Interview de Madame Fatoumata Ouattara, dite Poupée la solution, activiste de la lutte contre la consommation de la drogue a l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la drogue

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« 25% des filles au Mali sont dépendantes de la drogue, ce qui nous interpelle en tant que mères, à nous impliquer dans la lutte contre la consommation de la drogue de nos enfants »

 

Dans les écoles, pendant la récréation, sur les lieux de rassemblement des jeunes, de nuit comme de jour, qu’il pleuve ou qu’il vente, en ville ou en campagne, Madame Fatoumata Ouattara surnommée à bon droit « Poupée la solution », cette mère de famille au cœur de sœur Mère Theresa est sur tous les terrains de la lutte contre la consommation de la drogue chez l’enfant et à ses frais. A l’occasion de la journée internationale de la lutte contre l’abus et le trafic de drogue,  votre hebdo est allé à sa rencontre. Document à l’appui, il ressort de son témoignage que 70% des jeunes dont 25% de filles au Mali prennent de la drogue et que la majorité sont des ruraux. Un véritable carnage qu’il urge d’étouffer dans l’œuf. Lisez plutôt l’interview.

Notre Voie:   Peut-on savoir qui est tante Poupée ?

Fatoumata Ouattara: Je me nomme Fatoumata Ouattara, communément appelée tante Poupée, ou encore Poupée la solution. Je suis mère de six enfants dont 4 garçons et 2 filles. Je travaille à la Faculté de Droit Privé de Bamako.

Le surnom Poupée la solution m’a été donné par des enfants que j’ai eus à encadrer pour les mettre sur le droit chemin. Il s’agit d’enfants que j’ai fait échapper aux dangers de la rue. J’aime les enfants et je me suis consacrée depuis plusieurs années à m’occuper d’eux contre toute forme de de déviance, de banditisme, grâce au soutien de Jean Mari Sangaré que je salue au passage.

Notre Voie: La journée internationale  de la lutte contre la drogue a été célébrée à la date anniversaire. Qu’avez-vous fait à cette occasion?

Fatoumata Ouattara: je vous remercie.  Notre pays n’est pas resté en marge de cette célébration. Les chaines nationales (ORTM et TM2), ainsi que certaines chaines privées ont diffusé cette célébration. Mon domicile a été un lieu de rencontre pour les femmes engagées pour la cause. La lutte contre la drogue est aujourd’hui un combat pour nous les mères et c’est pourquoi nous sommes déterminées à faire en sorte que nos enfants prennent le droit chemin. Cette journée a été bel et bien célébrée au Mali par les acteurs concernés.

Notre Voie: Qu’est-ce qui pousse les enfants vers la drogue ?

Fatoumata Ouattara: Les facteurs sont multiples et divers. D’abord, nous-mêmes en tant que parents,  nous avons démissionné dans l’éducation de nos enfants. Il n’y a plus de communication entre nous et nos enfants. Les parents quittent tôt  la maison et ne reviennent que tardivement dans la nuit. Ils ne cherchent pas à savoir ce qu’ont fait leurs enfants pendant la journée. Le second est le signe de la pauvreté, car en prenant de la drogue, on pourrait faire toute sorte de banditisme pour avoir de l’argent.

Notre Voie: Depuis combien de temps vous menez ce combat?

Fatoumata Ouattara: Depuis plusieurs années. Mais ce n’est que depuis exactement cinq  ans j’ai commencé à être connue du grand public. Comme je travaille à la  Faculté de droit de Bamako et que je suis en contact permanant avec les enfants, j’essaie de les conseiller en les mettant sur le droit chemin. J’ai mené une enquête dans certaines écoles et j’ai constaté  que la plupart des crimes commis par les enfants sont perpétrés sous l’effet de la drogue. Pendant les récréations, les enfants fument de la drogue. J’ai aussi appris auprès des psychiatres de certains hôpitaux que certains enfants âgés entre 15 à 30 ans doivent leur état pathologique à la prise régulière de la drogue. Ce sont des raisons qui m’ont poussée à m’engager dans ce combat.  J’ai été sur plusieurs plateaux des radios privées et ainsi que sur plusieurs lieux de regroupement des jeunes pour informer et sensibiliser sur  les effets de la drogue. C’est à travers cela que les gens ont commencé à me connaitre peu à peu dans le milieu. Aujourd’hui, certains m’accompagnent dans tout ce que je fais. C’est pour l’amour pour les enfants que je mène ce combat, sinon personne ne me paie. Je mène toutes les activités sur fonds propres.

Notre voie: A travers vos enquêtes, peut-on avoir une idée sur le nombre approximatif des jeunes qui consomment de la drogue au Mali?

Fatoumata Ouattara : Au Mali, 70% des jeunes prennent de la drogue. La majorité des jeunes vit dans les campagnes. Il faut  noter que sur ce pourcentage, 25% constituent des filles.

Si l’on prend les cas de viol, 80% des jeunes cèdent sous l’effet de la drogue. En ce qui concerne les braqueurs des motos, nous estimons que 80% des auteurs ainsi que ceux qui commettent des crimes à la machette sont des drogués. Je dois ces chiffres documentés à des personnes ressources.

Notre Voie : En tant que mère de famille et fervente défenseuse des droits des enfants, que préconisez-vous pour réduire à défaut de l’interdire, le taux de la consommation de la drogue au Mali?

Fatoumata Ouattara : En tant que mère, on ne saurait atteindre nos objectifs sans l’implication de toutes les mères dans ce combat. Le gouvernement a beaucoup fait mais nous lui demandons de nous aider et de nous accompagner toujours. Nous devons mener des enquêtes dans tous les quartiers de Bamako, auprès des boutiquiers ou de certains pharmaciens, notamment les pharmacies par terre, et essayer de traquer les vendeurs de la drogue. Nous devons multiplier nos efforts pour mettre fin à ce fléau.

 

Réalisée par A Cissé

Source : NOTRE VOIE

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