Le congrès international des sages femmes qui se tient ces jours à Durban en Afrique du sud connait un succès considérable. Il se tient pour la première fois en Afrique et a enregistré une participation record, il tiendra toutes ses promesses à coup sur. Nous reviendrons sur les minutes de cette grande rencontre.
En marge de son déroulement, nous avons rencontré Monsieur Bunmi Makinwa, Directeur Régional pour l’Afrique du Fonds des Nations Unies pour la Population, qui a bien voulu livrer aux lecteurs du Républicain ses premières impressions.
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En Afrique le manque de sages femmes a été une cause, sinon la principale cause de mortalité maternelle et constitue un véritable fléau.
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Le Républicain : Quelle signification la présente réunion de Durban revêt-elle pour le FNUAP ?
Bunmi Makinwa : Nous appuyons en tant que FNUAP la rencontre de Durban. La particularité de celle-ci c’est que c’est la première fois qu’un tel événement se tient en Afrique. Il s’agit d’un fait important parce que pour ce qui concerne le Tiers Monde et plus spécialement le continent noir, on a remarqué que le manque de sages femmes a été une cause, sinon la principale cause, de la mortalité maternelle qui constitue un véritable fléau.
Pour les populations elles mêmes, comment se traduira concrètement l’implication du FNUAP dans ce genre de rencontre et ce genre de préoccupation ?
Cela se traduira à plusieurs niveaux. D’abord au niveau des décideurs, par la prise de conscience en tant qu’épidémie de la mortalité maternelle. Il y a en Afrique ce qu’on appelle la « CARMA » c’est-à-dire la Campagne pour la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique. Le Mali en fait partie. Dans ce programme, les décideurs politiques ont pris l’engagement ferme de réduire autant que possible la mortalité maternelle consécutive pourtant à des situations sommes toutes gérables dans nombres de pays. Le congrès des sages femmes en cours attire aussi l’attention sur le fait que s’il y a au moins une masse critique de sages femmes dans les pays et les communautés, cela se traduira par une baisse conséquente de la mortalité maternelle et infantile.
Sur le terrain, on constate qu’il y a un déficit criard de sages femmes entre le Nord et le Sud, une sorte de fracture. Qu’est- ce que le Nord pourrait-il faire pour le Sud ?
Cette question à mes yeux est très importante. C’est vrai qu’il n y a pas assez de sages femmes ou plutôt pas suffisamment de sages femmes aux compétences avérées pour travailler efficacement en Afrique. Vous dites, pour ce faire, qu’est-ce que le Nord pourrait-il faire pour le Sud ? Moi je dirai plutôt qu’est-ce que le sud peut-il faire pour le Sud, qu’est-ce que l’Afrique peut-elle faire pour l’Afrique ? C’est cela la vraie question. Parce que partout où nous avons enregistré des avancées dans ce domaine, c’était le fait des décideurs des pays. Ils ont pris, particulièrement en Afrique, les choses en main et ont apporté les changements nécessaires. Il y a beaucoup de choses qui peuvent se faire de façon simple sans qu’il soit besoin de recourir à l’aide extérieure. Cela dit, je reconnais que le Nord a de grandes compétences et souvent des moyens colossaux qu’il peut mettre à la disposition de l’Afrique pour améliorer la situation actuelle. Ils doivent le faire. Mais l’Afrique doit d’abord compter sur ses efforts propres.
Le FNUAP est un organisme connu et respecté partout. Comment envisage t-il de servir, à ceux qui en ont besoin, son accompagnement, pour rester collé à l’actualité ?
Nous sommes présent pratiquement dans tous les pays en développement soit à travers nos représentations, soit à travers nos programmes qui sont définis par rapport aux plannings nationaux. Comme tous les organismes spécialisés des Nations Unies, dans chaque pays, nous appuyons les efforts nationaux, nous appuyons les gouvernements. Notre contribution, de ce fait, est alignée sur les programmes de développement, ce qui veut dire que c’est chaque gouvernement qui définit ses intentions en matière de santé et de population. Pour ce qui concerne plus spécifiquement les sages femmes, nous avons des compétences techniques dans une trentaine de pays, elles assurent l’accompagnement nécessaire aux structures et personnels identifiés.
Pour ce congrès en cours, où pensez vous qu’on doit concentrer les efforts à venir ?
Selon une étude qui a été faite, Il y a trois efforts importants à soutenir. On a remarqué que dans les cinquante huit pays membres de la Confédération Internationale, un manque de compétence, préjudiciable, chez les sages femmes ou de ce qui en tient lieu. A cela, il faut ajouter l’insuffisance des planifications nationales c’est à dire que même quand les sages femmes existent, elles ne sont pas présentes là où les besoins se font le plus sentir. Enfin, il y a une insuffisance d’accès des populations aux sages femmes. Voilà les préoccupations qui ont été révélées par les études menées et qui se doivent d’être gérées au plus vite.
La première Dame du Mali est une sage femme, le saviez-vous ?
Oui, je sais ! J’ai eu l’honneur de la rencontrer par le passé. Une grande Dame de cœur qui fait beaucoup dans le domaine qui nous concerne, une vraie grande dame de cœur.
Que pouvez-vous faire pour elle et plus spécialement pour son pays ?
Comme je vous le disais, nous sommes là pour appuyer les efforts des pays. Plus spécifiquement pour le Mali, je sais que la première Dame a défini son cadre stratégique partenarial d’interventions et d’actions. Je voudrais, de ce fait, demander à notre représentation dans ce pays de collaborer, si ce n’est déjà fait, avec Madame la première Dame pour que les actions à mener puissent être entreprises ou poursuivies avec diligence.
Le Républicain vous remercie et souhaite plein succès à vos travaux
Propos recueillis par S. El Moctar Kounta
Envoyé Spécial à Durban (Afrique du Sud)