Dans une interview qu’il nous a accordée après la visite du comité exécutif du parti dans la section VI, l’honorable Ahamada Sougouna, député élu à Yelimané, membre du CE et de la commission de conciliation mise en place pour redynamiser le parti explique pourquoi l’Adema a rallié le parti présidentiel. Mais aussi, il revient sur les différents problèmes qu’elle traverse depuis l’élection présidentielle de 2013. Lisez plutôt.
Le Tjikan : Quel était l’objectif de cette mission ?
Honorable Ahamada Sougouna : L’objectif de cette mission, était de prendre contact avec la base pour faire le point de ce qui nous est arrivé depuis l’élection présidentielle jusqu’aux législatives localité par localité, identifier les problèmes et les solutions, permettre au parti, aux militants de se retrouver, de se réconcilier afin que l’Adema puisse rebondir.
L’objectif est de faire en sorte que lors des élections à venir, l’Adema puisse retrouver sa position d’antan qui est la première force politique du Mali. Je pense qu’avec l’engagement de tous les militants, nous y arriverons.
Quelle est votre impression après la rencontre avec la section VI ?
Je suis très satisfait à cause de la mobilisation des militants et les propos tenus. Mais aussi, à cause des membres de la direction qui sont venus nombreux à cette rencontre. Il y a plus de 10 membres du comité exécutif qui ont fait le déplacement pour prendre part à cette rencontre. Cela démontre à suffisance l’importance qu’ils accordent à ces rencontres que nous venons d’initier et surtout au niveau de la section VI qui est une section extrêmement importante pour l’ADEMA. Cette première sortie a répondu vraiment à toutes nos attentes.
Lors des échanges, on sentait que certains militants sont en déphasage avec le CE, qu’est-ce qui explique cette situation ?
Je n’ai pas ce sentiment que les militants sont en déphasage avec la direction du parti. La direction du parti n’est autre chose que ce que les militants ont voulu qu’elle soit. Peut-être qu’il ya différence d’appréciation de la situation que le parti vit aujourd’hui, peut-être qu’il ya différence de compréhension, de solution, mais je ne pense pas qu’il ya une différence fondamentale.
Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que dans toute organisation humaine, quand il ya des problèmes, on a tendance à accuser les premiers responsables de tous les maux d’Israël. Nous allons prouver à nos militants que nous pouvons changer, que c’est ensemble que nous pouvons corriger les erreurs et aller de l’avant.
Au sortir de cette rencontre, peut-on dire que désormais c’est la cohésion dans la section VI sachant bien qu’il y avait des problèmes de leadership ?
Pour être honnête, je ne peux pas dire cela, mais avec cette rencontre où les gens se sont parlé franchement, cela est encourageant.
Le comité exécutif national du parti a mis en place une commission dont je suis membre pour trouver des voies et moyens pour que les deux tendances puissent se retrouver, se parler, se pardonner et arriver au finish à la mise en place d’un bureau consensuel. Le bureau qui est mis en place est un bureau reconnu, mais nous ne pouvons pas nous satisfaire qu’une dans une section qui est composée de dix sous-sections, que le bureau de la section soit composées de six sous-sections et laisser de coté les quatre autres sous-sections. Nous allons tout faire pour mettre un terme à cette situation, c’est dans l’intérêt du parti.
Certains militants et responsables du parti ne conçoivent pas le choix de l’Adema de rallier la majorité présidentielle, comment se passe la cohabitation ?
C’est vrai que certains militants ne sont pas d’accord avec cela. Mais il nous appartient à nous d’expliquer ce choix.
Quand on sort d’une élection, il ya toujours un gagnant et un perdant. L’Adema a perdu et il fallait faire un choix, on n’avait pas le temps matériel nécessaire pour descendre à la base, ou convoquer un congrès ou une conférence nationale pour nous positionner. C’était dans le feu de l’action, c’est pourquoi, le comité exécutif national du parti a pris la décision de soutenir et d’accompagner le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta.
Il nous appartient d’expliquer ce choix à nos militants à la base. Mais rien n’est trop tard car après toutes ces tournées, s’il s’avère que la majorité des militants et des cadres sont contre, on ira vers un congrès qui prendra la décision définitive qui va engager tout le parti. Pour le moment, nous sommes obligés, de façon pédagogique, d’expliquer ce choix aux militants. Ce choix est aussi conforme à ce qui se passait dans le pays car dès le premier tour de l’élection présidentielle, la majorité des militants de l’ADEMA-Pasj ont voté pour Ibrahim Boubacar Keita, au second tour c’était la même chose. Et c’est une réalité. Est-ce-que cela a été un bon choix ? Cela est un autre débat, mais en tout état de cause, nous sommes obligés d’expliquer aux militants ce qui a milité pour ce choix, le contexte dans lequel cela a été fait.
Quelles sont aujourd’hui vos relations avec l’honorable Mahamadou Hawa Gassama , un autre député de Yélimané que vous avez longtemps combattu ?
Mes relations avec l’honorable Mahamadou Hawa Gassama sont bonnes. Cependant, il faut reconnaitre qu’après la création de l’URD, nous étions en opposition sur plusieurs points. Aujourd’hui, nous sommes en alliance localement à Yelimané. Ce sont les deux structures qui en ont décidé. C’était dans le cadre du FDR car après le coup d’Etat, la classe politique s’est divisée en deux : ceux qui ont condamné le coup d’Etat et ceux qui l’ont applaudi
Il se trouve que l’ADEMA et l’URD faisait partie de ceux qui l’ont condamné et exigé le retour à l’ordre constitutionnel. Donc dans le cadre de ce regroupement politique, nous avons travaillé ensemble, l’objectif étant de favoriser les candidats issus du FDR. Donc l’alliance entre l’Adema et l’Urd à Yelimané a eu lieu dans ce cadre là. Arrivé à la base, c’est l’explication que nous avons donné à nos deux sections qui l’ont entériné. Car nous avions signé un accord dans le cadre du FDR pour dire que le candidat de ce regroupement qui viendrait au second tour bénéficierait du soutien des autres. Nous n’imaginions pas que l’ADEMA ne serait pas au second tour. Car on était convaincu que nous serons au second tour. Un homme n’a de valeur qu’à travers le respect de la parole donnée. C’est pourquoi, nous sommes restées sur cette ligne. Nous avons suivi la même logique lors des élections législatives.
Propos recueillis par Georges Diarra