Indicateur du Renouveau : Le budget 2015 est passé en examen à l’hémicycle, quelle a été votre appréciation ?
Honorable Mody N’diaye : Je vous remercie d’abord avant de vous expliquer les caractéristiques du budget. Il me plait de vous dire qu’en fait l’Assemblée nationale a pour mission entres autres de voter les lois et notamment les lois des finances. Elle autorise des recettes à percevoir au niveau des citoyens, des dettes et des dépenses à effectuer pour assurer l’équilibre du budget. Concernant 2015, ce qu’on peut retenir fondamentalement est que l’ensemble du budget se chiffre à 17 85 milliards de francs CFA, avec un déficit de 70 milliards et les ressources internes. Il s’agit de taxes mobilisées au niveau national qui se chiffrent environ 1000 milliards F CFA. L’apport extérieur tourne au tour de 600 milliards F CFA. C’est ainsi la caractéristique du budget qui a été soumis à l’Assemblée nationale. Mais ce qui est important dans cet exercice par rapport à l’analyse au niveau de l’Assemblée nationale était de s’assurer si les prévisions budgétaires notamment en termes de dépenses sont adossées à des politiques sectorielles clairement définis. L’importance pour un budget d’une année est de s’assurer que sa mise en œuvre va entrainer certains résultats dans les secteurs. Le deuxième aspect important est que les dépenses sont reparties entre les codes économiques dans les différents départements ministériels et organismes publics. La question fondamentale à ce niveau est la mise à disposition des moyens pour leur politique. 2015, après examen du projet gouvernemental, il révèle beaucoup d’insuffisance.
I R : De quoi s’agit concrètement ?
Honorable Mody N’diaye : Selon la constitution du Mali, le projet portant le budget du gouvernement doit être élaboré à l’équilibre. Et l’équilibre ne veut pas dire obligatoirement que les dépenses doivent être égales aux recettes. Mais si un déficit se dégage comme il est de cas dans pratiquement tout le budget, il faudra s’assurer au moment du vote que les moyens existent pour couvrir financièrement cette insuffisance. Dans le cas d’espèce, le déficit du budget 2015 est de 70 milliards F CFA. Le gouvernement nous a fait comprendre que pour couvrir ce déficit, il va recourir aux emprunts auprès du système bancaire national et international pour financer. Je crois que c’est un mécanisme qui est bien nulle et qui peut se faire très rapidement. Mais les prévisions budgétaires notamment les dépenses ne sont pas adossées à des objectifs clairs de politique sectorielle. Il s’agit des secteurs comme l’agriculture, l’énergie et la relance de l’économie. Les secteurs sont définis, mais pas avec un objectif clair à atteindre à la fin de l’année. Nous nous sommes également rendu compte qu’il y a des dépenses qui n’ont pas été prises en comptes. Parmi ces dépenses, les engagements que l’état a pris avec l’Union nationale des travailleurs du Mali. Et comme vous le savez au dernier trimestre notamment au mois de novembre l’accord a été signé et entre en vigueur depuis 2014. Ce qui veut dire qu’il y a déjà des engagements et des prévisions en 2015 que l’état doit examiner pour honorer ses promesses. Mais dans le projet 2015, il n y a eu aucune présivion pour ses engagements. L’autre aspect est les préoccupations des questions fondamentales de gouvernance. C’est-à-dire la question de sécurité et des forces armées. Vous avez tous suivi ses derniers qu’il n y a pratiquement quelques jours seulement que l’avant-projet a été étudié et adopté au niveau du conseil de défense sous la supervision du président de la République. Voilà un peu les préoccupations des citoyens qui ne sont pas proposés dans le projet 2015. Ces différents éléments nous aident à comprendre que le budget 2015 est un budget provisoire.
I R : L’honorable Mody N’diaye, le gouvernement par la voix de la ministre de l’Économie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko a fait savoir qu’il y a une croissance, que répondez-vous ?
Honorable Mody N’diaye : Pas du tout, le budget s’apprécie en termes de facilitation de la croissance lorsqu’il prend en compte les secteurs moteurs de la croissance suffisamment dopée et avec des objectifs très clairs. Vous prenez aujourd’hui le secteur privé par rapport à l’industrialisation, il n y a pratiquement pas de nouveau chantier. Les seules prévisions de dépenses d’investissement que nous avons sont celles qui sont relatives aux anciens projets en cours. C’est pourquoi nous ne sommes pas assurés par rapport à la dynamique au niveau du gouvernement pour insuffler le développement du secteur privé. Et là, c’est un problème. Parce que quand on a un objectif de croissance, c’est qu’on a un objectif d’emploi. Il faut obligatoirement que les dépenses qui doivent sous-tendre cela soient clairement identifiées dans le budget.
I R : Pourtant la ministre de la Finance a insisté une croissance de 5,8% ?
Honorable Mody N’diaye : Oui, il ya une croissance. Mais pour la relance de notre économie aujourd’hui, il faut une croissance à deux chiffres qui doivent s’établir aux moins à 10%. Or, il est prévu 5,8%. La croissance est le bon qu’on fait d’une année à une autre. Quand vous quittez d’une croissance 2% à 5% économiquement parlant, ça ne veut pas dire grande chose.
I R : Qu’est-ce qu’il faut prévoir ?
Honorable Mody N’diaye : C’est l’agriculture. Et c’est un élément qu’on ne maitrise pas. L’agriculture en tant que telle est un levier de croissance. Là où on a des ingrédients sûrs, il ne faut jamais amnistier. Les secteurs manufacturiers sont délaissés. Or ce sont des secteurs qui permettent d’avoir des emplois durables et une croissance inclusive dans le pays.
I R : Honorable Mody N’diaye, est-ce votre démarche exige une révision du projet gouvernemental?
Mody N’diaye : c’est ce qu’on a dit. Parce que, il n y a pas des objectifs très clairs à atteindre. L’inconvénient de tout ça, est que l’ambition n’est pas été adossée à un projet de société. Avant de se mettre sur un projet, il faut savoir de quoi s’agit-il. Et si vous n’avez pas ça, c’est qu’on est dans un pilotage à vue. Mais nous estimons que les réserves que nous avons formulées seront prises en compte pour plus de visibilité. Si nous continuons avec ce pilotage à vue, nous serons à mi-mandat sans réellement quelque chose de concret.
Propos recueillis par Bréhima Sogoba
Salam,
apprécié beaucoup votre analyse honorable N’diaye,cependant j’ai quelques interrogations
pourquoi avez vous vote la loi sachant qu’elle contient des insuffisances majeur pouvant la rendre nulle?
Avez vous pris le soins de faire un feed back à votre base électorale sur cette loi?
Pourquoi vous n’oblige pas le gouvernement à proposé des projets facteur de croissance réel pouvant soutenir la loi des finances?
Par ailleurs faisons une petite révision de cours d’économie
une augmentation de 3 points pour un pays en crise est énorme en terme de croissance a moins que la notion de croissance soit différente quant ont est de l’opposition ou de la majorité.
Salam
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