La pathologie est responsable de 75% des cas de cancer de foie dans le monde.
Les statistiques fournies par les gastro-entérologues sur l’hépatite B font froid dans le dos. Le Pr Anselme Konaté, gastro-entérologue au centre hospitalo-universitaire (CHU) : Gabriel Touré rappelle qu’il existe les hépatites A, B, C, D et E. Le spécialiste de Gabriel Touré définit l’hépatite comme une inflammation du foie, pouvant être consécutive à une agression par un agent qui peut être un virus. Les médecins parlent alors d’hépatite virale. Lorsque l’agression est liée à l’alcool, on parle d’hépatite alcoolique. Dans les cas d’hépatite médicamenteuse, l’agresseur est un médicament. La graisse et les maladies de surcharge comme l’excès de fer, peuvent être à l’origine de la maladie. Les virus de l’hépatite B, C et D peuvent évoluer vers la chronicité et progresser vers la cirrhose voire le cancer du foie qui reste redoutable. Mais les virus de l’hépatite A et E ne peuvent pas évoluer vers la chronicité.
Le gastro entérologue Pr Anselme Konaté précise que les différents virus peuvent donner une hépatite fulminante. A ce niveau les chances de survenue sont de 1 pour 1000. Les statistiques sur l’hépatite B sont inquiétantes. Selon l’organisation mondiale de la santé, plus de 2 milliards d’individus sont infectés par le virus de l’hépatite B. Parmi eux, 450 à 600 millions sont des porteurs chroniques qui vont évoluer vers des complications de type cirrhose ou cancer de foie. A en croire le Pr Anselme Konaté, le virus de l’hépatite B est la 3è cause de cancer dans le monde. Dans 75% des cas de cancer de foie, l’hépatite B est responsable. Notre pays n’est pas en marge de ce tableau épidémiologique. Le toubib de Gabriel Touré relève à cet effet que la prévalence de porteurs chroniques du virus de l’hépatite B chez la population générale, est estimée entre 15 et 20%. 650 000 à 1, 5 million de personnes feront la maladie.
DEUX FORMES. En outre le Pr Anselme Konaté souligne que selon une étude menée à l’hôpital Gabriel Touré, 21% des femmes enceintes portent le virus de l’hépatite B et dans 43% des cas les enfants sont contaminés par leurs mères. Une autre étude révèle que la prévalence de la co-infection Vih/Hépatite B (deux virus qui partagent les mêmes modes de transmission), est de 22%. Les spécialistes s’accordent sur une réalité. Dans 90% des cas, l’hépatite B est asymptomatique, c’est-à-dire évoluant sans signes cliniques et dans le reste des 10% de cas il y a des manifestations symptomatiques. Le gastro entérologue énumère deux formes d’hépatite B. La forme aiguë se manifeste par l’apparition d’une grande fatigue, de maux de tête, de douleurs articulaires, parfois d’un urticaire, d’une hépatomégalie (augmentation de la taille du foie). Les urines peuvent être foncés avec une perturbation du bilan de hépatite et la sérologie du virus devient positive. Dans la forme chronique, il n’y a pas de manifestations cliniques en dehors de quelques grandes douleurs articulaires, d’une perturbation du bilan de l’hépatite. Le spécialiste explique que la maladie se transmet par différents modes.
La transmission par le sang ( le premier mode) et par des produits dérivés du sang. A ce niveau, il y a la transfusion sanguine, mais les risques sont minimisés à ce niveau. L’hépatite peut se transmettre par l’excision ou la circoncision avec du matériel souillé, le piercing (percer l’oreille par exemple), le tatouage et l’acupuncture, avec du matériel contaminé. L’hépatite B est une maladie sexuellement transmissible, qui touche une population jeune sexuellement active. Il y a aussi la transmission verticale de la mère à l’enfant. Une femme enceinte infectée par le virus de l’hépatite, peut transmettre la maladie à son enfant. Et dans 90% des cas le bébé contaminé va évoluer vers la chronicité. Enfin, il y a le mode de transmission horizontal comme par exemple, le fait de partager des objets souillés : les mêmes brosses à dents, les rasoirs. Le Pr Anselme Konaté note particulièrement la résistance du virus de l’hépatite. Il est très résistant et peut résister à une température de 60 degrés pendant 10 heures de temps. Il faut donc bannir certaines pratiques de nos habitudes. L’hépatite B est une maladie redoutable qui doit être pris en charge dans les cas de co-infection. La personne vivant avec le Vih doit aussi bénéficier de la prise en charge de l’hépatite.
Anselme Konaté note l’urgence et la nécessité de prendre en charge les deux pathologies chez les personnes atteintes de co- infection. Environ 90% de nos compatriotes ont déjà été au contact du virus de l’hépatite et certains arrivent à contenir le virus. Dans cette situation il ne sert à rien de vacciner la personne. Il est important de dépister d’abord pour s’assurer que la personne n’a jamais été en contact avec le virus de l’hépatite et de vacciner ensuite pour protéger. En effet le vaccin est très efficace. Le Pr Anselme Konaté reconnaît dans la situation actuelle, on a l’impression qu’il y a un désert thérapeutique. Il n’existe pas un programme national de lutte contre l’hépatite B, mais les efforts de l’Association SOS Hépatite Mali ont permis de prendre en charge quelques personnes atteintes d’hépatite par le département de la Santé. Il n’y a que 83 personnes qui ont bénéficié de ce traitement. Dans la phase aiguë de l’hépatite, le traitement est contre indiqué. Dans la phase chronique, le spécialiste évalue mais dans les deux cas la vigilance reste de mise. L’hépatite est une préoccupation de santé publique dans le monde. Elle a été indiquée en 2010 comme la quatrième priorité de santé publique après le Vih/sida, la tuberculose et le paludisme.