Interview de l’Honorable Sékou Fantamadi Traoré : « Que tous les ministres respectent le chef de gouvernement »

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Le gouvernement Modibo III et la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la réconciliation sont les sujets abordés par l’honorable Sékou Fantamadi Traoré, du groupe parlementaire  ADEMA-PASJ, dans un entretien qu’il a accordé au journal Le Soft. Pour l’honorable, le processus de cantonnement est très complexe et demande l’appui de toutes les puissances, y compris la Russie. « L’heure est à la reconstruction du pays, que tous les ministres respectent le Chef du gouvernement ».

Le Soft : Un énième remembrement du gouvernement. Qu’en dites-vous ?

Honorable Sékou Fantamadi Traoré : « Quand on parle de nouveau gouvernement, moi, je dis que les hommes passent, l’Etat reste. Pourvu que le réaménagement ministériel qui vient de se faire soit aussi le meilleur. Les voies et moyens qui puissent amener un pays à aller de l’avant sont la bonne gestion des affaires, la bonne gouvernance. Il faut que ceux-là à qui le Président vient d’accorder sa confiance sachent qu’ils doivent la mériter et qu’ils doivent s’atteler à la tâche. Et que l’action gouvernementale soit homogène, que tous les ministres respectent le Chef du gouvernement. Si cela se passait, la stabilité, la quiétude et le bon travail que nous cherchons seront des acquis, parce que c’est des hommes de valeurs qui constituent tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du Mali, qui y ont coopéré et qui ont posé de bons actes. Il y a eu des couacs, mais nous sommes des êtres humains et des mortels, l’erreur est humaine, mais persister dans l’erreur est diabolique. Je pense que le président a compris, nous le félicitons et l’encourageons pour qu’il fasse assez de prouesses afin que la stabilité et la quiétude reviennent dans ce pays.

Soft : Le processus de cantonnement des groupes armés du nord tarde à se réaliser .Quel est le blocage ?

Je tiens à vous dire d’abord qu’il n’y a pas en réalité de blocage, mais le processus est complexe. En fait, pour qui connait le nord et ses frontières qui ne sont pas bien délimitées, les autorités ont de la peine à les contrôler. Chaque jour que Dieu fait, il y a des événements qui se passent au nord et qui dépassent l’entendement. Parce que c’est une porte d’entrée pour des gens qui ne sont pas Maliens  et qui savent qu’il y’a de la place pour eux. Nos frères qui ont accepté la signature de l’accord les 15 mai et 20 juin derniers, sont toujours de bonne foi ; moi, je trouve qu’ils sont de bonne foi.  Si l’on ne prend pas garde, le nord risque de devenir davantage le sanctuaire du terrorisme, puisque l’armée malienne n’y est pas encore par le fait de la MINUSMA qui ne joue pas franc jeu, à mon entendement et cela n’engage que moi, parce qu’elle doit jouer un rôle d’interposition entre tous les mouvements y compris l’armée malienne. Mais, le premier rôle doit être donné à l’armée malienne, parce que c’est elle qui a en charge la mission du maintien de la sécurité et de la paix sur l’ensemble du territoire national malien. Si cela arrivait, le cantonnement ne serait pas posé comme grand problème. Mais, je dis que c’est complexe. La complexité est due au fait que des  éléments nouveaux sont en train d’y entrer, car tous les jours, nous entendons que les Syriens sont en train d’arriver et on pense qu’il faut donner l’asile politique à ces personnes. Mais, elles sont d’où : de l’Etat Islamique ou de DAECH ?, nous ne savons pas encore. Elles viennent avec quoi ? Pourquoi la destination Mali ? Notre pays ne fait pas frontière avec la Syrie. Voilà la complexité de la situation. La commission mise en place, le gouvernement doit tout faire pour que sa mission soit une réussite. La complexité étant là, c’est à nous et aux médias de sensibiliser l’opinion internationale pour qu’elle puisse nous aider, d’autant plus que nous n’avons pas les moyens adéquats pour bien sécuriser le Nord. Ce sont les grandes puissances comme les USA, la France, l’Allemagne qui peuvent venir nous appuyer. On n’a pas besoin d’eux pour s’interposer. On a besoin de leur appui logistique et de leurs services de renseignement. J’ai espoir que 2016 sera un bon départ.

Le Soft : Pourquoi l’Etat malien ne fait pas appel à la Russie ?

Concernant cette affaire, j’ai entendu qu’il faut huit millions de signatures pour que la Russie intervienne. Tout cela est complexe. Il y a des accords entre le Mali et la Russie, des accords militaires. Quand j’étais au Lycée Badala, sur la colline, il y avait une cité où il n’y avait  que des officiers supérieurs russes. Je pense donc que cet accord est d’actualité, on n’a pas besoin de tous ces blablablas. Ce qui est très important aujourd’hui est que le Mali a fait appel à tous ses partenaires, le Chef de l’Etat a lancé un cri de cœur, car il sait que la complexité du problème fait que lui seul ne peut pas y faire face. Il faut que nous venions tous boucher les trous de notre jarre, comme l’a dit l’autre. Sans cela, nous sommes en train de tirer à côté. Il faut que les gens regardent dans la même direction, qu’ils disent vrai et qu’ils s’arment de patience. Il ne faut pas que nous fassions des calculs politiciens, cette heure-là est passée, nous sommes à l’heure de la reconstruction du pays. Cela ne peut se faire sans les Maliennes et les Maliens. Si nous sommes de bon cœur, tout va réussir, au cas contraire tout va échouer ».

   Réalisé par Dieumerci Cyril AKPITISON

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