aux autorités maliennes et aussi aux populations, est qu’après ce que notre pays a traversé dans sa partie nord pendant près d’un an, la lutte qui est menée aujourd’hui contre les agresseurs de notre pays et de notre peuple ne peut être gagnée, sans la participation de l’ensemble de la population du nord comme celle du sud. La lutte qui reste à mener, c’est de combattre ce phénomène qui s’est introduit au sein de nos populations. Il s’agit de l’intégrisme religieux. Il faut que les populations aident les forces armées et de sécurité à débusquer les islamistes et terroristes qui se cachent au sein de la population.
Il faut que les populations se pardonnent. Il faut que les autorités maliennes réunissent les conditions du retour des refugiés dans leurs localités.
Propos recueillis par Dieudonné Diama
Bonjour,
Tout en privilégiant les zones du Nord Mali, les casques bleus et la force offensive parallèle (qui est indispensable) devront SÉCURISER AUSSI LES AUTRES RÉGIONS DU MALI aussi bien la population que les ramifications régionales de la commission nationale de dialogue et réconciliation.
ATTENTION, dès que la sérénité regagne ou regagnera une partie du Mali, des groupes armés (MNLA, MUJOA, …) auront tendance ou souhaiteront y commettre des exactions si la partie concernée n’est pas suffisamment sécurisée.
Comme je l’avais indiqué dans ma proposition de sortie de crise, cette sécurisation doit s’étendre à toutes les régions et doit concerner toutes les communautés.
Le Mali et les partenaires devront organiser le retour de l’administration, des populations déplacées dans leurs lieux de résidence habituels tout en leur fournissant des ressources pour VIVRE ou fonctionner et pour RECONSTRUIRE DURABLEMENT leurs zones.
Bien cordialement
Dr ANASSER AG RHISSA
EXPERT TIC/GOUVERNANCE
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