Interview de Madame Thiam Hawoye CISSE, Directrice commerciale d’EmbalMali et présidente de la Commission d’Organisation de la JIA 2015 sur la santé des Industries maliennes

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Infosept : Madame la présidente de la Commission d’Organisation de la JIA 2015, pouvez-vous nous dire comment se porte aujourd’hui le secteur de l’Industrie au Mali ?

Madame Thiam Hawoye CISSE : je voudrais  tout d’abord remercier la direction générale du journal Infosept pour avoir pensé à l’Organisation Patronale des Industriels, en prélude à la célébration de la JIA 2015. Je suis Madame THIAM Hawoye CISSE, Vice-Présidente en charge de  la Fiscalité (spécialité douane) au sein du bureau de l’OPI. Pour revenir à votre question,  je reconnais que  l’industrie ou plutôt le processus d’industrialisation au Mali se poursuit.

Mais il se trouve que notre secteur d’activité à savoir  la manufacture  est à la traine, sa contribution dans le PIB est de (5% source INSTA), or ce même taux était de 10% il y’a de 15 ans de cela…

La moyenne du PIB de la manufacture dans l’UEMOA/CEDEAO est de 11%. Je dirai donc que le Mali se désindustrialise, or un pays qui n’a pas d’industrie est un pays qui n’as pas d’avenir…

Le dernier recensement industriel donne 500 unités au Mali mais moins de 100 sont formels (S.A. ou SARL avec salariés déclarés et impôt au réel). Chaque année, arrive sur le marché du travail 200.000 jeunes. Seul un secteur industriel florissant serait capable d’absorber un tiers de ce flux. Il nous faudrait un minimum de 100 nouvelles unités industrielles par an !

Infosept : On se rappelle il y’a deux  ans vous aviez à travers l’OPI formulé vos préoccupations  dans un  livre blanc sur l’industrie malienne qui a été remis au candidat IBK. Aujourd’hui trois ans après son élection, est-ce que, selon vous, vos préoccupations ont-elles été prises en compte ?

Madame Thiam Hawoye CISSE : Nous sommes en négociation  avec le gouvernement  actuellement, et nous savons que le premier ministre Modibo Keita, et son prédécesseur se sont tous engagés,  lors de la présentation de leur Déclaration de  Politique Générale  devant les élus de la nation, à mettre en œuvre, les principales recommandations du Livre blanc.

Un comité Ad hoc devant examiner et mettre en œuvre les projets de réformes du Livre blanc a été créé. A cette date,  cet organe présidé par le Secrétaire Général du Ministère en charge de l’Industrie  a pu valider  six  études couvrant  huit projets de réformes du Livre  blanc sur les 23 que comporte le document.

En conclusion, oui nous sommes écoutés par le Gouvernement, oui nous sommes en négociation avec les services techniques de l’Etat, mais attendons toujours les premières reformes industrielles sous l’ère IBK.

Infosept : Quels sont les principaux problèmes de l’Industrie malienne ?

Madame Thiam Hawoye CISSE : Plus que tous les autres secteurs, l’industrie  malienne pâtit particulièrement de contraintes structurelles  et conjoncturelles  telles que la concurrence déloyale de la fraude intellectuelle et de la contrebande sur les marchés, l’accès difficile aux financements, l’insuffisance de la main d’œuvre qualifiée, le déficit en infrastructures, la continentalité, la pression du secteur informel  et le poids de la fiscalité sur le seul secteur formel.

Infosept : Le label « Made in Mali » s’impose-t-il aujourd’hui dans la sous-région ?

Madame Thiam Hawoye CISSE : C’est vrai que le Mali est  membre de l’UEMOA et de la CEDEAO, qui sont des marchés importants pour nos unités industrielles…

Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, le Mali hélas demeure le 1er importateur net des produits industriels des pays membres de ces organisations sous régionales. Or comme l’a dit l’ancien Président des États-Unis  Abdrahame LINCOLN,  je cite ….” Lorsque nous achetons un bien à l’étranger, nous avons le bien et l’étranger à l’argent, mais lorsque nous achetons chez nous, nous avons à la fois le bien et l’argent”.

C’est pour dire que les Industriels maliens doivent songer à acquérir le marché local d’abord pour espérer gagner le combat de  l’extérieur.

Infosept : Dernière question, quelles sont vos attentes par rapport à ces Journées de l’Industrialisation en Afrique qui se seront célébrées au Mali les 28 et 29 novembre prochain ?

Madame Thiam Hawoye CISSE : La décision de l’Assemblée générale des Nations Unies d’instituer la journée de l’industrialisation de l’Afrique constitue un appel aux dirigeants africains de consacrer une part importante de leurs engagements et de leur budget au secteur industriel. Le 20 novembre de chaque année n’est ni plus ni moins qu’un rappel à cet engagement. De notre point de vue,  le Gouvernement  doit  faire du  secteur de la manufacture  le  fer de lance de son économie en général, et le principal vecteur de création d’emploi en particulier.

 

L’émergence est à ce prix !!!

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