Insécurité grandissante à Bamako : El Hadj Youssouf Yanoga président de l’Association des Fabricants d’Armes à Feu à Canon Lisse.rn«Face à cette insécurité, nous venons de demander à tous les membres de notre association, l’arrêt de toute fabrication de …»

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Dans cet entretien, M. Yanoga rompt le silence et en appelle à l’effort conjugué de tous pour réduire le fléau de l’insécurité au Mali. Votre hebdo préféré l’a rencontré dans son bureau sis au quartier Mali en Commune V.

 

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Ciwara Infos : présentez vous aux lecteurs

Youssouf Yanoga : Je suis le président de l’Association des Fabricants d’Armes à Feu à Canon Lisse(AFAFCL). Je suis natif de Bandiagara. La fabrication d’arme est un métier  qui m’est connu et je l’exerce depuis ma tendre enfance.

 

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Pouvez-vous nous parler de l’AFAFCL?

Y.Y : L’Association des Fabricants d’Armes à Canon Lisse (AFAFCL) a été créée le 17 Avril 2008 à Bamako avec le récépissé n°210-G-DB. Objectif : créer l’entente, la solidarité et la cohésion entre ses membres pour leur épanouissement. Ayant son siège au Quartier Mali, elle regroupe l’ensemble des fabricants artisanaux d’armes au Mali.

 

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Quelles sont les difficultés que rencontre l’AFAFCL?

Y.Y : Dans tout métier on rencontre des difficultés. Notre association ne fait pas exception en la matière. Le seul nom de fabricant d’armes fait peur, surtout en cette période d’insécurité grandissante dans nos villes. Parallèlement aux fabricants membres de l’association, des fabricants clandestins inondent le marché avec leurs armes non marquées et vendues à des prix très bas comparativement à celles vendues par les artisans autorisés. A celles-ci s’ajoutent les conditions difficiles d’obtention d’autorisation de fabrique d’armes.

 

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En cette période d’insécurité où les agressions à mains armées sont fréquentes, que comptez-vous faire pour réduire le phénomène?

Y.Y : Face à cette insécurité, nous venons de demander à tous les membres de notre association, l’arrêt de toute fabrication de pistolets de tout genre jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure est consécutive au constat selon lequel, environ 75% des agressions de bandits sont perpétrées par des pistolets de fabrication artisanale. Nous sommes pointés du doigt par les autorités, raison pour laquelle, nous avons pris des dispositions pour lutter contre les attaques armées et la fabrication clandestine d’armes à feu.

 

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On parle de prolifération d’armes légères dont vous êtes les fabricants. La lutte contre ce fléau demande une synergie d’actions entre le Ministère de la Sécurité Intérieure et vous. Qu’entendez-vous faire?

Y.Y : Depuis trois ans, notre association est partie intégrante de la Commission nationale de lutte contre la prolifération d’armes légères. A ce titre et en tant que président de l’association, je suis d’office membre de cette commission à l’instar d’une vingtaine de représentants des départements ministériels. Vous pouvez le vérifier nous travaillons avec les ministères de l’intérieur, de la défense, de l’artisanat, de l’éducation, des finances pour ne citer que ceux-ci. Il y a donc une synergie d’actions dans la lutte contre la prolifération d’armes légères.

 

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Que comptez-vous faire pour l’étendre les compétences de l’AFAFCL sur le territoire national?

Y.Y : On n’aurait pas accepté de nous délivrer un récépissé, si nous n’étions pas reconnus par les plus hautes autorités du pays. Au Mali, la fabrique d’armes est une activité culturelle qui ne date pas d’aujourd’hui. En outre, aucune législation n’interdit la fabrication artisanale d’armes à feu au Mali et dans l’espace CEDEAO. La loi malienne sur les armes légères et la convention de la CEDEAO reconnaissent ce métier. Mais, elles l’entourent de garde-fous et de dispositions contraignantes pour son exercice. Nous ne comptons pas éterniser dans ce métier. Nous sommes en train de chercher à nous reconvertir dans d’autres métiers, eu égard au degré d’insécurité qui prévaut actuellement dans le pays. Pour cela, nous lançons un appel pressant à l’endroit des autorités compétentes afin qu’elles nous aident dans cette reconversion. Avec l’accompagnement de la Commission nationale, bon nombre de fabricants d’armes à feu se sont reconvertis dans d’autres métiers. L’un des volontaires se trouve à la table de la commission.

 

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Propos recueillis par Hassane Kanambaye


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