Interview de Makan Koné : Mali – Comment couvrir une guerre?

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Makan Koné, président de la Maison de la  Presse
Makan Koné, président de la Maison de la Presse

Comment couvrez-vous la guerre dans votre pays? N’est-il pas difficile de rester neutre?
Makan Koné: Bien sûr, il est difficile parce que nous sommes toujours tentés de faire preuve de plus de patriotisme dans de telles situations. Par ailleurs, nous sommes dans un état d’urgence qui implique que les médias sont sous contrôle. Dans une guerre, les nouvelles sont toujours au service de l’effort de guerre. Mais nous essayons de rester neutre et objective. Le plus important est de fournir des informations. La Maison de la Presse a été créé en 1996 et depuis le début du conflit, nous avons conclu un accord avec l’ambassade française pour faciliter la couverture médiatique. Nous sommes un média nous maintenant et nous poster des nouvelles tous les jours sur notre site. Nous avons plus de moyens afin d’envoyer des journalistes à Sévaré ou Gao et de couvrir plus sur le terrain.
Quelles sont les difficultés de la couverture en dehors des questions de sécurité?
Makan Koné: Je pense que le principal obstacle est de savoir ce que vous ne pouvez pas dire et à y faire face. Par exemple, il est difficile de critiquer l’ armée malienne mais je pense que nous devrions faire plus. À mon avis, il est très important de montrer que l’ armée malienne n’a pas les moyens militaires aujourd’hui pour assurer la sécurité du pays partout. Je suis toujours surpris de constater que le gouvernement n’a pas appris les leçons des actions passées de l’armée l’an dernier. Il est donc difficile de parler ouvertement de ces questions dans les médias maliens et de mettre l’accent sur les faiblesses de l’armée malienne. Nous essayons tout de même de ne pas nous censurer.
Que pensez-vous de la CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) en France, qui a appelé France Télévisions  parce que certains des images «sensibles» de morts au Mali ont été montré à la télévision?
 Makan Koné: Je pense que c’est une question très difficile. D’une part, nous devons montrer les exactions encore plus si elles sont le résultat d’une opération de « vengeance »  par l’armée malienne . France 24 a montré des images aussi bien et il avait une valeur informative. D’autre part, il peut être très dangereux de montrer de telles images lorsque la situation au Mali est toujours sur le point de s’effondrer. Je pense que nous devrions en parler et être conscient de cela par les médias, mais nous devrions réfléchir davantage sur la façon dont nous montrons ces images.
Que pensez-vous de la couverture médiatique française? Montrent-ils assez de la guerre? Restent-ils neutre selon vous?
Makan Koné: Ici à Bamako, nous regardons tous les jours  les médias français. Je regarde France 24 et France 2 de couverture. Je pense qu’il est tout à fait neutre, mais la seule chose qui me dérange est plus « l’expertise » certains experts français pensent qu’ils ont sur le pays. Certains d’entre eux sont souvent mal ou pas assez précis dans leurs déclarations. Par exemple, lorsque vous parlez de MNLA comme une «rébellion touareg», il est tout à fait faux, car tous les touaregs ne sont pas de ce mouvement. Ma mère est un touareg par exemple.
Quelle est la suite selon vous? Pensez-vous que la situation va enfin se stabiliser dans le Nord?
Makan Koné: Nous pouvons passer par une période de répit dans le Nord, même si pour l’instant, rien n’est sûr en particulier avec les dernières attentats suicide à Tessalit. Le pilier du conflit est encore l’armée malienne et sa capacité à sécuriser le pays. Je pense qu’il est prématuré de parler d’ élections en Juillet. Peut-être trois ou quatre mois après je l’espère, nous aurons des élections avec des institutions fortes.
Propos recueillis par Lilia Blaise

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6 COMMENTAIRES

  1. Rien que des incapables journalistes griots. Le Mali est battu par le MNLA dans tous les media du monde vous êtes là sous les climatiseurs a porter des belles vestes est sortir a la tele faire des documentaires sur vous-memes…cest la meme irresposabilite malienne en jeu…toujours l’interet personnel accompagné d’une langue douce de griot… où est votre documentaire meme de 15 mn sur le massacre le plus ignoble de l’histoire de notre armees commis a Aguelhoc par le MNLA? Je suis sûr que si vos propres freres etaient parmi les soldats executés ce jour là vous auriez agit.

  2. Rien que des incapables journalistes griots. Le Mali est battu par le MNLA dans tous les media du monde vous êtes là sous les climatiseurs a porter des belles vestes est sortir a la tele faire des documentaires sur vous-memes…cest la meme irresposabilite malienne en jeu…toujours l’interet personnel accompagné d’une langue douce de griot… où est votre documentaire meme de 15 mn sur le massacre le plus ignoble de l’histoire de notre armees commis a Aguelhoc par le MNLA? Je suis sûr que vos propres freres etaient parmi les soldats executés ce jour là vous auriez agit.

  3. Ce n’est pas rester sous les climatiseurs que vous allez couvrir quelque chose de bon.

    France24 a trouvé de quoi a mijoter pour le reste de l’annee… titre: « ville mythique de de Tombouctou…:les exactions de l’armee malienne sur les peaux claires ..blah blah.. »… ainsi continuent les images jusqu’a chez le vieux berger arab qui a été, dit-on, enlevé par l’armee malienne apres que celui-ci ait proposé son don d’une vache a cette meme armee. Entre temps France24 n’a jamais visité le camp d’Auguelhoc pour en faire au moins un petit documentaire sur les circonstances dans lesquelles le MNLA et ses alliés islamistes avaient executé pres de 200 soldats maliens en janvier 2012… cela n’interesse pas du tout la France 24. Mais nos journalistes et autre media sont a blamer…pourquoi ne peuvent ils pas monter un documentaire sur les massacres d’ Auguelhoc pour contre carrer cette campagnes de MNLA-France24?? Où sont nos journalistes??? Ils ont certes oublie leur role et devoir envers la patrie.

  4. LES JOURNALISTES ONT UN GRAND TRÈS RÔLE A JOUER DANS UNE NATION (l’indépendance est la condition indispensable de cette MISSION )les journalistes maliens apparaissent comme des griots au chevet de l’état. Alors pourquoi ne pas imaginer un groupement conséquent de médias privés pour assurer ce pouvoir d’INFORMATION?

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