Présidente de l’Association Culture & Art Premier, membre du l’UPF (Union Internationale de la Presse Francophone). Journaliste, réalisatrice spécialiste des sciences de l’Information et de la communication. Elle est aussi conceptrice du Prix Mondiapress «Journalistes, animateurs de l’année» dont la dernière cérémonie a eu lieu à l’Unesco le 4 mai 2016 et dont l’objectif était de mettre en lumière et récompenser les hommes et les femmes des médias œuvrant à la diffusion et à la découverte des cultures du monde, en particulier des diasporas (communauté ethnique, peuple africain, russe, asiatique…) à travers le monde. Un événement parrainé par Denise Epoté directrice TV5 Monde Afrique et Paul Nahon ancien directeur de l’information d’Antenne 2, coproducteurs du magazine Envoyé spécial.
Le Prétoire : Vous venez d’être recrutée comme directrice pour lancer le service Afrique de la première chaîne de télévision Outre-Mer, OM5 TV. Votre profil n’est pas passé inaperçu devant le patron de cette chaîne ?
Directrice Afrique OM5 TV (nouvelle génération) : Je remercie le président et directeur général de la chaine OM5 TV, Geoges Thoze de m’avoir choisie et nommée au poste de directrice du secteur Afrique de la chaine. J’ai toujours été passionnée par le média Télévision et également par la télévision dans son ensemble ! Je suis honorée qu’il m’ait choisie et assez vite fait confiance. Grâce à lui, je vois mon évolution dans le milieu des médias s’accélérer rapidement ; un nouveau challenge que je relève avec plaisir…
Quelle est votre mission ?
Ma mission est de gérer et développer le secteur Afrique du média. En collaboration avec les différents intervenants qui composent mon équipe (journalistes, animateurs, rédacteurs en chef, collaborateurs marketing, etc.), j’ai pour tâche de définir le positionnement du secteur Afrique de la chaîne en mettant en place une programmation cohérente et différente de ce que propose la concurrence. En restant très attentive aux chiffres de l’audimat, aux tendances du public et à la grille proposée par les autres acteurs du secteur, notre objectif étant de proposer des nouveautés afin d’attirer encore plus de téléspectateurs ou d’auditeurs.
En tant que responsable, je suis amenée pour mon secteur à gérer selon les besoins, les actions de sponsoring, etc. Tout en restant à l’écoute des différentes demandes et des besoins des techniciens ou autres collaborateurs. Je peux être emmenée à négocier et gérer les différents contrats jusqu’à la signature de ces derniers.
Concernant le volet communication, fréquemment en contact avec divers partenaires (institutionnels, artistiques, médiatiques, etc.). Je peux aussi
être emmenée à répondre aux sollicitations des médias et à chacune de mes interventions, représenter notre directeur général et président Mr Georges Thoze qui m’a choisie aussi pour véhiculer une bonne image de la chaîne OM5 TV.
Quel sera le contenu du service Afrique pour une télé qui a toujours produit des émissions destinées exclusivement aux Dom Tom ?
Notre ligne est l’information, la culture et divertissement. Dans les programmes sélectionnés pour le démarrage du secteur Afrique, nous restons axés sur la culture, l’information et le divertissement avec une volonté d’élaborer une grille de programmes attractive.
Dans un premier temps, celle-ci sera mixte et arborera émissions caribéennes et africaines allant du magazine d’information, culturel, people, jeux concours, série, talk show aux documentaires, JT ou reportage. Dans un second temps, à court et voire moyen terme, notre objectif sera de développer une antenne Afrique totalement automne. Le plus important pour nous sera de travailler à garder une cohérence éditoriale.
De nombreuses initiatives pour rapprocher l’Afrique et les Outres-Mers se sont soldées parfois par des échecs. Pensez-vous que OM5 TV réussira à faire le pont entre les deux peuples que l’histoire a séparés ?
Nous allons tous ensemble y travailler. La tolérance, le dialogue et la compréhension interculturels entre les peuples permettent de construire la paix. En cette période particulièrement troublée et marquée par un raidissement entre les communautés vivant en France, ainsi qu’à travers le monde. Il me semble important de célébrer et valoriser l’idéal de tolérance et de compréhension.
Ce nouveau secteur a vocation d’aller au devant de la scène culturelle de la diaspora africaine pour l’accompagner et renforcer sa présence par une plus grande visibilité. En retour, et à travers notre média, les différentes composantes de la diaspora africaine auront à cœur d’œuvrer de concert avec leurs représentants diplomatiques pour faire rayonner les talents et l’apport culturels de l’Afrique. Car, au delà de cette approche orientée pour ce secteur vers les micro-acteurs de la diaspora africaine, nous souhaitons bien évidemment favoriser le rapprochement culturel avec les diasporas antillaises, mais plus encore en incluant celle d’origine maghrébine, asiatique et les français de souche européenne par la proposition de programmes culturelles et de divertissement etd’information fondés sur le principe de «regards croisés» dont l’Afrique se fera le relais. Ainsi l’offre culturelle de la diaspora africaine ira à la rencontre de toutes celles présentes en France et à travers le monde pour révéler des talents inconnus ou insoupçonnés et favoriser un multiculturalisme actif et concret. L’union, j’y crois, a toujours fait la force!
Comment OM5 TV Afrique compte se démarquer des innombrables chaînes concurrentes panafricaines ?
L’initiative de création du secteur Afrique prend naissance sur un certain nombre de constats relatifs au paysage médiatique orienté vers les diverses communautés de migrants établies sur le territoire français. Un nombre relativement significatif et varié d’organes de presse et de télévision s’efforcent de rendre compte de l’actualité multiforme de la diaspora africaine et en retour de l’actualité du continent. Cette pluralité permet ainsi à un public bien circonscrit de pouvoir se tenir informé de l’actualité économique, culturelle, sportive et de la mode.
Complémentairement à cette présence médiatique de tout premier plan, notre média privilégie une approche qui se veut inédite en ciblant par exemple les éléments de la diaspora (petits entrepreneurs, jeunes créateurs, restaurateurs en mal de
reconnaissance), dont l’activité peut symboliser des « success stories» et leur donner un appui médiatique par une mise en lumière plus conséquente.
Par cette mise en lumière «bottom-top», le secteur Afrique de la chaîne va également renforcer un rapprochement plus prononcé et plus permanent entre les communautés africaines de France ou à travers le monde et les représentants de l’Afrique institutionnelle, en particulier le corps diplomatique. L’interaction entre ces deux communautés permettra de lever le voile et la distance souvent apparente qui semble les séparer et servira de ferment à une plus forte osmose au bénéfice de chacune d’entre elles; Pour réaliser une telle ambition, nous avons choisi de positionner nos actions au cœur d un secteur qui, sur du long terme, devra trouver son autonomie.
Parallèlement à cela et dans le but de renforcer l’option technique nous travaillons en parallèle au lancement d’un nouveau site plus dynamique, un média numérique afin de bénéficier de l’impact le plus large possible tout en disposant de moyens logistiques performants mais moins lourds que les médias traditionnels. Le pari étant précisément de mettre un média léger à la portée et au service de tous et non pas seulement de ceux qui disposent de moyens importants.
Les productions africaines ont besoin de promotion et de visibilité par le canal des télévisions internationales comme OM5 TV. Comptez-vous intégrer quelques émissions produites en Afrique dans vos programmes ?
Nous restons bien évidemment ouvert à cette offre, oui.
Aujourd’hui le divertissement est privilégié au détriment de l’information et de la formation. N’y a-t-il pas une autre façon de faire de la télé grand public pour engranger un audimat respectable ?
Vous savez, on parle aussi parfois d‘information façonnée : d’un esprit critique et d’un goût de la recherche amoindri par une consommation trop excessive de certains types de programme… On dit aussi parfois que le spectaculaire est privilégié au détriment de la profondeur des idées : que la pensée n’arrive plus à ce développer … que l’excès de divertissement audiovisuel détruit les capacités d’attention etc.
Seule compte selon moi la pertinence du choix des programmes, divertissement ou information les deux genres ont pour moi leur importance. Il y a mille et une façons de faire de la télé, ce qui prévaut est le fond. Chez OM5 l’un de nos objectifs premiers est de tenir informé de l’actualité économique, politique, culturelle, sportive et de la mode.
Vous êtes originaire de la Côte d’Ivoire, un pays que vous avez quitté à l’âge de 5 ans. Retournerez-vous un jour en Afrique pour faire de la télé ?
Cette chaîne qu’est OM5 trouvera je pense un écho favorable pour son développement sur ce continent et la vie est faite d’expériences. Je tire toute mon énergie de nos traditions et nos cultures. Etre une enfant du continent est un honneur pour moi!
Je ne ferme donc pas la porte à cette idée.
Réalisée par la rédaction