Depuis la signature de l’accord par la Cma, le Comité de suivi devrait être mis en place. Mais on voit que les choses ne bougent pas…
Hassane Ag Mehdi : Moi, je pense que par rapport à la mise en place du Comité de suivi, tout le monde est en train d’œuvrer en vue de trouver une solution et de dépasser les différents blocages qui existent. Vous savez, le Comité de suivi est un comité très délicat, sa mise en place a besoin de réflexions et de prudence. C’est grâce à ce Comité que tout le monde va se sentir concerné par l’accord. Toutes les parties prenantes à la crise seront suivies pour que cet accord ne soit pas comme les anciens accords. Parce que pour nous, cette fois-ci, il nous faut un accord définitif. C’est dans ce cadre qu’il y a eu de petits blocages qui ne sont pas réellement des blocages. La communauté internationale est en train de se concerter avec le gouvernement malien pour préparer la mise en place de ce Comité. Les travaux étaient suspendus et doivent reprendre à partir du 20 juillet, c’est-à-dire le premier lundi après le mois de Ramadan.
Êtes-vous optimiste quant à la date du 20 juillet pour aplanir les difficultés ?
Je crois que ce qui doit nous animer aujourd’hui, c’est la détermination à aller vers la paix, à faire quelque chose de concret, à repartir sur une fondation saine et solide. C’est une fondation en acier qui ne nous permet pas demain de revenir et de rebâtir le même mur que nous sommes en train de bâtir aujourd’hui. Aujourd’hui, ce dont le Mali a besoin, ce n’est pas de beaucoup de réunions. C’est d’arriver à un stade où chacun se dit la vérité. Que chacun se mette en tête que ce que nous sommes en train de bâtir, si nous ne le bâtissons pas sur une réalité, si tout le monde ne sent pas concerné, là, nous sommes en train de faire des efforts vains. Dans cet accord, il faut que tout le monde se sente concerné, sente qu’il est dans son pays et apporte sa pierre à la construction de ce pays, parce que le Mali a besoin de tout le monde.
Vous avez 2211 combattants et vous voulez les cantonner alors que le Comité de suivi ne fonctionne pas. Comment ?
Je crois que la détermination que je suis en train de prendre vis-à-vis de la communauté internationale et du gouvernement malien me pousse à ne pas être pressé dans ce que je fais. Ce qui est sûr, je suis à mon 9ème mois dans ce travail, dans cette démarche. Mais je pense aujourd’hui qu’il est temps qu’on arrête les scénarii ; qu’aujourd’hui, toute personne qui a quelque chose, qu’il la présente. Nous avons quelque chose de concret. Nous avons demandé non pas des sites de cantonnement, mais des sites de regroupement pour mettre nos combattants à la disposition de l’accord. C’est dans ce cadre qu’on a demandé les 4 sites : Tinakour, Ménaka, Agoufou et Goundam dans la région de Tombouctou.
Avez-vous des combattants dans ces localités ?
Dans toutes ces localités, nous demandons des sites de regroupement. Ça veut dire que nous avons de quoi y regrouper. C’est une réponse automatique.
Vos combattants ne seront pas les seuls sur ces sites, quand même ?
Moi, je pense que quand on parle d’un site de regroupement ou d’un site de cantonnement, on parle de la paix d’abord et il y a le souci du partage qui est là. Dans un site, on peut regrouper beaucoup de gens. Beaucoup de mouvements peuvent se retrouver sur un même site. S’ils vont vers la paix et vers la réalité, ils sont obligés de se partager la salle, les plats… Pour nous tous les sites, qui nous seront ouverts, seront à tous les autres mouvements.
Mais que dit l’accord en ce qui concerne ce cantonnement ?
Dans l’accord, beaucoup de choses sont prévues après le cantonnement, même avant le cantonnement. L’aspect le plus important et urgent, pour moi, c’est l’aspect sécuritaire qui peut permettre aux populations réfugiées de revenir. Il faut qu’on créer le minimum de sécurité ; il faut sécuriser les réfugiés avant de les ramener.
Ça veut dire qu’il va y avoir une unité pour le retour des réfugiés et déplacés ?
Normalement. Dans le cadre des pourparlers qui ont été faits, il était prévu qu’il y ait des unités spéciales mixtes qui créent la confiance. Quand vous avez des unités mixtes dans lesquelles tout le monde se trouve : l’armée malienne, les mouvements, la Minusma, Barkhane, ça va créer de la confiance et ça va rassurer.
Ça sera pour combattre les terroristes ?
C’est pour combattre toute personne qui va essayer de toucher à l’intégrité territoriale et qui va nuire à la paix que nous sommes en train de construire.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a des menaces à Bamako. Quel commentaire en faites-vous ?
Je pense que la sécurité de Bamako, Sikasso, Ségou, relève du citoyen malien. Par rapport à ce qui se passe à Bamako, je ne suis pas bien renseigné. Je me suis investi d’une mission : aider le pays dans le cadre de la mission qu’on m’a confiée. Celle de retrouver l’application d’un accord qui est fait ; de réfléchir et de trouver une solution ensemble à ce fléau qu’est l’insécurité.
Avez-vous un message ou un appel ?
Mon appel va à la communauté internationale, plus particulièrement au médiateur. Que la communauté internationale ne se laisse pas emporter par des rumeurs et qu’elle comprenne aujourd’hui que pour que sa mission réussisse, il faut qu’elle soit impartiale et qu’elle fasse en sorte que tous les Maliens soient concernés par ce processus. Ce processus doit être bâti par tous, et il doit inclure tout le monde. Et comme je l’ai dit, que personne ne prenne en otage cet accord. Celui qui le prend en otage, nous prend en otage, prend notre vie en otage, prend l’avenir de notre pays en otage. Nous sommes prêts à aider et à contribuer à la reconstruction du Mali.
Kassim TRAORE
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Cet accord est tellement fragile que je doute de sa faisabilité; pour que accord soit une réalité, il faut que tous les acteurs impliqués soient au même diapason, aux mêmes objectifs, sinon se serait le KO.
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