Interview d’Anne Favreau, Chargée de Projet au Vivier de Talents de Femmes du Secrétariat Général des Nations Unies

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Anne Favreau
Anne Favreau

Pouvez-vous nous décrire ce projet, quel est son but et dans quelle mesure s’inscrit-il dans le cadre de la résolution 1325 ?

A.F. : Le projet a été lancé en début 2014 et, il découle de la résolution 1325 qui cherche, entre autre, à augmenter le nombre de femmes aux Nations Unies, et ce, dans le but d’atteindre une parité genre de son personnel. Il a pour but également, de sensibiliser les femmes afin qu’elle postule à des postes de niveau Directeurs au Secrétariat Général des Nations Unies, et plus spécifiquement pour les missions de maintien de la paix afin d’atteindre une parité genre de son personnel.

S’agit-il de femmes travaillant déjà pour les Nations Unies ou provenant d’horizons professionnels divers ?

A.F. : Il s’agit de femmes venant d’horizons divers : ONG, fonction publique, société civile, mais également ayant déjà travaillé pour des fonds, agences ou programmes des Nations Unies.

En quoi est-ce qu’il est important d’avoir plus de femmes aux postes de responsabilités dans les opérations de maintien de la paix ?

A.F. : Il est effectivement important d’avoir des femmes dans ce type d’opérations. Elles travailleront dans des domaines où il est important d’avoir des femmes et des hommes. Je pense notamment, à la protection des civils ou encore aux droits de l’Homme par exemple. Les femmes et les hommes ont des approches différentes de ces problématiques, il est donc important et bénéfique que ces différentes approches soient prises en comptes.

Comment constituez-vous ce vivier ?

A.F. : Nous ne recherchons pas des femmes pour des postes précis, mais plutôt des profils particuliers. Nous sommes plus précisément à la recherche de femmes ayant des expériences dans les affaires civiles, les affaires politiques, l’information publique et la communication, l‘Etat de droit mais également dans le domaine de l’appui aux Missions de maintien de la paix, comme par exemple : les chaînes d’approvisionnement ou les services intégrés d’appuis techniques et logistiques, qui traditionnellement sont des domaines très masculins.

Concrètement, nous demandons aux femmes ayant au moins 15 années d’expérience dans les domaines mentionnés et qui seraient intéressées, de nous envoyer leurs CV, afin de créer ce vivier de femmes. Ces candidatures ne sont pas destinés à des postes en particulier, mais plutôt pour des postes potentiels.

Comment allez-vous utiliser ce vivier ? Allez-vous directement répartir les postes disponibles entre les différentes postulantes ?

Nous allons faire tout un travail de soutien avec ces personnes-là. Dans un premier temps, nous allons nous assurer qu’elles sont effectivement éligibles, c’est-à-dire qu’elles aient les compétences et l’expérience requises. Puis, nous allons les conseiller sur leurs CV, leurs dossiers de candidatures, sur le type d’informations à y inclure mais également, sur le type d’entretien qu’elles auront à passer et comment les aider à y faire face au mieux. Par ailleurs, nous leurs signalerons tout poste qui deviendrait vacant et nous soutiendrons leurs candidatures afin qu’elles puissent avoir les mêmes chances que des candidats internes par exemple.

La résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur Femmes, paix et sécurité, de laquelle découle ce projet, a été adoptée en 2000. Comment se fait-il que ce projet n’ait été initié qu’en 2014 ?

A.F. : Une étude a été faite il y a deux ans sur le genre dans les recrutements aux Nations Unies avec des questions spécifiques telles que : « pourquoi il y a peu de femmes au sein des Nations Unies ? Pourquoi les femmes ne restent pas aux Nations Unies ? ». Cette étude a abouti à une série de recommandations et un constat principal : très peu de femmes postulent et font acte de candidature aux Nations Unies. Ce projet est donc une des réponses à ce constat, nous avons décidé de le mettre en place pour préparer et inciter les femmes à postuler. A charge pour le système de les recruter par la suite.

Le projet concerne les femmes du monde entier, un accent particulier est-il mis sur certaines d’entre elle en particulier ?       

A.F. : Effectivement, le projet concerne les femmes du monde entier, avec une emphase particulière sur les femmes francophones et arabophones et comme nous souhaitons avoir un vivier de femmes divers, nous mettons également une emphase sur les femmes africaines.

Les objectifs du projet sont-ils quantifiables, il y a-t-il un nombre de femmes à atteindre ? 

A.F. : Nous n’avons pas d’objectif quantifié, notre objectif est d’inciter les femmes à postuler et donc de multiplier le nombre de candidatures féminines et notre souhait ultime serait évidemment, que des femmes soient ensuite sélectionnées sur des postes au niveau Directeur dans des opérations de maintien de la paix.

A-t-on une idée des résultats du projet, du nombre de femmes ayant décroché un poste ?    

A.F. : Depuis le début du projet en 2014, nous avons déjà eu quatre femmes qui ont décroché des postes sur le terrain. 91 femmes issues de plus de 35 pays, font déjà partie de ce vivier ce qui représente une certaine diversité. Parmi elle, plus d’une dizaine figurent déjà sur plusieurs « rosters » (listes de candidats éligibles, pré-approuvés à des postes aux Nations Unies. ndlr). Ce qui est un bon résultat dont  nous nous félicitons.

Quelles sont les perspectives du projet à court, moyen et long terme?

A.F. : Ce projet spécifique s’arrêtera normalement à la fin de l’année 2015, mais sera ensuite intégré dans des projets et des programmes réguliers.

Avez-vous un message particulier à lancer à ces femmes éligibles ?

A.F. : Les femmes sont très souvent trop modestes et humbles vis-à-vis de leurs qualités et de leurs compétences. Je les invite donc à postuler quoi qu’il en soit, qu’elles se jettent à l’eau et qu’elles postulent car nous seront là pour les soutenir.

La MINUSMA

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