Hamane Niang a été élu président de la Fédération internationale de basket-ball (FIBA), le 29 août à Pékin, peu avant le début de la première Coupe du monde masculine à 32 équipes. L’ex-ministre de la Jeunesse et des sports du Mali et désormais ancien patron du basket africain évoque pour rfi.fr sa fierté d’être à la tête de la FIBA ainsi que ses ambitions pour le ballon orange. Entretien.
RFI : Hamane Niang, vous êtes le nouveau président de la Fédération internationale de basket-ball (FIBA). Diriger la FIBA, était-ce un vieil objectif ou ce projet a-t-il mûri dans votre esprit avec le temps ?
Hamane Niang : Franchement, c’est un projet qui a mûri au fil du temps. J’étais loin de m’imaginer que je deviendrais président de FIBA. Mais il faut jeter un regard sur mon passé. Il y a eu le management de club et celui de la Fédération malienne de basket-ball. Il y a eu mon passage au ministère de la Jeunesse et des sports du Mali durant quatre années. Je suis également passé par les différentes instances de FIBA Afrique avant de diriger FIBA Afrique pendant cinq ans. Donc, se retrouver aujourd’hui président de FIBA, je pense qu’on peut dire que c’est un parcours normal. Mais ce n’était pas évident, avant.
Quelles seront les priorités de la FIBA, durant votre mandat (2019-2023) ?
[…] Au cours du Congrès qui s’est tenu en Chine, les 29 et 30 août 2019 à Pékin, nous avons défini les piliers de notre action, en accord avec les 156 fédérations présentes. […]
Les piliers les plus importants que nous pouvons retenir s’articulent autour du développement des fédérations. Elles sont au cœur de notre politique de développement. Nous voulons des fédérations fortes. Car pour booster le basket dans le monde, il faut qu’on ait des associations faitières très fortes. C’est ce que nous avons commencé à faire dans le cadre du projet « One FIBA ». Et cette politique va continuer et se renforcer. […]
Le deuxième axe non moins important concerne le genre. Les femmes vont être au cœur de notre politique stratégique. Nous voulons des femmes à tous les niveaux du basket-ball, pas seulement en tant que joueuses : des arbitres, des officielles techniques, des fans, ainsi que dans nos organisations. On veut que les choses bougent en matière de représentativité des femmes dans toutes les structures du basket-ball, du parquet jusqu’aux instances mondiales.
Le troisième volet majeur est de faire de la FIBA une grande famille, solide et solidaire. Une famille élargie aux quatre coins du monde. On veut que le basket devienne une grande communauté mondiale. Pour cela, nous avons encore besoin de nous ouvrir. […]
Comment jugez-vous la situation actuelle du basket-ball, dans le monde ?
Si on jette un regard à la Coupe du monde qui se déroule actuellement en Chine, on peut dire sans se tromper que le basket-ball évolue dans le bon sens. La compétition rassemble 32 équipes qui sont réparties sur huit villes. Tout ça donne davantage de couleurs, de puissance, de fans, de visibilité, à cet événement. Nous avons une très bonne qualité de jeu durant cette compétition. C’est tout bénéf’ pour le basket-ball.
Si on observe la situation globale du basket-ball, on constate par ailleurs l’ouverture de nouvelles ligues professionnelles. En Afrique, après le succès de l’AfroLeague en 2019, la Basketball Africa League (BAL) va bientôt s’ouvrir en collaboration avec la NBA, pour le bonheur des jeunes joueurs africains. […] La même dynamique nous amène aux Amériques. En plus des ligues pros déjà existantes, il va y en avoir une nouvelle lancée par la FIBA et qui concerne les clubs sud-américains. En Asie, on va également créer une nouvelle ligue professionnelle. Et, bien sûr, en Europe, il y a depuis quelques années la Basketball Champions League (BCL), une compétition qui suit son chemin et qui prend de la valeur.
[…] Je pense qu’on est en droit de dire qu’on se porte mieux. Mais on peut encore mieux faire. On fera tout, en tout cas, pour porter haut le basket-ball, dans le concert du monde sportif.
En tant que président de la FIBA Afrique, vous avez œuvré à une collaboration très active entre la FIBA et la NBA, à travers notamment la création de la Basketball Africa League. Souhaitez-vous que ce type de collaboration devienne plus courant, à travers le monde ?
Oui. La NBA est un modèle exportable. Ils ont porté haut le basket-ball, à travers le monde entier. Ils disposent d’une expertise avérée. Je pense que la collaboration FIBA-NBA est toute bénéf’. Je souhaite vivement qu’elle puisse se poursuivre.
Puisqu’on parle de la NBA, êtes-vous surpris que de nombreux joueurs américains de cette ligue aient refusé de défendre les couleurs du Team USA durant la Coupe du monde ?
Surpris, oui. On s’attendait à la présence des stars de la NBA. Mais, si on jette un coup d’œil aux parquets en Chine, on se rend compte que c’est une aubaine pour certaines stars […] qui ont toute la possibilité d’étaler leurs talents.
La qualité de jeu de certaines équipes est là. On ne peut pas dire que le niveau de jeu est bas, en Chine. Le niveau de jeu a augmenté, grâce à la présence de ces stars non-Américaines évoluant en NBA. Sans oublier les stars qui jouent sur leur continent. Je pense qu’on doit beaucoup plus insister sur cet aspect-là.
Comment l’ex-patron de la FIBA Afrique que vous êtes juge-t-il le parcours des équipes africaines durant ce Mondial 2019, toutes éliminées dès le premier tour ?
On a un pincement au cœur lorsqu’on voit tout le potentiel qu’on avait… On croyait dans le fait que des équipes africaines pouvaient franchir le cap de second tour. Mais ça n’a pas été le cas. C’est le sport… Il faut en tirer les enseignements.
Il reste quelques jours de compétition pour que les cinq équipes africaines présentes en Chine se départagent et pour qu’on puisse ainsi connaître le qualifié du continent aux prochains Jeux olympiques. Ça s’annonce très serré lorsqu’on regarde les résultats de la Tunisie et du Nigeria.
Mais, bien sûr, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, l’Angola et le Sénégal, on peut dire qu’il y a quand même un peu de regrets. On y croyait beaucoup.
Cette Coupe du monde en Chine doit donner matière à réfléchir en Afrique. Il faut aussi continuer à travailler car seul le travail paye. En continuant à travailler, je reste persuadé que l’Afrique peut jouer un rôle important lors des Jeux olympiques 2020 de Tokyo et, pourquoi pas, préparer d’une autre manière la Coupe du monde 2023 qui aura lieu au Japon, en Indonésie et aux Philippines.
Source: http://www.rfi.fr