Interview de la coordinatrice de watershed au Mali : « La qualité de l’eau est un problème encore minimisé au Mali… » Dixit Mme Traoré Afou Chantal Bengaly

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Watershed est un nouveau programme de la coopération Néerlandaise dans le secteur d’Accès à l’eau potable, hygiène et Assainissement (AEPHA).Il sera dirigé, au Mali, par un consortium de 3 organisations non gouvernementales Néerlandaises  (AKVO, IRC, Wetlands International Mali) avec l’accompagnement du Ministère Néerlandais des Affaires Etrangères.

Ce programme quinquennal dont le lancement officiel est prévu pour ce mois d’Avril, va s’atteler à l’amélioration de la Gouvernance des Ressources en Eau et la Gestion des Services Eau et Assainissement tout en renforçant le contrôle de l’action publique qui est un des piliers far pour atteindre plus rapidement les résultats.

En prélude au lancement officiel du programme et de la célébration des festivités du 22 Mars 2017 (journée mondiale de l’eau), nous avons rencontré Mme Traoré Afou Chantal Bengaly Project Leader (Coordinatrice de Watershed au Mali). Dans l’entretien qu’elle nous accordé, elle nous parle du programme Watershed et évoque comment l’importance de l’implication de la société civile peut aider à améliorer la gouvernance dans le secteur.

Mme Traoré Afou Chantal est Coordinatrice de Watershed et Docteur en pharmacie spécialité Santé International, activiste de justice sociale, elle a déjà travaillé à WASH Alliance International  ici à Bamako en tant Chargée de Mobilisation de ressources, après avoir été coordinatrice régional de  programmes au compte de Pax Romana –MIEC  au Kenya pendant 4 ans.  Cette  dame active sur  les questions de développement que Wetlands International Mali a choisi pour diriger ce nouveau programme au Mali.

A la question : qu’est-ce que le programme Watershed ? Mme Traoré répond : « Watershed est un partenariat stratégique entre le Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas et 4 ONG Néerlandaises. Ce programme couvre 6 pays dans le  monde à savoir : le Kenya, l’Ouganda, le Mali, le Ghana, le Bangladesh et l’Inde. C’est un programme de 5 ans (2016-2020), dont l’objectif ultime est l’amélioration de la gouvernance des ressources en eau, la gestion des services AEPHA en mettant l’accent sur le contrôle citoyen. Les objectifs de ce nouveau programme cadrent avec les Objectifs du Développement Durable (ODD »

Pour Mme Traoré, l’on ne saurait parler des ressources en eau sans évoqué un temps soit peu la durabilité des ouvrages, ce qui fait allusion directement à la question de la gouvernance, cette préoccupation est donc essentielle. Selon Mme Traoré « ce programme va travailler avec l’implication de la société civile pour améliorer cette gouvernance. En effet l’implication de la société civile améliore toujours la gouvernance dans ce secteur AEPHA, surtout une participation active des femmes. »

Au Mali, un atelier tenu en Avril 2016 a servi d’étude de contexte, il a ciblé un certain nombre de problème dont les cadres normatifs par rapport à la qualité de l’eau qui sont inexistants ou méconnus des organisations de la société civile. L’analyse contextuelle a aussi permis de constater que les politiques et plans stratégiques du secteur AEPHA ne sont pas toujours respectés, alors le décalage entre ces différents niveaux crée des dysfonctionnements.

Un autre aspect retenu par l’analyse contextuelle est le déficit budgétaire, de sorte que les ressources engagées par l’Etat Malien sont insuffisants, d’où la nécessité d’un plaidoyer fort pour augmenter ce budget. L’intégration WASH/GIRE a aussi été identifiée comme un des défis à relever. Ces deux concepts  ne sont pas suffisamment connus par tous les acteurs intervenant dans le secteur AEPHA. Pendant l’analyse contextuelle des orientations ont été données pour l’atteinte des objectifs du programme Watershed au Mali.

Le programme au Mali traitera deux problématiques qui sont : la qualité de l’eau et la gestion des déchets l’accès universel durable à l’eau.

Pour ce qui est de la qualité de l’eau, il s’agit d’œuvrer pour qu’il y soit des dispositifs systématiques de contrôle de la qualité de l’eau.

L’accès universel va surtout se focaliser sur l’argument de droit humain, qui va traiter l’insuffisance des investissements dans le secteur et aussi la méconnaissance des droits humains dans l’accès à l’eau. L’accès universel pose aussi la question du Veil citoyen et celle de la rédevabilité des acteurs.

Au Mali nous allons travailler avec de nombreuses organisations de la société civile parmi lesquelles nous avons retenus 3 comme partenaires stratégiques après une analyse approfondie à savoir le Réseau  des Journalistes pour la promotion de l’eau et l’assainissement (RJEPA-Mali) ; la Coalition Nationale de la Campagne Internationale pour l’Eau Potable (CN-CIEPA) ; le Conseil Appui pour l’Education à la Base(CAEB).

Ces 3 organisations vont aider le consortium a exécuté les activités au Mali et mettre en œuvre le système  de plaidoyer lobbying pour une gouvernance claire. Le  premier des résultats est de faire en sorte que les organisations partenaires disposent d’une base de données sur la qualité de l’eau et d’une collecte continue des données sur la qualité et l’accès  à l’eau  dans les zones pilotes du Delta Intérieur du Niger (DIN). Le second résultat escompté est que les organisations de la société civile utilisent les preuves recueillies sur la gouvernance du secteur AEPHA dans leur stratégie de plaidoyer lobbying pour responsabiliser les autorités. Le troisième résultat attendu est que les organismes gouvernementaux au niveau national et local soient transparents dans les zones d’intervention à savoir : le Delta Intérieur du Niger, l’Office du Niger et le District de Bamako. Le  dernier résultat attendu est que les organisations de la société civile civiles exercent un leadership efficace pour le plaidoyer lobbying, car l’accès à l’eau potable est un droit universel.

Pour la coordinatrice de Watershed, la constitution Malienne ne stipule pas clairement que l’accès à l’eau est un droit universel, c’est au niveau de l’article 15 que la question est un peu abordée, alors arriver à inscrire clairement cette disposition dans la constitution va être une avancée majeure.

Sékou Keïta

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