Ibrahim Kebé de Faso Kanu et de la plate-forme An te a banna : «Si le président IBK ne respecte pas la Constitution, il engagera le pays dans des aventure imprévisibles»

2

Dans cette interview qu’il a  nous accordée, Ibrahim Kébé nous parle de la crise qui secoue notre pays depuis 2012, des propositions de sortie de crise. Il évoque aussi l’actualité brûlante dominée par le projet de révision de la Constitution. Kébé conseille au président IBK de respecter la Constitution pour que ne sombre pas dans un autre chaos.

L’Inter de Bamako: Quel regard portez-vous sur la situation dans le nord de notre pays ?

 Ibrahim Kébé: Depuis 2012, notre patrie, le Mali, fait face à une guerre impérialiste qui a pour objectif de mettre en place l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) sous couvert de l’Occident. Ce projet, s’il parvient à être réalisé, la France et alliés auront une mainmise néocoloniale sur toutes les richesses dans le nord du Mali, en particulier et de toute la région saharienne, en général et aux dépens des intérêts de nos peuples. C’est pourquoi la France a voté la loi d’OCRS, en janvier 1957. Depuis cette date jusqu’à nos jours, elle travaille inlassablement pour atteindre cet objectif. C’est ainsi que la rébellion dans le nord du Mali est faite sur le terrain par procuration, depuis 1963-1964 jusqu’à ce jour.

La première rébellion a éclaté sous la première République. Elle fut  réglée grâce aux moyens politiques, diplomatiques et militaires sous la direction éclairée du président Modibo Keïta, père de la libération nationale du Mali. Vingt-sept (27) ans après cette première rébellion, la gestion calamiteuse du pays par le dictateur Moussa Traoré et son CMLN/UDPM nous a conduit à la deuxième rébellion, en juin 1990.

L’arrivée en 1992 des pseudo- démocrates au pouvoir n’a rien réglé. Ils ont  conclu avec les différentes rébellions des accords qui n’ont jamais préservé les intérêts du peuple Malien mais qui leur permettaient de s’enrichir de façon éhontée et de maintenir les Maliens dans la misère pour garder le pouvoir. Ces différents accords ont mis des fonds colossaux à la disposition des représentants fictifs des populations dans le nord du Mali, etc.

Malheureusement, cette gestion chaotique de ces rébellions dans les années 1990 a préparé la dislocation du Mali. Dans les faits, elle a toujours mis en cause notre devise et notre hymne national.

Enfin, elle a dégagé des pistes pour la réalisation de ce projet qui soumet le Mali aux bailleurs de fonds en extravertissant ses richesses et en mettant en cause son indépendance et sa souveraineté.

L’Inter de Bamako: Le Mali n’est-il pas victime de la nouvelle forme de Françafrique ?

 Ibrahim Kébé: Face à cette situation déshonorante, il est incontournable de sauter le pas pour notre dignité. C’est pourquoi, notre organisation, Faso Kanu, à travers ses multiples implications dans des mouvements sociaux et dans des plates-formes au Mali, singulièrement dans des luttes citoyennes, travaille pour la réalisation d’un sursaut national afin de rétablir l’intégrité territoriale du Mali et de garantir l’exercice de sa souveraineté sur toute l’étendue de son territoire national. Ce qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre toutes formes de projet de partition, de démantèlement ou de scission du Mali.

L’Inter de Bamako: Comment voyez-vous le Mali face à cette situation ?

Ibrahim Kébé: Le Mali  n’arrive pas à se préparer, à se battre sur tous les plans et sous toutes les formes afin de faire respecter rigoureusement son intégrité territoriale acquise, depuis le 22 septembre 1960, ainsi que sa souveraineté, son honneur et sa dignité qui ne sont pas a négocier. C’est pourquoi nous mettons toujours en garde tous ceux qui travaillent de près ou de loin pour faire vivre le Mali dans la situation déshonorante qu’on lui impose aujourd’hui,  réaffirmons notre volonté de continuer à lutter pour  un Mali totalement libéré, fort, démocratique, indépendant et souverain.

L’Inter de Bamako: Le président IBK se propose d’organiser un référendum pour changer la Constitution, pensez-vous que les conditions sont réunies pour la tenue dudit référendum ?

 Ibrahim Kébé: L’article 118 de la Constitution malienne est clair et même très  clair et le code pénal malien aussi. Si le président IBK s’entête à ne pas respecter la Constitution alors il engagera le pays dans des aventures imprévisibles. Dans ce cas, le peuple en tant que patriote, démocrate, républicain, laïc, lucide, fera prévaloir scrupuleusement  l’article 121 de la Constitution malienne. Le peuple du Mal se réserve le droit d’user de tous les moyens que lui offrent la Constitution et les lois de la République du Mali afin de faire aboutir ses revendications.

Dans ce cas, IBK en tirera toutes les conséquences. La tenue du référendum passe incontestablement par le respect strict et sans délai de l’article 118, alinéa 3 de la Constitution malienne en vigueur.

L’Inter de Bamako: Vous dites qu’il doit se conformer à l’article 118 de la Constitution de 1992, qu’est-ce que vous lui proposez ?

Ibrahim Kébé: Primo, nous conseillons au président IBK le retrait pur et simple du projet de loi portant révision constitutionnelle qu’il a initiée. Secundo, il doit respecter et faire respecter le drapeau malien, l’hymne national du Mali et sa devise: un Peuple, un But, une Foi !

Nous lui demandons de rétablir l’intégrité territoriale, acquise depuis le 22 septembre 1960, au prix du sang des Maliens qui ont accepté de se sacrifier pour la grandeur de notre pays, afin que la souveraineté soit exercée sur l’ensemble de son territoire national.

L’Inter de Bamako: Avez- vous des propositions de sortie de crise ?

Ibrahim Kébé: Faso Kanu pense que les solutions initiées sous la première République méritent réflexion. Comme le disait le président Modibo Keïta: «Les problèmes, il faut les régler, car à force d’arrangements, on finit par déranger la République elle-même.»

C’est dans cette optique que nous avons proposé, en avril 2016 de  reconstruire une véritable armée nationale en moyens humains, techniques, matériels et financiers suffisants et en engagement patriotique. Cela doit être une priorité vitale et toutes les ressources du pays doivent être consacrées à cela ; instaurer un état de siège dans les régions Nord du Mali et faire réellement face à tous les actes guerriers jusqu’au contrôle total de l’ensemble du territoire national ; instaurer un service civique patriotique et militaire volontaire des jeunes de 18 à 32 ans ; organiser des débats publics, des assises nationales inclusives et les médias publics doivent être consacrés essentiellement à cette fin ; évacuer prioritairement la MINUSMA et toutes les forces étrangères stationnées sur le territoire de la République du Mali dans les délais les plus courts possibles ; passer à une toute nouvelle forme de République qui prendrait en compte les aspirations profondes du peuple du Mali.

L’Inter de Bamako: Votre dernier mot ?

Ibrahim Kébé: Le rapport de force est en marche avec la plate-forme An tè A bana dont Faso Kanu est membre, un des porte-parole de son directoire.

Camarades, tous pour chacun, chacun pour tous ! Vaincre ou périr !

Propos recueillis par Yoro SOW

 

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Merci Monsieur KEBE , vaincre ou périr , votre mot de la fin est évocateur . Les maliens sont obligés de se battre pour ne pas périr .

  2. Merci Monsieur KEBE , vaincre ou périr , votre mot de la fin est évocateur . Les maliens sont obligés de se battre pour ne pas périr .

Comments are closed.