Inspecteur des douanes Bintou Somba Samaké, chef de visite bureau principales douanes de Faladié : « Les femmes doivent sortir de l’attentisme pour exerce une activité génératrice de revenu »

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Inspecteur des douanes Bintou Somba Samaké, chef de visite bureau principales douanes de Faladié
Inspecteur des douanes Bintou Somba Samaké, chef de visite bureau principales douanes de Faladié

Mère du jeune commandant Karim Niang (mort récemment au combat à Tombouctou), l’inspecteur des douanes Bintou Somba, est chef de visite au  bureau principal de Faladié. Dans cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder, le commandant des douanes Bintou Somba Samaké relate non seulement son parcours professionnel et mais aussi  sa conception quant à la promotion socio économique des femmes, à l’occasion des festivités du 8 mars, journée internationale de la femme.

Le Pouce : Quelles sont vos tâches et attributions comme chef de visite au bureau principal des douanes de Faladié ?

Commandant Bintou Somba Samaké : Elle sourit, après un ouf de décrispation. Une fiche de poste existe au niveau du service. Elle spécifie les tâches de chaque agent. Et c’est en fonction d’elle que je travaille.  Selon elle (cette fiche), je suis chargée, en tant que chef visite,  de la vérification des déclarations enregistrées. Il est important de comprendre que la douane a beaucoup évolué.

Elle (la douane) est passée du réseau  sidonia++ au sidoniaword (nb : à expliquer pour la compréhension des lecteurs). Les déclarations sont enregistrées directement. A ce niveau je vérifie toutes les déclarations qui me sont attribuées, détermine l’assiette des droits et taxes conforment aux textes qui régissent l’administration douanière en matière d’évaluation. Fait aussi partie de mes attributions, la répartition judicieuse des déclarations en détails entre les différents vérificateurs en vue de contrôler la vérification et la liquidation des droits et taxes à percevoir au cordon douanier.

Le Pouce : La vérification dont vous parlez incombe-t-elle au seul bureau de Faladié ou aux autres régions du Mali ?

Commandant Bintou Somba Samaké : L’opérateur a des bureaux de destination, en la matière. Donc nous vérifions uniquement les déclarations destinées au bureau de Faladié. Toutefois, tout dépend de la vérification opérée sur tel ou tel chargement. Car nous avons la possibilité d’évoluer à l’extérieur de nos locaux.

Le Pouce : Rencontrez-vous des difficultés dans l’exercice de votre mission avec vos partenaires ?

Commandant Bintou Somba Samaké : Nous sommes dans un système de partenariat qui a beaucoup évolué. C’est un système de sélection. Il ne s’agit plus d’un contrôle systématique de toutes les marchandises. Plutôt  mais d’un contrôle sélectif. Par exemple, le sidoniaword octroie des circuits à chaque opération et à chaque déclaration. Nous intervenons alors selon le circuit de la déclaration.

A titre d’illustration, les chargements contenant des marchandises suspectées par le scanner. Deux options se présentent en la matière. Nous procédons soit à une vérification ou alors nous  procédons à un examen sur épreuve. Entendez par là que nous ne déchargeons pas tout le chargement. Mais nous faisons une visite surprise en sélectionnant des colis que nous souhaitons voir ou contrôler.

Le Pouce : Comment se passe la collaboration avec les hommes ?

Commandant Bintou Somba Samaké : La collaboration se passe très bien. Tout dépend de moi-même. En tant que femme, je dois comprendre que j’assume une mission au même titre que ces hommes. Je ne dois pas avoir de complexe, à cause de ma féminité.  Cela est le premier pas pour mettre ces hommes à l’aise, quant à mon statut. Je suis femme, mais à diplôme égal,  travail égal. Je fais le même travail qu’eux. Nos rapports sont des rapports de complémentarité.

Le Pouce : La notion d’équité au sein de l’Administration des douanes ?

Commandant Bintou Somba Samaké : L’équité est une réalité au sein de l’administration des douanes malienne. Au sein de l’Administration des douanes je peux affirmée que l’équité est une réalité. La plupart des femmes qui se sont fait distinguées de part leur compétence et leur engagement pour la patrie ont été mise dans leur droit. La direction est toujours favorable à la nomination de femmes méritantes.

Le Pouce : Que représente pour vous le 8 mars ?

Commandant Bintou Somba Samaké : La journée internationale de la femme est une journée de réflexion, d’affirmation, de reconnaissance de l’humanité envers la femme. Elle commémore aussi le travail bien fait comme  les femmes savent le faire. Le 8 mars est aussi l’occasion de rappeler aux femmes qu’elles sont obligées de redoubler d’efforts, d’engagement dans un monde de plus en plus ouvert et concurrentiel où il existe moins de place pour les sentiments. Les femmes se doivent de prouver à l’opinion internationale qu’elles sont autant aptes que les hommes à travailler sur la même matière.

Si je demande aux femmes de s’affirmer, il ne s’agit d’engager un bras fer avec les hommes, comme semblent le comprendre certaines. Pour ce faire, les femmes doivent travailler plus le 8 mars que les autres. Elles doivent s’abstenir de s’absenter au travail ce jour. Toutefois, celles qui ont des permissions pour participer aux festivités peuvent y aller, conforment aux textes. Les femmes qui ne sont pas concernées doivent être à leur poste pour travailler et montrer qu’elles sont aussi aptes que les hommes. C’est ce que je pense du 08 mars.

Le Pouce : Avez-vous une pensée à l’endroit des femmes rurales à la veille de cette journée anniversaire  du 08 mars ?

Commandant Bintou Soumba Samaké : Mes pensés vont aux femmes du monde. En chine, les femmes sont dans le BTP, conduisent des taxis… elles travaillent dans d’autres domaines ailleurs. Mais il clair que les femmes rurales  ne peuvent pas restées en marge du 8 mars. Nous devons  rendre hommage à ces femmes. La vraie autonomisation, la vraie émancipation commence par nos sœurs qui vivent en milieu rural. Elles sont au four et moulin du lever jusqu’au coucher du soleil. Les femmes rurales comptent d’abord sur elles-mêmes. Elles se plient à quatre au quotidien pour assurer la survie de la famille.

Le Pouce : Que savez-vous de la promotion des femmes aux postes électifs et administratif qui a d’ailleurs fait l’objet d’un projet adopté à l’Assemblée nationale ?

Commandant Bintou Coumba Samaké : L’adoption d’une telle loi est salutaire et salvatrice. Elle est salutaire car cette législation vise l’autonomisation des femmes. Salvatrice en ce sens où l’autonomie financière ou politique de la femme suppose la prospérité de la famille. Et par ricochet, de toute la nation, voire du monde entier.. Ne dit-on pas que éduquer la femme, c’est éduquer toute l’humanité.

De la même manière, lorsque la femme est toujours sous l’emprise de l’homme, elle est obligée d’attendre toujours, ou tendre la main tendue. La femme autonome peut entreprendre beaucoup de chose qui vont dans l’intérêt non seulement de la famille, mais aussi de la cité et même de nation toute entière. Comme pour dire que les femmes doivent créer un cadre pour s’épanouir et non divaguer. Les femmes doivent sortir de l’attentisme  pour exerce une activité génératrice de revenu. Ce qui leur permettrait  de subvenir à certains besoins de la famille qui échapperaient peut être à l’homme.

Le Pouce : Comment conciliez-vous votre vie de femmes travailleuse et celle de ménagère (vie en dehors des heures de travail) ?

Commandant Bintou Coumba Samaké : Nous avons nos réalités. Nos traditions admettaient difficilement de conférer certaines responsabilités à la femme. Il était souvent mal perçu quand la femme essayait de prendre certaines choses en mains, tentait de  s’impliquer dans la gestion de la famille. Mais c’est juste un problème de compréhension. Les occupations professionnelles ne doivent pas être un prétexte pour nous de se dédouaner de nos responsabilités sociales et familiales.  En aucun cas, il ne saurait y avoir d’ambages entre l’homme et la femme. Surtout  lors qu’il s’agit des intérêts de la famille. La femme prend sur elle certaines charges comme le financement des études de ses enfants, pour ne citer que cet exemple. Elle intervient au même titre que son mari.

Le Pouce : Estimez-vous que de l’indépendance à nos jours, la condition de la femme a connu une évolution ?

Commandant Bintou Soumba Samaké : Oui. Nos mamans ont par exemple travaillé dans des conditions très dures, souvent pénibles même. Aujourd’hui, nous femmes, avons nos véhicules, nos propres moyens de déplacement, des moyens de transport en commun facilitant nos déplacements. Nos mamans n’avaient pas ces moyens. Je peux aussi affirmer qu’il y a une amélioration éducative positive de la condition féminine. Aujourd’hui, la femme est déchargée pour la permettre de mieux s’occuper de sa famille.

Le Pouce : Un message ?

Commandant Bintou Soumba Samaké : Je suis irritée quand je vois les femmes monter au créneau pour exiger. Cela s’apparente à un refus  de jouer le rôle qui est le leur. Des femmes comme Mme Sy Kadiatou (qui est devenu gouverneur) ont prouvé que la récompense est au bout de l’effort. C’est pourquoi, j’invite les femmes à se montrer d’abord à la hauteur des attentes. Elles doivent pour ce faire s’aimer et s’accepter.

La femme est un loup pour la femme. La femme responsable de service a  moins de problèmes avec les hommes qu’avec ses consœurs il est alors nécessaire que les femmes se respectent les unes, les autres et éviter d’étaler leur déchirement devant les hommes qui ne peuvent rien pour en profiter.

A ceux-ci je rappelle que nous sommes complémentaires, partenaires et non adversaires ou rivaux. L’homme doit veiller sur la femme, la protéger, faire des efforts pour la comprendre. Et vice versa. Je demande aux autorités de faciliter, surtout à nos femmes rurales, l’accès à la terre, afin qu’elles puissent assurer leur survie. Elles (les autorités) doivent aussi récompenser les femmes les plus méritantes et créer plus d’espaces pour qu’elles puissent s’épanouir.

 Propos recueillis par Sinaly 

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